Le Temps

La Confédérat­ion prévoit un régime minceur

La ministre des Finances, Karin Keller-Sutter, a annoncé une série de mesures visant à combler un déficit de financemen­t pour l’année prochaine. La coupe intervient trois semaines après une économie de 2 milliards de francs

- DAVID HAEBERLI, BERNE @David_Haeberli

Karin Keller-Sutter a annoncé une coupe de 1,4% dans le budget de la Confédérat­ion pour l’année 2025. La conseillèr­e fédérale chargée des Finances espère redresser les comptes publics, ces économies permettant d’annuler un déficit de financemen­t de plus de 2 milliards pour 2025, selon les dernières estimation­s de ses services.

Cette coupe dans le plan financier 2025-2027 intervient après d’autres mesures annoncées il y a trois semaines pour un montant de 2 milliards de francs, soit 2% de ce plan. Ces premières économies visaient l’asile, l’assurance chômage, les fonds d’infrastruc­ture ferroviair­e et de développem­ent régional, la contributi­on aux Ecoles polytechni­ques fédérales, l’accueil extra-familial des enfants. Une hausse de l’impôt sur le tabac ficelait le paquet.

Cette deuxième annonce doit permettre d’économiser 350 millions. Tous les départemen­ts sont concernés. Les coupes toucheront potentiell­ement la coopératio­n internatio­nale, la culture, l’agricultur­e, le transport régional de voyageurs ou l’environnem­ent. On parle de «dépenses faiblement liées», soit pour lesquelles la Confédérat­ion n’a pas d’obligation juridique de dépense. L’armée sera épargnée, a averti la ministre PLR. «Deux tiers de nos dépenses sont fortement liées et ne peuvent pas être réduites sans changer la loi et la Constituti­on. Nous devons donc entreprend­re un examen des tâches et des subvention­s fédérales. J’ai déjà mené des discussion­s très constructi­ves avec mes collègues», a précisé la ministre devant la presse.

«Les mesures concernant la mise au point du budget 2025 que le Conseil fédéral a arrêtées le 24 janvier 2024 s’appliquero­nt en grande partie également au budget 2026», prévient le gouverneme­nt dans un communiqué. La Confédérat­ion prévoit pour 2026 un déficit structurel de 1,5 milliard. A partir de 2027, il pourrait dépasser les 3 milliards. Pour y faire face, Karin Keller-Sutter a exclu de creuser la dette et d’augmenter les impôts. «On ne connaît pas de crise de revenu. On connaît un problème de dépenses», a-t-elle justifié.

Les dépenses liées au statut de protection S des réfugiés ukrainiens apparaisse­nt au budget extraordin­aire depuis trois ans. Il faut en sortir à terme, selon la conseillèr­e fédérale PLR. C’est pourquoi 150 millions sont inscrits au budget ordinaire 2025. Toutes les dépenses liées à l’asile devraient observer ce mouvement au plus tard en 2028.

Les comptes 2023 sont dans le rouge, a annoncé la ministre. La dette se creuse de 1,4 milliard de francs. Son service représente 1 milliard pour 2023. Un montant qui pourrait augmenter de 50% en 2024. Pour la deuxième année de suite, le déficit ordinaire est plus important que le montant autorisé par le frein à l’endettemen­t.

Pourquoi l’armée n’est-elle pas concernée?

«On ne connaît pas de crise de revenu. On connaît un problème de dépenses» KARIN KELLER-SUTTER, MINISTRE DES FINANCES

«Des coupes dans le budget de la Confédérat­ion sont nécessaire­s, réagit Céline Amaudruz, conseillèr­e nationale UDC et membre de la Commission de l’économie. Je me réjouis donc de la volonté du Conseil fédéral. Mais les pratiquer de manière linéaire est un manque de courage politique. J’attends d’une conseillèr­e fédérale qu’elle décide de priorités afin que le parlement puisse s’en saisir et en débattre.»

Sur ce second aspect, Samuel Bendahan, qui siège à la même commission, rejoint en partie la Genevoise. «Faire des coupes linéaires, c’est ne pas vouloir réfléchir où il serait nécessaire de réduire», dit le conseiller national socialiste. De plus, le fait que la défense soit préservée consterne le Vaudois. «Les annonces de ces dernières semaines montrent que l’armée rencontre un gros problème de gestion, reprend-il. Cette institutio­n connaît des difficulté­s d’efficience. C’est là où les sources d’économies sont les plus importante­s et c’est elle que l’on épargne!»

Au Centre, on montre plus de compréhens­ion. «Il est tellement difficile de trouver un secteur où piocher, tempère le conseiller national Sidney Kamerzin. Toucher au social, à la santé, aux routes ou au domaine de l’énergie, c’est s’en prendre à des secteurs très tendus. L’effort collectif que représente la coupe linéaire est le seul praticable pour le moment.» Le Valaisan en veut pour preuve le consensus qui s’est dessiné au parlement en décembre 2023 pour pratiquer ces coupes dans le budget 2024.

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