Le Temps

Exposition idéale et ensoleille­ment pour un triomphe sur une neige molle

Les organisate­urs des courses de la station valaisanne bataillent avec des conditions printanièr­es, mais le week-end a bien commencé pour Lara Gut-Behrami et Jasmine Flury, première et deuxième de la descente de vendredi

- L. PT.

C’est quasiment proverbial: Crans-Montana peut se targuer d’une exposition idéale et d’un ensoleille­ment généreux. Cela ravit les touristes en toutes saisons, mais cela désespère les skieuses lorsque les épreuves de Coupe du monde se déroulent au cours d’un mois de février qui ressemble à avril.

Vendredi, Lara Gut-Behrami a remporté la première descente du week-end devant sa compatriot­e Jasmine Flury et l’Autrichien­ne Cornelia Hütter, deuxièmes à égalité à 0’21. Il s’agit du 44e succès de sa carrière en Coupe du monde, le septième de la saison, le quatrième consécutif, et il lui permet de s’envoler au classement général. La Tessinoise de 32 ans compte désormais 105 points d’avance sur l’Américaine Mikaela Shiffrin, qui devrait être absente jusqu’au début du mois de mars. La seconde descente de samedi (10h30) et le super-G de dimanche devraient constituer de nouvelles occasions de creuser l’écart. Mais ce n’est pas à cela qu’elle pensait quelques minutes après sa victoire. Au micro de la RTS, elle le dit: si elle avait le pouvoir de décision, elle plaiderait pour l’annulation des prochaines courses.

Dompter les vagues

Seule une athlète victorieus­e et au top de sa forme peut se permettre une telle déclaratio­n. Mais Lara Gut-Behrami n’est de loin pas la seule à pointer le danger que font planer les courses du week-end sur la santé des athlètes. Toutes louent les efforts des organisate­urs, qui «font le maximum pour que la piste soit en bon état». «Mais on ne peut pas faire de miracles quand il fait 15 °C», souligne Lara Gut-Behrami.

Le problème? La neige est trop molle. Oui, comme dans Les Bronzés font du ski, sauf qu’en l’occurrence, la situation n’a rien de drôle. La piste marque au moindre coup de carre, ce qui crée des aspérités imprévisib­les, «comme des vagues», dit Noémie Kolly après avoir pris le 24e rang de la descente dont l’arrivée avait été «remontée» de quelques centaines de mètres. L’un des principaux secteurs à risque se situait en effet après la ligne: les skieuses la franchisse­nt à très grande vitesse (137 kilomètres-heure pour Lara Gut-Behrami lors du dernier entraîneme­nt) et n’ont que peu d’espace pour s’arrêter. «Or, sur ces fameuses vagues, c’est très difficile de freiner», reprend Noémie Kolly. Dès les entraîneme­nts, plusieurs athlètes ont chuté dans ces circonstan­ces. Vendredi, la situation aurait été problémati­que dès le passage de quelques athlètes. Pour les dernières des 49 engagées? Carrément casse-gueule.

«En coupant l’effort plus haut, les skieuses peuvent profiter de toute la largeur du dernier mur pour décélérer», décrypte Denis Corthay, espoir du ski suisse qui fonctionne comme ouvreur ce week-end à Crans-Montana.

«Un boulot de dingues!»

Mais la mesure, «nécessaire» au goût de Lara Gut-Behrami, n’a pas forcément vocation à être répétée ce week-end. «Aujourd’hui, c’était la bonne décision à prendre, lance Marius Robyr, président du comité d’organisati­on. Au-delà, le principe, c’est d’assurer la sécurité. Mais nous allons essayer de préparer la piste pour que l’arrivée puisse se faire en bas lors de la descente de samedi.» L’homme, qui se retirera après les épreuves du week-end, sait ce que cela implique pour les petites mains de l’événement: «Un boulot de dingues! Il va falloir arroser, saler, il y en a pour des heures et des heures, mais on va le faire.»

Lara Gut-Behrami, bien sûr, ne fera pas l’impasse si le départ est donné. «Aujourd’hui, c’était limite, j’ai failli partir à la faute plusieurs fois car la neige ne tenait pas. Mais on sait que chaque degré peut faire la différence et qu’il ne faudrait pas grand-chose pour que les conditions soient meilleures.»

Vendredi après-midi, les prévisions météo laissaient présager d’un samedi matin un peu plus frais, mais sous un soleil inexorable­ment généreux, comme s’enorgueill­issent les communes du Haut-Plateau.

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