Le Temps

Le sort de la bière Boxer se joue en Appenzell

La brasserie ploie sous les dettes. Son salut dépend de la société alémanique Locher, qui pourrait entrer dans son capital. Il y va de la survie de l’entreprise, notamment active à Yverdonles-Bains

- CÉLINE ZÜND @celinezund

En septembre, le brasseur bien connu Boxer se montrait conquérant, annonçant dans 24 heures une extension de son site à Yverdon-les-Bains, en vue de doubler sa capacité de production. Le directeur de l’entreprise, Philipp Bucher, affirmait que les ventes avaient augmenté de 50%.

Il se félicitait d’un mariage réussi, depuis le rachat de l’entreprise en 2018 par la société zurichoise Doppelleu Brauwerkst­att AG, pour former Chopfab Boxer: «A l’époque, il y a eu des craintes à l’idée de voir arriver des Suisses alémanique­s à Yverdon. Mais nous avons réussi à mettre en place une belle collaborat­ion», mentionnai­t-il au quotidien vaudois.

Une hausse des ventes qui ne compense pas celle des coûts

Moins de six mois plus tard, le ton est radicaleme­nt différent. La société rencontre de graves difficulté­s financière­s. «Sans mesures d’assainisse­ment, la pérennité n’est pas assurée», affirmait Philipp Bucher dans l’hebdomadai­re économique Handelszei­tung, mardi.

Le même jour, le personnel de Winterthou­r et d’Yverdon, soit environ 90 employés dont 35 sur sol vaudois, était informé des turbulence­s rencontrée­s par la société.

Chopfab Boxer SA, en redresseme­nt depuis décembre, a besoin d’aide, c’est une question de «survie», précise le journal économique alémanique.

Des discussion­s ont démarré en fin d’année avec la brasserie Locher en vue d’une entrée de cette société appenzello­ise, connue pour ses «Quöllfrisc­h», dans le capital de l’entreprise à cheval entre Vaud et Zurich. Les négociatio­ns sont toujours en cours. Comment la brasserie Chopfab Boxer est-elle passée de la croissance au gouffre? «Les ventes ont bel et bien augmenté de 50% en 2023 et l’année 2024 a commencé de manière fulgurante. Le site d’Yverdon a atteint ses limites et doit augmenter ses capacités. Son extension est toujours prévue, mais on ne sait pas encore quand ce sera fait», précise au Temps Carmen Hänle, assistante de direction.

Le ton semblait d’ailleurs rassurant, mardi, face au personnel vaudois. «Les employés ont été informés que ce n’est pas Boxer qui va mal, mais plutôt Chopfab. On leur a assuré qu’il n’y aurait aucune restructur­ation à Boxer et pas de changement sur le site d’Yverdon», souligne d’ailleurs Nicole Vassalli, secrétaire syndicale à Unia dans le secteur de l’industrie.

Du côté de Winterthou­r, la direction ne fait pas de distinctio­n entre ses entités romande et alémanique. «Nous sommes une seule et même entreprise. S’il devait y avoir une restructur­ation, elle concernera­it les deux sites», souligne Carmen Hänle, tout en confirmant qu’à l’heure actuelle, l’objectif est le maintien des lieux de production, avec le même nombre d’employés.

Chopfab Boxer a déjà réduit son personnel d’environ 20% durant l’été 2023, à Winterthou­r et Yverdon. «Après cette mesure, une nouvelle réduction significat­ive du personnel peut être exclue», souligne Carmen Hänle.

«Les employés ont été informés que ce n’est pas Boxer qui va mal, mais plutôt Chopfab» NICOLE VASSALLI, SECRÉTAIRE SYNDICALE À UNIA DANS LE SECTEUR DE L’INDUSTRIE

Des signaux favorables

L’entreprise, financée par des capitaux étrangers, explique ses difficulté­s par des facteurs financiers et conjonctur­els. «Depuis la fusion en 2018, Chopfab et Boxer ont tous deux connu une croissance de 50% en volume, et ce, malgré un marché stagnant. Les deux marques connaissen­t le succès. Mais malheureus­ement, cela n’a pas suffi à compenser les coûts élevés des matières premières, les difficulté­s dans le secteur de la restaurati­on et la forte hausse des taux d’intérêt, ainsi que les amortissem­ents», indique enfin Carmen Hänle.

Le sauvetage par la brasserie Locher dépend désormais de la capacité de Chopfab Boxer à réduire sa dette. Les signaux seraient favorables, assure la direction: les banques sont entrées en matière et les créanciers se montrent disposés à renoncer à leurs prêts.

Des discussion­s sont encore en cours avec les fournisseu­rs pour revoir à la baisse les montants des factures impayées. Ensemble, Locher et Chopfab Boxer produiraie­nt environ 13% de la bière consommée en Suisse.

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