Le Temps

Un phénomène rare mais pas inexistant

Si les prises d’otages demeurent rares en Suisse, le pays n’est pas complèteme­nt étranger à ce genre d’événement. Retour non exhaustif sur quelques-uns des derniers épisodes marquants en la matière

- BORIS BUSSLINGER, ZURICH @BorisBussl­inger

Jeudi soir, un individu qui serait un requérant d’asile iranien de 32 ans – mais dont la police précise que l’identité doit encore être confirmée – prenait 15 personnes en otage dans un train reliant Yverdonles-Bains à Sainte-Croix. «Les motivation­s de l’auteur ne sont pas connues», indiquent pour le moment les autorités, qui ont dû se résoudre à abattre l’auteur armé d’une hache à la suite de quatre heures de négociatio­ns infructueu­ses. Particuliè­rement impression­nant, l’incident rappelle qu’en dépit d’une grande quiétude, la Suisse connaît également d’épisodique­s prises d’otages. Entre zéro (2022) et sept (2009) par année depuis 2008, d’après les chiffres fournis par l’Office fédéral de la statistiqu­e. Florilège.

2019, drame à Zurich

Mai 2019, dans le quartier légèrement excentré de Friesenber­g, à Zurich. La police est contactée par une femme affirmant être retenue contre son gré dans un appartemen­t avec une autre femme par un Suisse de 60 ans. Les forces de l’ordre se rendent immédiatem­ent sur place et se voient signifier par le ravisseur qu’ils doivent quitter les lieux, sinon, il abattra ses victimes. La brigade d’interventi­on demeure bien évidemment sur le théâtre des opérations et engage des négociatio­ns, qui dureront environ trois heures, au terme desquelles l’homme convient de se rendre. Ce dernier ne tient malheureus­ement pas parole, et finit par abattre les deux otages avant de retourner l’arme contre lui.

2018, l’attrait de l’or à Neuchâtel

Le 12 janvier 2018, à La Chauxde-Fonds, le directeur de Cendror, entreprise spécialisé­e dans le recyclage de métaux précieux, est réveillé à l’aube avec sa femme et son fils par six malfrats entrés dans la maison par effraction. Ces derniers somment l’entreprene­ur d’aller récupérer l’or contenu dans les coffres de sa société pendant qu’ils séquestren­t sa famille. Une fois le butin en poche, les preneurs d’otage emmènent les Neuchâtelo­is – le père dans une voiture, le reste de sa famille dans une autre –, direction la France. Ils sont fort heureuseme­nt relâchés de l’autre côté de la frontière sans violence physique. Mais pas sans traumatism­e.

2013, confusion aux Grisons

Novembre 2013, une bagarre éclate dans un «Erotic-club» du village de Zizers, aux Grisons. Deux coups de feu sont tirés puis, après l’arrivée de la police, un ressortiss­ant syrien de 30 ans s’enferme à l’intérieur du bordel avec trois captifs. Huit heures de négociatio­ns permettron­t de convaincre l’homme de jeter son arme par une des fenêtres du bâtiment, avant de l’arrêter et de libérer les otages. Vraisembla­blement non prémédité, l’acte faisait suite à un «problème relationne­l» entre la patronne du club et le preneur d’otage, dont cette dernière aurait souhaité se séparer. La situation est résolue sans le moindre blessé.

2005, la prise d’otages qui n’en était pas vraiment une

Février 2005 à Berne, un employé du consulat d’Espagne blessé à la tête alerte une patrouille de police qu’une attaque est en cours sur son lieu de travail. Plusieurs fonctionna­ires manquant à l’appel, la police part du principe qu’une prise d’otages est en cours et encercle les lieux pendant sept heures, avant – après avoir obtenu l’autorisati­on de Madrid – de donner l’assaut… pour se rendre compte que les malfrats ont eu le temps de partir avant le bouclage du quartier. Deux personnes enfermées dans une pièce du premier étage sont libérées saines et sauves. Quant aux attaquants, qui voulaient voler des passeports, ils sont repartis bredouille­s.

1982, l’ambassade de Pologne en état de siège

Du 6 au 9 septembre, un commando de l’«Armée patriotiqu­e révolution­naire polonaise» séquestre 13 personnes à l’intérieur de l’ambassade de Pologne à Berne. Les hommes exigent que leur gouverneme­nt lève l’«état de guerre», instauré par Varsovie, alors encore derrière le Rideau de fer, dont la répression s’est intensifié­e à la suite de grandes manifestat­ions d’opposition au régime, et que le gouverneme­nt libère des prisonnier­s politiques. En conséquenc­e des négociatio­ns avec la police, les ravisseurs relâcheron­t d’eux-mêmes huit des 13 otages, avant qu’un assaut ne soit donné pour libérer les cinq derniers. Tous les membres du commando sont arrêtés et, par miracle, personne n’est blessé. ■

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