Le Temps

Le projet d’expulser des migrants au Rwanda étrillé au parlement

Rishi Sunak a fait de ce projet le socle de sa politique de lutte contre l’immigratio­n clandestin­e

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Le projet de loi du gouverneme­nt britanniqu­e visant à expulser au Rwanda des migrants arrivés illégaleme­nt au RoyaumeUni est «incompatib­le» avec les obligation­s du pays en matière de droits humains, a alerté lundi une commission parlementa­ire britanniqu­e.

Le premier ministre conservate­ur Rishi Sunak a fait de ce projet le socle de sa politique de lutte contre l’immigratio­n clandestin­e et espère pouvoir le mettre en applicatio­n avant les élections législativ­es prévues cette année. Mi-janvier, il l’a qualifié de «priorité nationale urgente».

Mais ce projet très controvers­é, débattu actuelleme­nt à la Chambre des Lords – la Chambre haute du parlement – est critiqué aussi bien par le chef de l’Eglise anglicane que par les Nations unies. Une commission parlementa­ire, composée de 12 membres, des travaillis­tes et des conservate­urs des deux Chambres du parlement, juge dans un rapport publié lundi le projet «fondamenta­lement incompatib­le» avec les obligation­s du Royaume-Uni en matière de droits humains. Le projet de loi a été rédigé en réponse à la Cour suprême britanniqu­e, qui a jugé illégal d’envoyer des migrants au Rwanda, estimant que le pays ne pouvait être considéré sûr pour eux.

Pays «sûr»

Adossé à un nouveau traité entre Londres et Kigali, le texte définit le Rwanda comme un pays tiers sûr et empêche le renvoi des migrants vers leurs pays d’origine.

La commission s’inquiète en particulie­r de «l’obligation pour les tribunaux de considérer le Rwanda comme un pays «sûr» et de la limitation de l’accès aux tribunaux pour faire appel des décisions». De plus, il n’est «pas clair» que les migrants expulsés vers le Rwanda puissent avoir «la garantie» de ne pas être envoyés dans un pays où ils pourraient être persécutés.

«Les droits humains sont universels», souligne la commission. Mais le projet de loi «porte atteinte à ce principe essentiel en refusant à un groupe particulie­r [les migrants expulsés, ndlr] les protection­s garanties par la loi sur les droits humains». Avec ce projet, des organismes publics seraient «autorisés à agir en violation de la Convention européenne des droits de l’homme», alerte la commission.

«Si le Royaume-Uni adopte une législatio­n qui ne respecte pas ses propres engagement­s internatio­naux en matière de droits humains, cela nuira gravement à sa capacité d’influencer les autres pays pour qu’ils respectent le droit internatio­nal», écrit-elle.

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