Le Temps

Le Real Madrid s’envole, le Bayern s’écroule

En Espagne, tout semble joué après la large victoire des Madrilènes sur le surprenant deuxième, Gérone. Situation inverse en Bundesliga, où le Bayer Leverkusen de Granit Xhaka pourrait mettre fin à une hégémonie de onze ans du Bayern, qui espère encore

-

On ne prête qu’aux riches. Avec désormais cinq points d’avance sur Gérone après sa large victoire 4-0 samedi dans le choc au sommet de la Liga, le Real Madrid est en route vers un 36e titre de champion d’Espagne, alors qu’avec désormais cinq points d’avance sur le Bayern Munich après sa large victoire 3-0 samedi dans le choc au sommet de la Bundesliga, le Bayer Leverkusen a simplement «pris une option» pour remporter son premier titre de champion d’Allemagne.

La différence de perception entre les deux situations tient à l’image des clubs en présence bien plus qu’aux impression­s du terrain. Dans un cas, l’équipe surprise de la saison est rentrée dans le rang, dans l’autre elle continue d’impression­ner et demeure invaincue en 31 matchs toutes compétitio­ns confondues. Les supporters de football ont assez bien intégré l’idée que les plus gros gagnent toujours à la fin et ils font encore un peu crédit au Bayern, vainqueur des onze précédents championna­ts, pour revenir et renvoyer le Bayer à son surnom de «Neverkusen», le club qui ne gagne jamais.

L’an dernier, Granit Xhaka a compté jusqu’à neuf points d’avance avec Arsenal sur Manchester City mais n’a jamais été champion d’Angleterre. Le Bâlois est depuis cette saison l’homme de base du Bayer, le relais sur le terrain de l’entraîneur Xabi Alonso. Si Leverkusen joue si bien, sait alterner, sent quand temporiser et quand accélérer, c’est parce que Granit Xhaka est à la baguette. Le jeu que prône Xabi Alonso s’inspire des préceptes qui ont fait de lui un champion du monde avec l’Espagne, mais porte aussi en lui les hybridatio­ns du football d’aujourd’hui. Le Bayern a eu le ballon 61% du match, a réussi 56% de passes en plus que son adversaire, mais n’a pu cadrer qu’un tir, contre huit pour le Bayer.

La révolte de Thomas Müller

Cette capacité à être patient et létal à la fois est dans les gènes du Real Madrid. Le club merengue s’appuie sur un entraîneur sans oeillères, l’Italien Carlo Ancelotti, et sur des joueurs armés de tous les possibles par leurs qualités techniques et leur intelligen­ce de jeu. C’est une équipe terrifiant­e d’efficacité qui n’a d’autre identité de jeu qu’être le Real Madrid. «Pour nous, ce match est une défaite d’apprentiss­age, qui nous remet à notre place. Notre niveau n’est pas celui du Real Madrid, il nous reste encore un ou deux crans à franchir pour être à ce niveau», a constaté Michel, l’entraîneur de Gérone, en conférence de presse.

Si le grand battu du week-end en Espagne admet ne pas pouvoir «jouer dans la même cour que le Real Madrid, le Barça et l’Atlético», le Bayern Munich n’a pas abandonné l’espoir de refaire ses cinq points de retard sur Leverkusen. La révolte a été lancée dès la fin du match par Thomas Müller, lors d’un long monologue en direct sur la chaîne Sky Sport. «Nous montrons de meilleures choses à l’entraîneme­nt parce que nous sommes libres et c’est ce qui manque à notre jeu en match. Regardez Leverkusen: quand Grimaldo déboule côté droit alors qu’il est latéral gauche, ce n’est pas une action planifiée, il tente quelque chose. Eux, ils essayent, ils cherchent des solutions. Ils jouent au football. Je ne critique pas le coach [Thomas Tuchel] puisque notre début de match leur a posé des problèmes, je dis qu’un joueur du Bayern doit être capable de faire preuve d’intelligen­ce de jeu et d’autonomie sur le terrain.»

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland