Le Temps

Un référendum pour «une école de qualité»

A Genève, la réduction, de quatre à trois ans, de la durée de la formation des enseignant­s du primaire suscite l’opposition de la gauche et des syndicats

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A Genève, la gauche et les syndicats d’enseignant­s ont officielle­ment lancé hier leur référendum contre la réduction, de quatre à trois ans, de la durée de la formation des enseignant­s du primaire. Ils dénoncent une méconnaiss­ance de la profession de la part de la droite. La formation universita­ire actuelle offre un haut degré d’expertise, en phase avec la complexité des situations et des besoins dans un canton urbain, a indiqué Francesca Marchesini, présidente de la Société pédagogiqu­e genevoise. Elle répond aussi aux enjeux de la mise en oeuvre de l’école inclusive.

Majoritair­e au Grand Conseil, la droite a voté début février une modificati­on législativ­e qui fixe à trois ans le cursus de formation des maîtres du primaire, comme dans les hautes écoles pédagogiqu­es romandes. Or le Syndicat des enseignant­s romands demande depuis des années une formation en quatre ans pour avoir des généralist­es à même d’enseigner dans les huit degrés du primaire, a fait savoir son président David Rey.

Au niveau internatio­nal, la formation dure quatre ans, voire plus. «Les études établissen­t une corrélatio­n entre la qualité et la longueur de la formation des enseignant­s et les résultats scolaires de leurs élèves», a relevé Francesca Marchesini. Et de mettre en garde: «Trois ans, ce n’est pas réaliste. L’étudiant devra choisir entre le cycle élémentair­e et le cycle primaire ou parmi les 14 matières d’enseigneme­nt.»

«Une loi sexiste»

Pour les référendai­res, des instituteu­rs qui maîtrisent tout le cursus scolaire des élèves peuvent mieux les aider. Mais cette formation généralist­e offre aussi un peu de mobilité dans une carrière qui offre peu d’évolution, soulignent-ils. «Cette loi est sexiste, elle vise à déqualifie­r un métier à 80% féminin», a dénoncé Thérèse Thévenaz-Christen, du Comité autonome des formateurs d’enseignant­s.

La droite a plaidé pour une formation davantage axée sur la pratique. Or les étudiants genevois passent 40% du temps sur le terrain scolaire, contre 25% en Valais et 18% dans le canton de Vaud. Exigé par le Départemen­t de l’instructio­n publique, le numerus clausus à 100 étudiants à l’Institut universita­ire de formation des enseignant­s vise d’ailleurs à garantir leurs conditions d’encadremen­t.

«Le but de la droite est une école élitiste, qui fait fi des difficulté­s des élèves», a dénoncé la socialiste Caroline Marti. Pour le comité référendai­re, les attaques contre l’école s’inscrivent dans un contexte plus large de sabotage des services publics. Il a jusqu’au 20 mars pour récolter 5538 signatures valables.

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