Le monde a les yeux rivés sur Rafah, dernier refuge palestinien
Le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, a promis une évacuation sécurisée aux civils avant l’assaut. Le Hamas a prévenu que cette offensive torpillerait un accord sur les otages. Plusieurs pays redoutent de graves répercussions humanitaires
Le Hamas a averti dimanche qu’une offensive militaire israélienne contre Rafah, la ville du sud de la bande de Gaza où sont réfugiés des centaines de milliers de civils, anéantirait les espoirs de libération des otages détenus sur le territoire palestinien. Plusieurs pays ont mis en garde contre une «catastrophe humanitaire» en cas d’assaut sur la ville surpeuplée alors que le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, continue de considérer Rafah comme la prochaine cible prioritaire de l’armée.
«La victoire est à portée de main. Nous allons le faire. Nous allons prendre les derniers bataillons terroristes du Hamas et Rafah, qui est le dernier bastion», a déclaré sur la chaîne ABC News le premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a ordonné à l’armée de préparer une offensive sur la ville.
Combats à Khan Younès
Israël assurera «un passage sécurisé à la population civile pour qu’elle puisse quitter» la ville avant l’assaut, a-t-il ajouté, sans préciser où les civils pourraient se réfugier.
«Je ne sais pas où nous irons» en cas d’offensive, a témoigné Farah Muhammad, qui a fui la ville de Gaza, dans le nord du territoire. «Il n’y a plus d’endroit pour s’échapper, les routes sont dangereuses et la mort est partout», a témoigné cette mère de cinq enfants, qui a perdu tout contact avec son mari depuis un mois.
Les combats se poursuivaient dimanche à quelques kilomètres au nord, dans la ville en grande partie détruite de Khan Younès, où l’armée israélienne traque les combattants du Hamas depuis plusieurs semaines. L’armée a indiqué qu’elle «continuait à éliminer des terroristes et conduire des opérations ciblées dans l’ouest» de la ville. Elle a diffusé des images montrant des soldats à pied et des chars progressant dans les ruines de Khan Younès, où résonnaient des tirs.
Rafah est devenue le dernier refuge pour 1,4 million de Palestiniens, selon l’ONU, coincés contre la frontière fermée avec l’Egypte, en grande majorité des déplacés ayant fui la guerre. «Toute attaque […] sur la ville de Rafah torpillerait les négociations» en cours sur un échange entre les otages et des Palestiniens détenus par Israël, a affirmé dimanche un responsable du Hamas. Des négociations, menées via une médiation du Qatar et de l’Egypte, sont en cours pour parvenir à une nouvelle trêve. Face à la perspective d’une offensive majeure, la pression internationale s’accroît. Les Emirats arabes unis ont exprimé «leur profonde inquiétude» face aux «sérieuses répercussions humanitaires» d’un assaut israélien. Le président iranien, Ebrahim Raïssi, a appelé dimanche à exclure Israël de l’ONU et a dénoncé «un crime contre l’humanité».
Pour le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, une offensive à Rafah provoquerait «une catastrophe humanitaire indescriptible». Les Etats-Unis, principal allié d’Israël, ont durci le ton ces derniers jours. Joe Biden a exhorté dimanche Benyamin Netanyahou à ne pas entreprendre d’opération militaire à Rafah «sans plan crédible et réalisable» pour protéger la population.
Environ 1,7 million de personnes, d’après l’ONU, sur un total de 2,4 millions d’habitants, ont fui leur foyer depuis le 7 octobre, beaucoup d’entre elles ayant été déplacées plusieurs fois à travers le territoire dévasté, assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure.
Tunnel sous le bâtiment de l’UNRWA
L’armée et l’agence de la sécurité intérieure israéliennes ont par ailleurs annoncé samedi avoir découvert dans la ville de Gaza un tunnel du Hamas sous le quartier général de l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA).
L’organisation, qu’Israël accuse d’être «totalement infiltrée» par le Hamas, a souligné que le bâtiment avait été évacué le 12 octobre. «Nous n’avons pas utilisé ce bâtiment depuis que nous l’avons quitté et nous n’avons connaissance d’aucune activité qui aurait pu s’y dérouler», a écrit sur X le chef de l’UNRWA, Philippe Lazzarini, ajoutant que les accusations d’Israël «méritent une enquête indépendante».
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