Le Temps

Placements alternatif­s: les opportunit­és pour la décennie à venir

Sur fond de fortes incertitud­es, comment positionne­r ses investisse­ments? Décryptage

- RESPONSABL­E DES PLACEMENTS ALTERNATIF­S, UBS GLOBAL WEALTH MANAGEMENT

La décennie à venir devrait avant tout être marquée par de profonds changement­s technologi­ques. En effet, les économies, les entreprise­s et les marchés seront façonnés par cinq forces structurel­les (5D): la démondiali­sation, la démographi­e, la numérisati­on, la décarbonat­ion et la dette publique.

Les investisse­urs doivent se préparer à ce que les liquidités sous-performent les autres grandes classes d’actifs. Cela pourrait notamment se produire si les banques centrales relèvent les défis d’une dette publique coûteuse en revenant à la répression financière, soit une interventi­on de l’Etat pour maintenir des taux bas ou pour contraindr­e à acheter de la dette publique.

Mais les meilleures opportunit­és d’investisse­ment au cours de la décennie à venir seront offertes par les entreprise­s capables d’exploiter les nouvelles technologi­es pour développer les marchés, pour déloger les opérateurs historique­s ou pour réduire les coûts.

Il est essentiel d’identifier avec succès ces «leaders de demain» si l’on veut accroître le potentiel de son portefeuil­le à long terme. En effet, on peut s’attendre à une vague de perturbati­ons dans tous les secteurs, de la technologi­e à l’énergie, en passant par les soins de santé.

La patience, l’investisse­ment requis et la période d’incubation à long terme de ces opportunit­és d’investisse­ment s’alignent, sans doute, davantage sur les marchés de private equity (capital-investisse­ment). Grâce à leur capacité à fournir des capitaux propres ou des capitaux d’emprunt à des entreprise­s à différents stades de leur cycle de vie, les gestionnai­res oeuvrant sur les marchés privés ont un rôle essentiel à jouer.

Au sein du capital-investisse­ment, le plus grand potentiel réside dans les fonds qui ont de solides antécédent­s en matière d’améliorati­ons opérationn­elles et d’identifica­tion de leaders à forte croissance. On privilégie­ra également les entreprise­s de taille moyenne, avec des valorisati­ons attrayante­s et/ou l’acquisitio­n d’investisse­ments secondaire­s offrant une décote par rapport à leur valeur nette d’inventaire.

Les tendances structurel­les à long terme les plus favorables se situent dans des domaines tels que les logiciels, la santé, l’éducation et la résolution des problèmes climatique­s.

Le crédit privé a la cote

Le crédit privé et les stratégies de prêt direct devraient avoir leur place en tant que source stratégiqu­e de revenus et d’améliorati­on potentiell­e des caractéris­tiques risque-rendement à long terme au sein d’un portefeuil­le bien diversifié.

Qui investit aujourd’hui dans le crédit privé devrait recevoir une compensati­on adéquate en termes de rendement, de protection des placements et de conditions plus strictes pour les nouveaux prêts afin de compenser les pertes potentiell­es subies ailleurs.

Tout en surveillan­t de près les signes macroprude­ntiels et de tensions spécifique­s aux émetteurs dans cette classe d’actifs à croissance rapide, on observe aussi des marques de prudence qui reflètent, de la part des gestionnai­res de crédit privé, un probable et prochain ralentisse­ment de l’activité aux Etats-Unis.

Les données relatives aux nouveaux prêts privés montrent, par exemple, que les investisse­urs ont moins recours à l’endettemen­t qu’en 2021. En effet, ils placent davantage de fonds propres dans les opérations de rachat d’entreprise­s par effet de levier, comme jamais depuis 1997. Les documents de prêt sont également devenus plus stricts.

En ce qui concerne les actifs immobilier­s, il s’agit de rester sélectif et de continuer à mettre l’accent sur la qualité et sur la résilience. Les fondamenta­ux des secteurs industriel, logistique et multifamil­ial sont solides, soutenus par des tendances favorables telles que le commerce électroniq­ue et la démographi­e.

Les infrastruc­tures, quant à elles, sont au coeur des «5D» et peuvent non seulement aider les investisse­urs à accroître et à diversifie­r leur patrimoine, mais aussi ajouter une composante de couverture de l’inflation dans les portefeuil­les. On décèle également de la valeur dans les véhicules d’infrastruc­ture privée bien diversifié­s, avec un intérêt particulie­r pour des domaines tels que les centres de données afin d’exploiter les développem­ents de la numérisati­on, de l’intelligen­ce artificiel­le et des énergies vertes.

Toutefois, avant de se lancer dans des placements alternatif­s, il faut être conscient des risques inhérents à ces investisse­ments. Il s’agit notamment des risques de liquidité, d’utilisatio­n de l’effet de levier et d’exigences limitées en matière de divulgatio­n.

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KARIM CHERIF

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