Le Temps

Les arguments contre la 13e rente contestés

Chiffres et données économique­s à l’appui, l’Union syndicale suisse a voulu démontrer hier à Berne que la mesure est finançable et en a profité pour tacler ses opposants

- ANNICK CHEVILLOT, BERNE @chevillot_a

La campagne sur la 13e rente AVS s’électrise. La tension monte à trois semaines de la votation sur le sujet. Rien d’inhabituel lorsque le peuple doit s’exprimer sur un sujet émotionnel. Les deux camps s’accusent par médias interposés de jeter de l’huile sur le feu, tout en jouant avec leurs propres allumettes.

Dernier exemple en date: hier matin à Berne. L’Union syndicale suisse (USS) s’est livrée à un exercice de fact checking sur les effets financiers de la 13e rente. But avoué: contrer les arguments de ses adversaire­s. A la manoeuvre, le président du syndicat, Pierre-Yves Maillard: «Nous avons décidé d’effectuer cet exercice, parce que la campagne se dramatise. On ne doit pas effrayer les gens en leur faisant croire que ce n’est pas finançable.» Le politicien vaudois estime que les opposants à l’initiative «sèment la peur sur l’avenir du système des rentes, divisent la population en catégories – femmes-hommes, jeunes-anciens, Suisses-étrangers – et entretienn­ent la confusion sur l’état des finances de l’AVS. Et on sait bien que lorsque la confusion règne, les gens ont tendance à voter non à un objet».

«Rassurer, rassembler, éclairer»

Pour contrer cette stratégie, l’USS tient à «rassurer, rassembler et éclairer». Rassurer sur les finances de l’AVS: elles vont bien et devraient enregistre­r «une très bonne année 2023», selon le syndicalis­te [les résultats financiers de l’AVS seront présentés le 20 février, ndlr]. Rassembler parce que l’AVS bénéficie à tous. Et, enfin, éclairer le débat en apportant des éléments factuels.

Ces derniers ont été réunis dans quatre documents dont le but est de «répondre aux solutions récentes soudaineme­nt évoquées dans le débat public, relève Gabriela Medici, première secrétaire adjointe à l’USS. Le constat est sans appel. Sachant par exemple que neuf couples mariés sur dix perçoivent déjà la rente maximale possible, seule une augmentati­on générale des rentes AVS résoudrait le problème actuel», d’inflation et pas une action ciblée pour les plus précaires. Pour elle, «il est faux d’affirmer que la 13e rente crée plus de problèmes qu’elle n’en règle».

«Nos évaluation­s montrent qu’une 13e rente est plus avantageus­e qu’un 3e pilier» DANIEL LAMPART, ÉCONOMISTE EN CHEF DE L’UNION SYNDICALE SUISSE

Pour Daniel Lampart, premier secrétaire et économiste en chef à l’USS, «le 3 mars, les Suisses ont le choix entre une 13e rente ou une solution privée. Nos évaluation­s montrent qu’une 13e rente est plus avantageus­e qu’un 3e pilier». Et de citer l’exemple des jeunes de 25 ans aujourd’hui avec un revenu moyen. «Ces derniers devraient verser durant toute leur carrière une trentaine de francs par mois pour recevoir 220 francs de rente supplément­aire une fois à la retraite, ajoute l’économiste. La prévoyance privée leur reviendrai­t à près de 100 francs par mois.»

Tous les arguments chiffrés pointent néanmoins vers un autre fait: il faudra financer la 13e rente. L’USS le reconnaît sans peine, sans préciser le moment où il sera nécessaire d’introduire une hausse des cotisation­s salariales: «La 13e rente va coûter quelque chose, mais vous n’allez par le remarquer», promet Daniel Lampart.

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