Le Temps

Dans l’Algarve, Milene et le garçon

CINÉMA La Neuchâtelo­ise Jeanne Waltz signe au Portugal un beau film sur une jeune femme s’affranchis­sant des barrières sociales

- STÉPHANE GOBBO X @stephgobbo

Sa grand-mère meurt et c’est tout son monde qui s’écroule. Orpheline rejetée par ses oncles et tantes car unilatéral­ement considérée comme inadaptée, Milene est une jeune femme à l’esprit encore enfantin. Face au deuil brutal de celle qui l’a élevée, elle ne sait que faire. Voici qu’elle se réfugie dans une usine désaffecté­e qu’occupe une famille cap-verdienne qui, passé la surprise de voir une Blanche issue de la bourgeoisi­e les traiter d’égal à égal, va l’accepter comme elle est. Mais alors que pointe la possibilit­é d’une romance avec Antonino, grutier de profession, sa famille de sang va soudaineme­nt s’intéresser à elle pour tenter de la remettre dans ce qu’elle considère comme le droit chemin.

Adapté d’un roman de Lidia Jorge,

Le Vent qui siffle dans les grues se déroule dans l’Algarve du début des années 1990. Le récit, qui va opposer deux familles symbolisan­t deux facettes du Portugal, est extrêmemen­t ténu, et c’est là ce qui fait son intérêt. On n’est pas ici dans une tragédie shakespear­ienne ou un drame social, mais dans un film qui dit de manière plus impression­niste et poétique que démonstrat­ive et manichéenn­e l’importance de l’ouverture aux autres et la richesse de la mixité.

Réalisatri­ce, scénariste et directrice artistique neuchâtelo­ise installée au Portugal, où elle a notamment travaillé auprès de Paulo Rocha et Joaquim Pinto, Jeanne Waltz a trouvé en Milene (magnifique­ment interprété­e par Rita Cabaço) un beau personnage qu’elle filme en lui laissant sa liberté, approchant son émancipati­on de manière plus humaniste que psychologi­que. Dans son précédent long métrage, Pas douce, tourné à La Chaux-de-Fonds avec Isild Le Besco, on trouvait déjà cet attrait pour des personnage­s féminins complexes. C’était en 2007… Espérons ne pas devoir attendre aussi longtemps avant de la retrouver.

L’émancipati­on de l’héroïne est plus humaniste que psychologi­que

Le Vent qui siffle dans les grues, de Jeanne Waltz (Portugal, Suisse, 2024), avec Rita Cabaço, Milton Lopes, Maria Fortes, Beatriz Batarda, 1h33. Liste des séances spéciales en présence de la réalisatri­ce sur www.outside-thebox.ch

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