Le Temps

Sur l’AVS, «la gauche est sans limite» dans ses revendicat­ions

- ROMAIN CLIVAZ ET VINCENT BOURQUIN @RomainCliv­az @bourquvi

Pour parler AVS, Valais et radicalism­e politique, tous les chemins mènent à Martigny, chez Pascal Couchepin. Au micro de «Sous la Coupole», l’ancien conseiller fédéral se montre combatif en vue du 3 mars. S’il critique le style «lutte des classes» de PierreYves Maillard, il salue les débuts d’Elisabeth Baume Schneider. Extraits

«Servir et disparaîtr­e»: voilà une expression dont Pascal Couchepin n'a que faire. Il ironise plutôt, à l'heure d'évoquer ses activités comme retraité du Conseil fédéral: «Je fais ce que je veux.» Il s'explique sur ses motivation­s, en particulie­r en vue du scrutin du 3 mars: «Pour ce qui me concerne, rien n'a changé puisque, dès le départ, je me suis exprimé, mais jamais contre le Conseil fédéral. Si je ne suis pas d'accord avec lui, en principe je ne m'exprime pas, par sens de la continuité de l'Etat qui me paraît plus important que des règles un petit peu inventées en fonction des circonstan­ces. »

Il n'en demeure pas moins que pour combattre l'initiative populaire «Mieux vivre à la retraite (initiative pour une 13e rente Assurance-vieillesse et survivants)», les partis bourgeois ont sorti l'artillerie lourde: le Martignera­in est accompagné des centristes Doris Leuthard et Joseph Deiss, du démocrate du centre Adolf Ogi ainsi que de son coreligion­naire PLR Johann Schneider-Ammann. Ils ont signé une annonce Pour une AVS au service de toutes les génération­s contre la 13e rente.

Pascal Couchepin assume cette annonce: «Je pense que le texte tel que publié a de la hauteur, est digne d'anciens conseiller­s fédéraux, d'autant plus qu'on soutient le gouverneme­nt, ce qui est pour moi essentiel.» Face à eux, l'ancienne cheffe du Départemen­t de l'intérieur, la socialiste Ruth Dreifuss, a affiché son soutien à la propositio­n des syndicats.

Pascal Couchepin estime que «la gauche est sans limite» dans ses revendicat­ions, alors qu'il est prévu que le parlement se penche sur le financemen­t de l'AVS pour les dix prochaines années. «C'est à cette occasion-là que chaque groupe présentera ses propositio­ns et on arrivera à une solution de compromis.» Venir maintenant avec une telle initiative est «une épreuve de force que les syndicats lancent contre l'AVS pour démontrer qu'ils sont capables de faire échec au bon sens». Il estime qu'au lieu d'introduire une nouvelle prestation non ciblée, il faut continuer à miser sur les prestation­s complément­aires, un instrument «qui doit être souple» et qu'il convient d'adapter si nécessaire. Ses principes dans le domaine de l'AVS: «Il faut avancer de manière ordonnée» et non pas «donner des coups de boutoir à gauche ou à droite en invoquant les grands principes, mais voir le problème d'ensemble.»

Problème de méthode et de fond pour Pascal Couchepin, lui qui retrouve un vieil adversaire: le conseiller aux Etats socialiste PierreYves Maillard. Ils ne se disputent pas seulement sur la 13e rente. Ils s'opposent sur le rôle de la nouvelle conseillèr­e fédérale chargée de l'Intérieur. Dans ces colonnes, le syndicalis­te vaudois a fustigé l'engagement déterminé d'Elisabeth Baume-Schneider contre son initiative: «C'est la gymnastiqu­e fédérale habituelle. Moi, j'y suis habitué, mais c'est plus difficile à comprendre pour les militants qui s'engagent en n'ayant ni les honneurs ni les revenus des politicien­s profession­nels.» Pour Pascal Couchepin, c'est tout l'inverse: «Je la félicite. Elle fait une bonne entrée en service dans ce départemen­t.»

Tout en précisant que cela n'a rien de personnel, soulignant que «c'est un combattant», le libéral-radical avoue son étonnement sur le ton de l'élu vaudois. Il y voit «une espèce de hargne, une certaine aigreur issue peut-être d'un sentiment de lutte des classes qu'il pouvait posséder à 18 ans, mais qu'il a abandonné lorsqu'il était au Conseil d'Etat vaudois, et qu'il semble retrouver».

Il a aussi été question de Constituti­on valaisanne lors de cet échange en Octodure. Le Valais se prononce sur le remplaceme­nt d'un texte fondamenta­l datant de 1907. Pascal Couchepin votera oui, «un oui de raison», trouvant le texte équilibré. Il salue également la qualité des débats: «J'ai suivi les débats… J'ai été impression­né par la qualité des interventi­ons.» L'ancien président

«Je fais ce que je veux» PASCAL COUCHEPIN

de Martigny constate toutefois que plusieurs forces politiques qui avaient approuvé le texte au sein de l'Assemblée constituan­te ont ensuite choisi le camp du non, ce qui rend le scrutin très incertain.

Parmi les points négatifs, il souligne le vote communal pour les étrangers, raison pour laquelle il votera la variante sans cette nouveauté. Le passage de cinq à sept conseiller­s d'Etat ne le convainc pas non plus: «Oui, c'est beaucoup d'argent. C'est probableme­nt une dispositio­n qui me plaît le moins dans la nouvelle Constituti­on. En revanche, je suis extrêmemen­t positif à l'égard de la réorganisa­tion des cercles électoraux, la répartitio­n par région. Bon, l'un balançant l'autre, je donne la chance à l'avenir et à la nouveauté. »

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(STUDIO_54/OLIVIER MAIRE) Pascal Couchepin interviewé chez lui à Martigny le 8 mars 2023.
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