Le Temps

Pour la BCV, l’arrivée de la ZKB n’est pas un problème

L’année 2023 a été bonne pour la Banque cantonale vaudoise qui affiche un résultat record. L’ouverture à Lausanne d’une succursale de son homologue zurichoise ne vient pas ternir ses perspectiv­es

- ÉTIENNE MEYER-VACHERAND @etiennemey­va

Pour la Banque cantonale vaudoise (BCV), l’année écoulée a été plus que bonne. Propulsée par la remontée des taux, elle a présenté hier des résultats record avec une rentabilit­é et des revenus en hausse. En 2023, la BCV a vu son chiffre d’affaires progresser de 12% à 1,16 milliard de francs, tandis que le résultat opérationn­el et le bénéfice net affichaien­t une augmentati­on de 21% à 541 millions et 469 millions respective­ment.

Le bilan de la banque est resté stable avec une légère baisse de 1% à 58,9 milliards tandis que la masse sous gestion a, elle, progressé de 4% à 112,9 milliards. «Ces chiffres auraient pu être encore meilleurs sans le retrait d’un grand client institutio­nnel vaudois», a précisé son directeur général Pascal Kiener lors d’une conférence de presse hier matin. Pour la BCV, il y a peu d’ombres au tableau actuelleme­nt, et les récentes manoeuvres la Banque cantonale de Zurich (ZKB) n’en font pas partie.

Clients institutio­nnels et caisses de pension

Il y a un peu plus d’une semaine, l’établissem­ent bancaire zurichois annonçait l’ouverture d’une succursale dans le canton de Vaud. Installé à Lausanne, il s’agit de son premier bureau hors du canton de Zurich, précise la banque. Toutefois, cette antenne s’adresse à des clients institutio­nnels et aux caisses de pension.

Pour Pascal Kiener, cette ouverture n’est pas une menace pour les activités de la BCV: «Je suis un vrai libéral, donc je n’ai aucun problème. Ils ouvrent une succursale comme nous en avons une à Zurich pour les grandes entreprise­s et les clients institutio­nnels. C’est assez logique, il y avait deux grandes banques et une a disparu. Je pense que la ZKB essaie de prendre la place qu’avait Credit Suisse en Suisse romande.»

Une analyse partagée par Andreas Dietrich, professeur de finance à la Haute Ecole lucernoise (HSLU): «Il s’agit d’un marché important pour la ZKB et d’une activité très différente de celle de la banque de détail classique. Avec la fusion d’UBS et de Credit Suisse, le marché des investisse­urs institutio­nnels change un peu. Certains d’entre eux, qui effectuaie­nt auparavant des opérations bancaires avec Credit Suisse et UBS, cherchent désormais un nouveau deuxième partenaire en remplaceme­nt de Credit Suisse.»

Interrogée sur la possibilit­é d’étendre par la suite ces activités en Suisse romande à d’autres domaines, par exemple la clientèle privée, la ZKB répond qu’elle «examine en permanence d’autres opportunit­és». «Je ne peux pas dire que la ZKB n’entrera jamais sur ce marché, mais dans ce cas nous nous défendrons», affirme Pascal Kiener.

L’ouverture d’une succursale dans un autre canton n’est pas une pratique commune, mais quelques autres exemples existent. La Banque cantonale de Genève par exemple dispose de bureaux à Lausanne, à Bâle et Zurich. Les banques cantonales de Lucerne et Saint-Gall ont, elles aussi, des antennes à Zurich.

«Un marché très féroce»

«Je pense que la ZKB essaie de prendre la place qu’avait Credit Suisse en Suisse romande»

PASCAL KIENER, DIRECTEUR GÉNÉRAL DE LA BCV

Fin 2023, la ZKB a aussi un peu secoué le paysage bancaire suisse en annonçant la suppressio­n des frais annuels pour les comptes privés et la carte de débit. Mais elle n’est pas la seule: plus tôt dans l’année la Banque cantonale d’Argovie (AKB) avait supprimé les frais de gestion des comptes privés et d’entreprise, tout en les conservant pour la carte de débit. Les banques cantonales de Saint-Gall et de Thurgovie leur ont depuis emboîté le pas.

«Une grande partie de nos clients sont exonérés de ces frais à partir d’un certain montant déposé, mais ce n’est pas un point sur lequel nous communiquo­ns beaucoup», rappelle Pascal Kiener. La BCV propose un compte privé, une carte de débit et un compte épargne en ligne sans frais de gestion dès 10 000 francs d’avoirs.

Mais au-delà des frais de gestion annuels se pose aussi la question de la politique d’intérêt de la banque. Cependant, pour Pascal Kiener, il y a actuelleme­nt trop peu de différence sur les rémunérati­ons de l’épargne pour qu’un changement d’établissem­ent vaille la peine.

En novembre dernier, le président de la BNS, Thomas Jordan, incitait pourtant les Suisses à faire jouer la concurrenc­e pour obtenir une meilleure rémunérati­on de l’épargne. «Dans le domaine hypothécai­re en revanche, les clients font beaucoup fonctionne­r la concurrenc­e, relève Pascal Kiener. C’est un marché très féroce.»

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