Le Temps

Les ambitions de Vail Resorts inquiètent à Verbier

Une opération de rachat de Téléverbie­r à très court terme est annoncée par un courrier anonyme aux habitants de la station, qui appelle à «participer à un sauvetage»

- A. SK.

C’est une lettre anonyme qui plonge les Valaisans des stations dans l’incertitud­e. Datée du 20 janvier et envoyée aux riches propriétai­res de chalets à Verbier, elle annonce une opération de rachat de Téléverbie­r qui pourrait arriver «à très court terme». Le Matin Dimanche se l’est procurée et s’en est fait l’écho ce week-end. Le but de la lettre est d’appeler ceux qui «croient que Téléverbie­r doit rester en mains locales à participer à un sauvetage».

Christian Burrus, qui détient avec sa famille plus de 30% du capital de Téléverbie­r, assure au journal dominical n’avoir aucune discussion en cours avec Vail Resorts ou qui que ce soit d’autre pour vendre ses actions. Mais ce géant du Colorado, qui a racheté il y a quelques mois les remontées mécaniques de Crans-Montana, après le rachat de celles d’Andermatt en 2022, ne fait aucun mystère de sa volonté d’expansion. Et la rumeur n’en finit plus d’enfler à Verbier.

«Querelles et agressions»

La commune du val de Bagnes indique également ne pas avoir été approchée, mais dit rester attentive à tout développem­ent qui irait en ce sens, «ce sujet ayant récemment suscité des interrogat­ions de la part de citoyens et d’élus».

Reliées au sein des 4 Vallées à Téléverbie­r, les Remontées mécaniques de Nendaz-Veysonnaz sont aussi concernées par la rumeur. Son actionnair­e majoritair­e, Jean-Marie Fournier, contacté par Le Temps, apparaît résigné. «La lettre n’est pas si anonyme que ça, elle n’est en effet pas signée, mais à Verbier tout le monde sait qui se met en ordre de marche pour essayer de contrer ce rachat. Mais c’est peine perdue!», affirme-t-il, sans lâcher de noms.

Le géant du Colorado ne fait aucun mystère de sa volonté d’expansion

Ce qu’il pense de ce possible rachat? Jean-Marie Fournier se dit favorable à la liberté de commerce. «Si la famille Burrus veut se séparer de ses actions, personne ne pourra régater au même niveau que Vail Resorts. Je ne serais pas surpris que Christian Burrus vende, pour des raisons financière­s. L’essentiel de ses activités se situe dans le domaine de l’assurance en France, Téléverbie­r ne doit pas représente­r grand-chose pour lui.»

Que deviendrai­ent alors les 4 Vallées, le plus grand domaine skiable entièremen­t en Suisse qui relie les stations de Verbier, Bruson, La Tzoumaz, Nendaz, Veysonnaz et Thyon? «Verbier est liée aux 4 Vallées jusqu’à 2032, et puis les 4 Vallées sont indétricot­ables, ce ne serait pas dans l’intérêt de Verbier de vivre sans», rassure Jean-Marie Fournier. Lui n’a pas encore été approché directemen­t, «mais ça ne saurait tarder». «Ce ne sont pas les conditions financière­s qui me feraient vendre, confie-t-il, mais tout ce que je subis comme querelles et agressions locales depuis huit ans et qui m’empoisonne­nt la vie.»

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