Le Temps

«Ce qui a convaincu, c’est que j’ai une vision claire»

- RECUEILLIS PAR A. SK. PROPOS

Elue samedi au premier tour, la Valaisanne de 28 ans Mathilde Mottet siégera aux côtés de la conseillèr­e nationale bernoise Tamara Funiciello à la tête des Femmes socialiste­s. Son combat vise à sortir le pays de ce qu’elle considère être une «réalité patriarcal­e, raciste et capitalist­e»

Samedi à Zurich, l’assemblée des Femmes socialiste­s a largement préféré la candidate valaisanne Mathilde Mottet à son adversaire vaudoise Laurie Willomet. Elue au premier tour, par 90 voix contre 40, la députée du Conseil général (organe législatif ) de la ville de Monthey succède à la Neuchâtelo­ise Martine Docourt, qui se retire après six ans à ce poste.

Quelle est la dernière chose qui vous a révoltée? Récemment, ce qui m’a vraiment énervée, c’est la lettre des cinq anciens conseiller­s fédéraux, leur plaidoyer contre la 13e rente AVS alors qu’euxmêmes gagnent des rentes qui dépassent 20000 francs par mois. Cela montre la déconnexio­n de la droite bourgeoise par rapport à la réalité de personnes qui ont travaillé toute leur vie et qui méritent une rente digne.

«Je veux porter l’espoir en un avenir meilleur car je suis persuadée qu’il est possible» MATHILDE MOTTET, COPRÉSIDEN­TE DES FEMMES SOCIALISTE­S

Quel est le rôle propre des Femmes socialiste­s, au-delà du Parti socialiste? Notre rôle est de faire de la politique féministe et de pousser le Parti socialiste à en faire. La politique anticapita­liste et antiracist­e nous importe tout autant, car tous les systèmes d’oppression se renforcent mutuelleme­nt. Comme le dit l’essayiste américaine Audre Lorde, «personne n’est libre tant que nous ne le sommes pas toutes, quelle que soit la nature de nos chaînes». Les Femmes socialiste­s sont un lieu de luttes, où l’on s’engage parce qu’on n’a pas forcément envie de le faire au PS.

En quoi votre combat sert les femmes de droite et toutes celles qui ne votent pas pour vous? Tout le monde profitera de la fin du patriarcat et d’une meilleure condition de vie des femmes. Les Femmes socialiste­s comptent 15000 membres, c’est un moteur de changement qui fait le lien entre la rue et le parlement pour y apporter des changement­s réels dans les lois. Qu’est-ce qu’y gagnent les hommes? Il y a tout à gagner à être dans un monde où chacun peut exprimer ses émotions de façon libre, sans pression d’être un mâle alpha, où l’on peut vivre avec le fait que sa partenaire gagne plus d’argent que soi. Dans le monde de demain, que j’espère, tout le monde gagne la même chose, personne n’est plus sujet à des violences sexistes ou sexuelles, chacun peut vivre dans l’insoucianc­e de rentrer chez soi la nuit, sans pression de domination d’un genre sur un autre.

Quels sont vos combats à mener comme coprésiden­te des Femmes socialiste­s? En 2024, ma priorité est que l’on gagne le combat pour la 13e rente AVS, car la pauvreté à la retraite est avant tout féminine. Une retraitée sur cinq est pauvre. Ensuite, il faudra combattre la réforme du deuxième pilier, car elle n’apporte pas les compensati­ons promises dans le cadre d’AVS 21 pour les rentes des femmes. Mon autre priorité sera le renforceme­nt du parti et la constructi­on d’un front féministe uni.

Les Femmes socialiste­s sont-elles aussi un terreau pour faire éclore les politicien­nes de demain? Non seulement les politicien­nes, mais avant tout la nouvelle génération féministe et les militantes de demain. Il faut qu’on soit formées sur les systèmes d’oppression dans lesquels on vit, sur les mensonges constants de la droite, qui nous font voter contre nos intérêts. C’est en étant au courant de cette réalité patriarcal­e, raciste et capitalist­e dans laquelle on vit qu’on peut mieux lutter contre. C’est important que l’on ait une représenta­tion solide au parlement qui porte nos revendicat­ions, et que nos politicien­nes se sentent elles-mêmes soutenues.

Finalement, qu’est-ce qui a convaincu samedi les Femmes socialiste­s de voter pour vous plutôt que pour l’autre candidate, Laurie Willomet? Je tiens d’abord à remercier Laurie du fond du coeur pour cette campagne. Ce qui a convaincu, c’est que j’ai une vision claire. Je vois où on veut aller. Une société solidaire, égalitaire et écologique, dans laquelle on soit toutes libres de la pauvreté et des violences. Je veux porter l’espoir en un avenir meilleur car je suis persuadée qu’il est possible.

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