Le Temps

WhatsApp au coeur de la prochaine révolution numérique?

- ANOUCH SEYDTAGHIA @Anouch

Je n’aime pas WhatsApp. Bien sûr, la messagerie est efficace et le chiffremen­t des messages n’a jamais été pris en défaut. Mais Meta, sa maison mère, n’a jamais été capable de dire quelles données personnell­es elle aspire et transmet à Facebook. Et cette opacité est à mes yeux un très gros problème.

Je suis donc méfiant face à WhatsApp. Mais je suis avec le plus grand intérêt – et ses plus de deux milliards d’utilisateu­rs devraient faire de même – l’évolution possible de cette messagerie. Car une révolution, qui se dessinait depuis plusieurs mois, pourrait commencer à prendre forme. Beaucoup de conditionn­els pour une possibilit­é: une certaine forme d’interopéra­bilité entre les messagerie­s.

Imaginez: un utilisateu­r de WhatsApp pourrait envoyer un message à un correspond­ant sur Signal, et de même un utilisateu­r de Telegram à un autre d’iMessage sur iPhone. Ce qui est aujourd’hui impossible pourrait devenir envisageab­le grâce à l’Union européenne, qui impose aux plus grandes plateforme­s de s’ouvrir à d’autres. Rappelons que c’est aussi sur pression européenne qu’Apple va rendre iMessage interopéra­ble avec la messagerie d’Android.

Il y a quelques jours, Dick Brouwer, directeur de l’ingénierie chez WhatsApp, levait le voile pour le site spécialisé Wired sur l’avancée des travaux au sein de Meta: «Il y a une réelle tension entre le fait d’offrir facilement cette interopéra­bilité à des tiers tout en préservant la confidenti­alité, la sécurité et l’intégrité de WhatsApp. Je pense que nous sommes assez satisfaits de ce que nous avons réalisé.»

Concrèteme­nt, cela ne s’annonce pas facile, et on ne peut accuser WhatsApp de surestimer les problèmes. Au niveau technique, il faudra évidemment que cela fonctionne. Il faudra aussi que le chiffremen­t au sein de toutes ces messagerie­s soit totalement préservé. Sera-ce possible? On ne le sait pas encore. Il faudra aussi éviter d’être davantage encore submergé de spam. Il faudra toujours permettre aux utilisateu­rs de signaler des messages indésirabl­es ou problémati­ques, et de bloquer des tiers.

Le chantier est titanesque, on ne sait ni quand ni comment il aboutira. Mais le suivre s’annonce passionnan­t.

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