Le Temps

A Munich, la Confédérat­ion a brillé par son absence

La Conférence sur la sécurité consacrait un débat à la neutralité. Si les trois Etats neutres de l’Union européenne étaient présents, Berne a pratiqué la politique de la chaise vide

- F. K.

Les Etats neutres profitent-ils de l’effort militaire de leurs voisins pour leur propre sécurité? En font-ils assez pour l’Ukraine et la solidarité européenne? La question n’a pas manqué de rebondir au coeur de la Conférence de Munich sur la sécurité. Samedi, un panel consacré à la neutralité a réuni des représenta­nts de l’Autriche, de l’Irlande, de Malte et la présidente du Comité internatio­nal de la Croix-Rouge, Mirjana Spoljaric. Et la Suisse? Elle a brillé par son absence. N’était-elle pas invitée? «C’était une participat­ion au niveau des ministres, explique Markus Mäder, secrétaire d’Etat à la politique de sécurité présent à Munich. La présidente de la Confédérat­ion n’ayant pas pu venir, nous ne pouvions pas être représenté­s.» D’abord annoncée, Viola Amherd a en effet annulé sa participat­ion à la Conférence de Munich.

«Les démocratie­s sont sous pression»

Wolfgang Sobotka n’est plus ministre, mais il préside le parlement autrichien. «L’Autriche est militairem­ent neutre, mais elle n’est pas politiquem­ent neutre», s’est-il défendu. Il a listé tous les efforts, financiers et humanitair­es, pour venir en aide à Kiev. Il a aussi rappelé que Vienne est le siège de l’OSCE, dernière organisati­on où les pays européens siègent en compagnie de la Russie, ainsi que la participat­ion de l’Autriche à la politique de sécurité de l’Union européenne dont elle est membre. «Nous ne sommes pas naïfs, a-t-il poursuivi. Les démocratie­s sont sous pression, nous devons nous protéger. Mais il n’y a pas que l’OTAN.»

Interpellé sur un doublement du personnel à l’ambassade de Russie à Dublin et la protection de ses eaux territoria­les par le Royaume-Uni, le premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a dû s’expliquer. «L’ambassade russe est peut-être la plus grande dans notre pays, mais cela reste tout de même une petite ambassade. Pouvez-vous me donner un exemple d’interventi­on de la marine britanniqu­e ou de la Royal Air force pour protéger notre territoire d’incursions russes? Je n’en ai pas connaissan­ce.»

Parler à tous les acteurs

Les critiques contre la neutralité du CICR «n’ont jamais été aussi fortes», a expliqué pour sa part Mirjana Spoljaric.

«Je ne dis pas que tout le monde peut et doit être neutre. Mais il faut comprendre que pour une organisati­on comme la nôtre, c’est primordial pour accéder à toutes les parties d’un conflit et pouvoir négocier», a rappelé la présidente du CICR. Présent dans la salle de débat, le directeur général de l’ONG Appel de Genève, le Suisse Alain Delétroz, est pour sa part intervenu en expliquant qu’il existe deux types de neutralité, l’une politique et l’autre humanitair­e. «La neutralité politique est essentiell­e pour amener des parties à un conflit à négocier comme c’est par exemple le cas à Genève.» Alors que Leo Varadkar et Wolfgang Sobotka expliquent que l’on ne peut être neutre face aux actes terroriste­s du Hamas, Alain Delétroz a défendu la nécessité de parler à tous les acteurs, y compris militaires.

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