Petits formats pour grandes réflexions
«Qu’est-ce que ça change?», nouvelle collection des Editions Labor et Fides, entend donner matière à réfléchir de façon accessible
Trois petits livres aux couleurs franches, c’est la première fournée de la collection «Qu’est-ce que ça change?» aux Editions Labor et Fides. Conçue par Marion Muller-Colard, directrice de la maison depuis août 2022, «Qu’est-ce que ça change?» propose à des chercheuses, des écrivains, des spécialistes d’aborder une thématique à l’attention d’un large public. «Il y a quelques années, j’ai enseigné la philosophie à des jeunes et pour éviter de s’égarer dans l’abstraction, pour ancrer la discussion dans le concret, je leur posais toujours la question «qu’est-ce que ça change?», explique l’éditrice. L’idée est aussi de demander aux auteurs de ne pas s’adresser à leurs pairs mais à un auditoire élargi, de recréer en quelque sorte le forum où circulent des lecteurs curieux mais non spécialistes.»
Dans Le cerveau, qu’est-ce que ça change?, le romancier Alexis Jenni relate avec une précision saisissante l’attaque cérébrale mineure qu’il a subie il y a peu. Le lecteur assiste aux premières loges à la tempête neuronale en cours et aux modifications de la réalité qu’elle entraîne. «Savoir que l’on a un cerveau, qu’est-ce que ça change? Cela nous oblige à renoncer à cette confortable illusion de l’évidence de la perception, et à l’innocence de l’être-au-monde. On ne peut plus croire que les yeux sont des fenêtres aux vitrages propres, auxquelles le moi-pensant serait négligemment accoudé pour observer le spectacle du dehors. Le cerveau, c’est ce dont dépend notre pensée.»
Promesses de la vie
Le pédopsychiatre François Ansermet, professeur honoraire aux universités de Lausanne et Genève, chercheur en clinique périnatale et en procréations médicalement assistées, s’attelle à L’origine. Dans une période qui est prompte à assigner et à réduire les êtres à leurs origines, le texte de François Ansermet permet d’écarter les oeillères et de faire circuler la pensée: «L’origine… et alors? Le changement est bel et bien l’enjeu. A chacun de changer au-delà de son origine, même si on ne peut pas changer d’origine. A chacun son devenir, par-delà l’origine. Tel est le pari dont il s’agit de se faire responsable.»
La directrice de la collection est la philosophe Carole Widmaier, qui s’empare de La promesse, «puissance de lien ou d’enfermement?», sous la forme d’un stimulant parcours entre histoire morale et philosophie. La promesse comme tentative de transformer l’espoir en sécurité; la promesse comme acte de confiance mais aussi comme pathologie de la mémoire. Avant de proposer des pistes pour qu’aux promesses de la vie fassent écho les promesses du monde, pour que nous puissions parler la langue de la promesse, notre attention doit se porter sur ce qui circule entre les êtres, ce qui entre eux se communique, ce à quoi notre propre sensibilité peut répondre.» Les prochains titres de la collection, lancée dans le cadre du centenaire de Labor et Fides, porteront sur la maternité, la ferveur, la vie, la naissance.
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