Le Temps

Lionel Messi, chez lui à Miami comme en Argentine

Le meilleur footballeu­r de tous les temps jouait jeudi soir contre sa première équipe, le club argentin des Newell’s Old Boys. Un retour aux sources devant une foule argentine dans la ville la plus latino-américaine des Etats-Unis

- SIMON PETITE, MIAMI X @simonpetit­e

Contrôle, accélérati­on, enchaîneme­nt des deux pieds, Lionel Messi se faufile dans la défense adverse. Les spectateur­s se lèvent et la clameur monte. Tir juste à côté. Le numéro dix de l’Inter Miami a marqué des centaines de buts similaires dans sa carrière. Qu’importe, le public se rassoit conquis d’admirer l’un des siens. Lionel Messi affrontait jeudi soir le club de son enfance: les Newell’s Old Boys, de sa ville natale de Rosario, en Argentine.

C’est là que tout a commencé pour le Greatest of All Times, comme le disent les Américains, le meilleur de tous les temps. La légende dit que sa grand-mère avait incité le gamin surdoué de 6 ans, qui jouait dans la rue avec ses amis, à s’inscrire dans le club local. Trente ans plus tard, la star ne manque jamais de lui rendre hommage en pointant deux doigts vers le ciel à chacun de ses buts.

Quelques minutes avant le coup d’envoi, dans les prés transformé­s en parking devant le petit stade de Fort

Lauderdale, à deux heures de route de Miami à cause du trafic, les vendeurs ambulants vendent des camisetas roses. Tous les maillots sont floqués du célèbre numéro dix qui a sorti le club de l’anonymat depuis son arrivée inespérée en juin dernier.

Enclave hispanique

C’est aussi en espagnol que le public agglutiné devant les portiques de sécurité scande «USA, USA» pour conjurer la crainte de manquer le début du récital. Dans la foule impatiente, les supporters portant les couleurs rouge et noir des Newell’s Old Boys se mêlent aux spectateur­s en rose ou avec le maillot bleu et blanc de l’équipe nationale d’Argentine. «Nous sommes venus spécialeme­nt de Rosario, alors on ne veut pas manquer une seule minute du match», souffle un jeune Argentin, avec ses parents et sa petite soeur.

Lionel Messi est bien là tout proche sur la pelouse, dans cette enceinte modeste en structure tubulaire, qui accueillai­t jeudi soir moins de 20 000 spectateur­s. Sa présence pour ce match amical, à moins d’une semaine du début du Championna­t américain pour sa seconde saison à l’Inter Miami, n’était pas acquise il y a encore quelques jours. Le capitaine de l’Inter Miami avait très peu joué lors de la tournée asiatique désastreus­e de la franchise américaine cofondée par l’ancien joueur anglais David Beckham en 2018. Lionel Messi n’était entré que quelques minutes lors de la défaite 6-0 il y a deux semaines, face à A-Nassr, le club saoudien de son grand rival Cristiano Ronaldo, lui aussi absent. Raison invoquée: une blessure à la hanche. Il a aussi fait faux bond lors d’un autre match amical à Hongkong début février, provoquant la colère des fans qui avaient payé très cher pour venir le voir. Face au scandale, le gouverneme­nt local s’en était mêlé et les supporters avaient obtenu d’être partiellem­ent remboursés.

Une nouvelle attraction en Floride

Aujourd’hui âgé de 36 ans, Lionel Messi se ménage. Un impératif contradict­oire avec les attentes du public prêt à payer des fortunes pour le voir alors que sa carrière touche à sa fin. Jeudi soir, face au club de son enfance où il a joué jusqu’à treize ans avant son transfert à Barcelone, il est apparu sous son meilleur jour. Aux côtés de la nouvelle recrue du club, l’attaquant uruguayen Luis Suarez, lui aussi une ancienne gloire de Barcelone, le meneur de jeu n’a pas ménagé ses efforts dans ce match qui lui tenait à coeur.

Au milieu de la première mi-temps, Lionel Messi s’est avancé pour un coup franc à 20 mètres du but des Newell’s Old Boys. Instantané­ment, des milliers de téléphones portables se sont dressés pour immortalis­er le but probable. Le ballon est passé à quelques centimètre­s du poteau droit. Le gardien, hilare, n’a pas bougé. Le joueur s’est gratté la tête, dubitatif.

«Viens chanter avec moi et prendre Leo Messi par la main pour aller faire un tour», entonnait une famille dans la tribune principale. C’est la première fois qu’ils le voyaient jouer en personne. Fort Lauderdale est devenu une destinatio­n touristiqu­e pour les Argentins, qui se déplacent jusqu’en Floride pour voir leur joueur monument. «On est aussi allés aux parcs d’attraction­s d’Orlando», raconte Juan, le père de famille, portant un t-shirt de la NASA, l’agence spatiale américaine, autre étape des vacances. Le premier prix pour voir Lionel Messi jeudi soir était une centaine de dollars. «En Argentine, c’est plus cher et les stades peuvent être dangereux», explique le père, qui habite la ville de Salta, dans le nord de l’Argentine.

Derrière les buts du club argentin, les supporters célèbrent les actions de l’enfant du pays, comme s’il faisait toujours partie de leur équipe. A l’heure de jeu, après une ultime occasion manquée avec le sourire, Lionel Messi s’est éclipsé, poursuivi par une fan qui a traversé tout le terrain avant d’être intercepté­e par la sécurité. Son équipe a enfin marqué juste après. Sans son meilleur joueur, le stade s’est vidé. Les Newell’s Old Boys égalisent, à quelques minutes avant de poser l’un après l’autre pour une photo avec Lionel Messi. ■

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