Le Temps

Cinq idées d’évasion sans prendre l’avion

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Considéré comme le transport le plus polluant, l’aérien fait aussi perdre la notion du voyage. Il nous téléporte à l’autre bout de la planète sans qu’on ait rien vu du monde. Voici quelques suggestion­s d’aventures où le déplacemen­t compte autant que la destinatio­n

Il s’appelle Torbjorn Pedersen mais les gens l’appellent Thor. Il est Danois, a 46 ans. Il a fait le tour du monde sans prendre l’avion, soit 203 pays visités sans passer par les airs. Pour aller au Groenland, il est monté à bord d’un crevettier. Pour traverser l’Atlantique, il a passé 12 nuits dans un cargo. Thor voulait montrer qu’on pouvait voyager avec 20 dollars par jour tout en réduisant son empreinte carbone. Selon l’Agence européenne de développem­ent, l’avion est le transport le plus polluant, loin devant le train. Thor voulait aussi montrer que le voyage compte autant, voire plus, que la destinatio­n.

A bord d’un train ou d’un bateau, on traverse des espaces, des océans, on rencontre des gens, bref, on renoue avec les distances et le temps long. Parti le 10 octobre 2013 de son pays natal, Thor est revenu le 26 juillet 2023. Oui, dix ans de voyage! Certes, personne n’a dix ans devant lui ou elle pour voyager, mais on s’est dit que nous pouvions nous aussi renouer avec les distances. Alors voici cinq idées pour prendre le large sans avion.

La Sicile en deux trains

Et le train vole au-dessus de la mer, calme, bleue et transparen­te. Rejoindre la Sicile par le train? C’est possible. Depuis la Suisse, il faut prendre l’EuroCity pour Milan, puis le train de nuit Milan-Palerme ou Milan-Catane (tous les jours à 20h10, 21 heures de trajet). Vous traversere­z ainsi la côte calabraise, ses plages blanches et ses rochers déchiqueté­s. Au sud de la Botte, «le train est transporté par bateau jusqu’en Sicile par le détroit de Messine», explique Nicolas Breton, chargé de développem­ent chez Viatao, une maison d’édition spécialisé­e dans le tourisme durable. Une fois sur l’île, le train se divise en deux, l’un file à Palerme, l’autre à Catane. Prix: à partir de 130 francs l’aller. Réservatio­ns: Raileurope.com, trenitalia.it ou thetrainli­ne.com

La Laponie suédoise par les rails

Des champs roux, des forêts de bouleaux arctiques: voilà ce qu’on voit à travers les fenêtres du Stockholm-Abisko. «C’est l’un des plus beaux trains qu’on ait pris», se souviennen­t Fabienne et Benoît, un couple de Suisses ayant réalisé un tour du monde en 2013 et 2014 et auteur du blog de voyage «Novo-Monde». Le véhicule traverse les plaines suédoises puis la Laponie, cette région connue pour ses aurores boréales, ses fjords et son peuple autochtone éleveur de rennes, les Samis. Au bout de 16 heures, on débarque au terminus, Abisko, petite ville de 85 habitants au bord du lac de Torneträsk. Sur place, Fabienne et Benoît conseillen­t de faire le trek du Kungsleden, 450 kilomètres à travers la Laponie. Depuis Genève,

six trains sont nécessaire­s pour rejoindre Abisko: Genève-Biel/Bienne, Biel/BienneBâle, Bâle-Hambourg, Hambourg-Stockholm, Stockholm-Abisko. Le trajet dure une quarantain­e d’heures en tout. Prix: à partir de 280 euros l’aller. Réservatio­ns: https://www.sbb.ch/ (Suisse), https://int.bahn.de/fr (Allemagne), https://www.sj.se/ (Suède)

Ljubljana en bus

C’est l’une des capitales les plus discrètes et charmantes d’Europe: Ljubljana, en Slovénie. Un décor de théâtre: des palais baroques, des canaux, un château et de grands saules pleurant dans la rivière. A 1000 kilomètres de Genève, Ljubljana est accessible par la route. Une compagnie aux bus verts opère entre les deux villes: Flixbus. Le direct de nuit met environ 16 heures, traverse la Suisse, passe en Allemagne, en Autriche. Sinon, un train relie

Ljubljana à Zurich. «Depuis Ljubljana, les possibilit­és de balade sont légion», nous dit Emmanuel Maisonneuv­e, auteur du blog de voyages «Prêt pour l’aventure» et adepte des trajets bas carbone. A 45 minutes de la capitale, il y a un endroit surnommé le «pays des lacs», dans les Alpes juliennes. C’est la vallée de Jezersko, le paradis des marcheurs. Prix: à partir de 50 francs. Réservatio­ns: flixbus.ch

Les Amériques en cargo

Il n’y a pas de piscine, ni de cinéma. Les cargos ne sont pas des ferrys, ce sont des navires de transports, souvent des porte-conteneurs. Certains d’entre eux prennent des voyageurs, une dizaine maximum. A bord, le confort est spartiate, on dort en cabine et on mange avec le personnel navigant. On ne monte pas à bord d’un tel mastodonte pour faire du tourisme mais pour s’imprégner du monde de la mer.

Ce genre d’aventure s’adresse aux adeptes des voyages au long cours: compter une dizaine de jours pour rejoindre les Etats-Unis, par exemple. «L’efficacité énergétiqu­e du cargo compense sa lenteur», écrit Lonely Planet dans son mode d’emploi du cargo. Selon le guide, «un porte-conteneurs transporta­nt 5000 conteneurs équivaut à 2500 semi-remorques collés les uns après les autres sur 40 km». Prix: à partir de 100 euros par jour. A partir de 1200 euros pour les Etats-Unis. Réservatio­ns: GNGL, Cargoholid­ays, CMA CGM.

Traversée de la Suisse à pied

Ils ont visité la Lettonie, la Birmanie, l’Australie. Ils ont vu le désert d’Atacama au Chili, l’Himalaya au Népal et les eaux turquoise de Croatie. Leur meilleur souvenir de voyage? «La traversée de la Suisse en 2018», assurent Fabienne et Benoît (cités plus haut). Les deux amoureux ont marché vingt-trois jours à travers les Alpes suisses sur la Via Alpina. Ce chemin de randonnée traverse les huit pays de l’arc alpin, de la Slovénie à la France: 5000 kilomètres en 342 étapes. En Suisse, l’itinéraire débute à Sargans et se termine au bord du Léman, à Montreux: 390 kilomètres. «On a été dépaysés dans notre propre pays», se souvient le couple. Depuis Genève, il suffit de prendre un train jusqu’à Sargans et de se lancer sur le chemin balisé. Informatio­ns: schweizmob­il.ch/fr/ suisse-a-pied/itineraire-1

T. P. ■

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(Dora Formica pour Le Temps)
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