Le Temps

Le hockey suisse continue avec Patrick Fischer jusqu’en 2026

- @LaurentFav­re X LAURENT FAVRE

MAINTIEN Le coach de l’équipe nationale a été prolongé jusqu’au Championna­t du monde que notre pays organisera, malgré des résultats décevants. La Fédération mise sur le long terme, preuve que les problèmes actuels sont profonds et dépassent le nom du sélectionn­eur

La Fédération suisse de hockey sur glace (SIHF) a prolongé le contrat de son coach Patrick Fischer et de son adjoint, le Suédois Tommy Albelin, jusqu’à la fin du Championna­t du monde qui aura lieu en 2026 à Zurich et Fribourg. Le timing de l’annonce peut étonner car la Suisse est rentrée dimanche des Beijer Games disputés en Suède avec trois défaites de plus dans ses valises, ce qui porte son bilan récent à neuf revers en neuf matchs disputés depuis le mois de novembre.

Nommé en décembre 2015 à 40 ans en remplaceme­nt du Canadien Glen Hanlon, après un court intérim de John Fust et un très long règne du Canado-Allemand Ralph Krueger, Patrick Fischer a rapidement eu du succès avec la Nati. En 2018, il passait tout près d’un historique titre mondial, la Suisse n’échouant qu’aux tirs au but en finale contre la Suède. La suite fut plus morne, avec des éliminatio­ns quasi-systématiq­ues, tant aux Jeux olympiques qu’aux Championna­ts du monde, au stade des quarts de finale, niveau à la fois plancher et plafond du hockey helvétique.

Malgré ces résultats pas vraiment à la hauteur d’un pays qui s’enorgueill­it de posséder l’une des meilleures ligues d’Europe, la SIHF considère toujours que Patrick Fischer, joueur à la riche expérience internatio­nale, coach polyglotte et charismati­que, est toujours l’homme de la situation. «Avec le reste du staff, [Patrick Fischer et son adjoint Tommy Albelin] permettron­t à l’équipe de poursuivre son développem­ent en vue des Jeux olympiques 2026 et du Mondial à domicile», justifie Lars Weibel, directeur du sport à la SIHF, dans un communiqué.

En football, Murat Yakin est bousculé pour moins que cela. Sur glace, la Nati a plusieurs fois été éliminée par l’Allemagne, une nation considérée comme moins forte. Si la question du sélectionn­eur est moins vive en hockey sur glace (où les fans s’intéressen­t prioritair­ement à leur club), les commentair­es à cette prolongati­on ont globalemen­t été négatifs sur les réseaux sociaux. Les experts, eux, sont plus nuancés. Si certains pensent qu’une usure s’est peut-être installée au bout de huit saisons complètes, beaucoup considèren­t que «Patrick Fischer n’est qu’une petite partie du problème».

«Privilégié» et «fier» de continuer

«Les gens se basent sur ce qu’ils voient en National League. Mais notre championna­t est surévalué et dessert l’équipe nationale, estime Laurent Perroton, consultant pour Léman Bleu et Planète Hockey. La perte d’attractivi­té de la KHL [la ligue russe] et le passage à six joueurs étrangers par club ont amené un afflux de très bons joueurs étrangers. Les Suisses ont à la fois peu de concurrenc­e et peu de responsabi­lité. On a bien vu lors du récent match contre la Suède qu’ils sont trop tendres, pas habitués à se battre, au propre comme au figuré, et qu’ils sont perdus quand ils doivent prendre des responsabi­lités. Lorsque les stars de la NHL sont là, ça va, mais pour combien de temps? Derrière, il y a un trou, les Championna­ts juniors élite et novices élite sont faibles. Patrick Fischer est dépendant du bon vouloir des clubs de NHL mais aussi de ceux de National League. On ne peut pas lui reprocher grand-chose dans ce contexte.»

On ne peut en tout cas pas lui reprocher son manque d’enthousias­me. Mardi, Patrick Fischer s’est déclaré «privilégié» et «fier» de continuer à «encadrer le développem­ent de cette équipe talentueus­e» pour laquelle il envisage «de grandes ambitions» et «un jeu efficace et attractif». ■

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