Avec l’aulne et le noisetier, la saison des pollens a débuté en trombe
Depuis fin janvier, les personnes allergiques souffrent particulièrement. En cause: un hiver radieux et une concentration de pollens
Si vous aussi vous souffrez d’allergie aux pollens, il y a de fortes probabilités que vos yeux vous grattent et que vous n’arrêtiez plus d’éternuer. Frustrant pour un mois de février. Ce n’est qu’un début, prévient Bernard Clot, chef du département de biométéorologie chez MétéoSuisse. «La saison du pollen a commencé et on constate de fortes concentrations ces deux dernières semaines en particulier pour l’aulne et le noisetier qui sont des arbres précoces.» Le spécialiste précise toutefois que la situation n’est pas inédite. «L’aulne et le noisetier fleurissent depuis toujours en hiver même si on constate que ça commence désormais de plus en plus tôt à cause de la douceur du climat. Ce sont des plantes qui sont habituées à fleurir dès qu’il y a quelques jours de beau temps. Les allergies se marquent d’autant plus ces dernières années car, en fonction des vagues de froid, la floraison se bloquait par périodes. Avec la douceur et le beau temps de ces dernières semaines, il y a de fortes concentrations de pollens dans l’air.»
Spécialiste en allergologie, le docteur Roland Oppliger constate que, depuis deux semaines, ses patients se plaignent de premiers symptômes. Le médecin, qui tient un cabinet à Nyon, évoque lui aussi une tendance à l’augmentation de la concentration de pollen. «Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce phénomène, mais l’une des causes est l’homme. Dans les villes, de nombreux arbres, plutôt résistants, ont été plantés. Et parfois ça a un impact considérable. Le cas le plus connu se trouve à Buchs (SG), où les autorités ont planté des aulnes pourpres tout le long de l’avenue de la gare. Quelques années plus tard, l’allergologue du coin a observé chez ses patients des allergies apparaître à des moments inhabituels.»
Prochain pic à l’horizon fin mars
Malgré cette précocité, Roland Oppliger refuse de parler d’une modification des périodes de pollinisation. «On observe de légers changements mais ils dépendent principalement d’autres facteurs. Par exemple, l’intensité de la concentration de pollen dépend principalement des taux de pluviométrie qu’il y a eus en automne.»
Bernard Clot observe deux grandes tendances dans le changement de la pollinisation. «Les saisons de chaque pollen sont décalées vers une date plus précoce car la floraison commence plus tôt. Le second développement se situe au niveau de la concentration de pollen des arbres, qui a explosé.» Le biométéorologue estime que l’augmentation de gaz carbonique dans l’air n’y est pas pour rien. «Les plantes s’en nourrissent et vu que sa concentration est en progression, elles deviennent plus grandes et produisent plus de pollen.» Le nombre et le type d’arbres plantés dans et autour des villes jouent certainement un rôle majeur.
En attendant, les personnes allergiques aux pollens devront se montrer patientes. «Ce qu’on peut leur souhaiter, c’est qu’il y ait quelques jours de pluie afin de remettre le compteur à zéro», commente Roland
Oppliger. Bernard Clot a des astuces qui devraient leur rendre la vie meilleure. «On conseille de porter des lunettes, car quand les yeux sont irrités, ils sont plus sensibles à la lumière du soleil. Sinon, depuis le covid, certains spécialistes estiment qu’il peut être favorable de porter un masque lors des périodes de forte concentration même s’il ne faut pas le mettre toute l’année afin d’éviter d’affaiblir son immunité.» Les spécialistes conseillent aussi de ne pas laisser les habits portés à l’extérieur dans la chambre à coucher et d’aérer les pièces de la maison lors des périodes de pluie.
Le prochain gros pic de pollens est attendu entre le 20 mars et 10 avril avec la floraison du frêne, puis celle du bouleau. Dès fin avril ou début mai, les graminées seront de retour jusqu’à la fin de l’été. ■