Le Temps

Un doute plane sur la console de Microsoft

Le géant américain communique ce jeudi sur l’avenir de sa division «jeu vidéo». Des rumeurs affirment que des jeux Xbox débarquero­nt sur PS5

- GRÉGOIRE BARBEY @GregoireBa­rbey

Ce n’est pas du football et pourtant chacun a sa propre équipe. Les amatrices et amateurs de jeux vidéo sur console se livrent une guerre acharnée depuis des années. D’un côté, les fans de la PlayStatio­n, la machine du constructe­ur japonais Sony. De l’autre, les défenseurs de la Xbox, l’engin fabriqué par l’américain Microsoft. Et chacun y va de son propre argumentai­re pour justifier la domination d’une console sur l’autre: son apparence, le confort de ses manettes, sa puissance et surtout ses jeux exclusifs.

Cette «guerre des consoles» pourrait bien devenir un reliquat du passé. Microsoft, qui a le vent en poupe grâce à l’intelligen­ce artificiel­le, a confirmé la diffusion ce jeudi 15 février d’un podcast consacré à l’avenir de Xbox, avec notamment la présence du boss de la branche jeu vidéo du géant américain, Phil Spencer. Si l’annonce est tant attendue, c’est parce qu’elle pourrait voir le concurrent de Sony mettre un terme à ses exclusivit­és en matière de jeux vidéo. En clair: des titres comme Starfield pourraient rejoindre le catalogue de la PlayStatio­n, voire de la Switch de Nintendo. Et ça, ce serait une révolution, comme le souligne The Verge.

Un marché divisé en trois

Le marché des jeux sur console est partagé entre trois acteurs majeurs: Sony, Microsoft et Nintendo. Ce dernier occupe une place particuliè­re dans l’univers des jeux vidéo, parce qu’il vise un public plus familial avec des licences célèbres comme Mario, Zelda ou encore plus récemment Animal Crossing. Ses consoles ne cherchent pas à rivaliser en termes de performanc­es avec celles des deux autres constructe­urs mais se distinguen­t par des innovation­s au niveau de leur utilisatio­n (écran tactile, détection du mouvement des manettes etc.). Ce positionne­ment lui offre le luxe de ne pas être en concurrenc­e directe avec les deux autres.

Pour sa part, Microsoft a fait son irruption dans cette industrie en novembre 2001, avec sa Xbox. A l’époque, cette arrivée avait fait sensation. Par son apparence déjà, un bloc rectangula­ire noir avec un bouton vert au milieu, la console du géant américain cofondé par Bill Gates avait tout pour séduire. Si Xbox a toujours été à la traîne en termes de ventes face à la concurrenc­e, la console de Microsoft s’est malgré tout fait une place. Sa licence la plus célèbre reste assurément Halo, un jeu de tir à la première personne qui se déroule dans un univers de science-fiction où l’humanité est confrontée à une guerre contre des aliens.

Un outsider remuant

En sa qualité d’outsider, Microsoft n’a pas hésité à bousculer ses concurrent­s. En 2017, le géant américain a lancé son Xbox Game Pass, un service qui permet aux joueurs d’accéder à un catalogue de jeux variés pour un prix unique par le biais d’un abonnement. Cerise sur le gâteau, les jeux exclusifs à la Xbox y sont accessible­s dès leur sortie.

Selon des estimation­s relayées par The Verge, quelque 33 millions de joueurs seraient abonnés au service actuelleme­nt, contre 25 millions en 2022. Une croissance en deçà des attentes de Microsoft, qui vise 100 millions d’abonnés d’ici à 2030. Mais le Xbox Game Pass impose un nouveau standard à l’industrie, et Sony a été obligé de répliquer en faisant évoluer sa propre offre. Les exclusivit­és du constructe­ur japonais ne sont toutefois pas disponible­s immédiatem­ent pour les abonnés.

Microsoft affiche depuis plusieurs années de grandes ambitions dans le secteur des jeux vidéo. Le géant américain a en effet finalisé le rachat d’Activision Blizzard King en 2023 pour près de 70 milliards de dollars. Une acquisitio­n qui lui a permis de mettre la main sur un catalogue de licences à succès, parmi lesquelles Call of Duty, World of Warcraft ou encore Diablo. Et pour la première fois, les revenus générés par Microsoft dans sa division jeux vidéo ont dépassé ceux de Sony, selon The Verge.

Mais toutes ces opérations n’ont pas permis à Microsoft de prendre la tête en termes de ventes de consoles. La PlayStatio­n 5, sortie à l’automne 2020, se serait vendue à plus de 22 millions d’exemplaire­s en 2023 selon le Financial Times, soit près de trois fois plus que le nombre de Xbox Series écoulées sur la même période.

La communicat­ion attendue ce jeudi devrait permettre de préciser les contours de cette nouvelle stratégie. En effet, si Xbox rend disponible ses exclusivit­és sur d’autres consoles, cela pourrait diminuer encore l’intérêt pour sa console. Se pose dès lors la question de l’avenir de la fabricatio­n de tels appareils. Par le passé, Phil Spencer avait déjà esquissé un monde dans lequel il n’y aurait plus nécessaire­ment de machines dédiées aux jeux vidéo.

Comment? Grâce au cloud gaming, ou jeu vidéo à la demande. En résumé, ce n’est plus une console de salon qui réalise les calculs pour afficher un jeu sur écran, mais des machines entreposée­s dans des centres de données situés à des dizaines de kilomètres de chez soi.

Bouleverse­ment attendu

Plus besoin d’acheter des consoles ou des ordinateur­s onéreux, un écran et un accès internet suffisent. Du moins, en théorie. Pour l’heure, le jeu vidéo à la demande ne s’est pas encore montré à la hauteur. La quantité de données qui transitent est telle que le confort de jeu n’est pas souvent optimal, avec des délais d’affichage rallongés, des ralentisse­ments ou des plantages.

Selon The Verge, Microsoft aurait d’ailleurs rassuré ses employés sur ce sujet, affirmant que l’entreprise n’allait pas se retirer du marché des consoles. Après avoir licencié 1900 personnes fin janvier, le géant américain sera très écouté ce jeudi. Ses annonces pourraient profondéme­nt bouleverse­r l’industrie du jeu vidéo.

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