Copilot, une IA intéressante mais loin d’être extraordinaire
INNOVATION Microsoft propose depuis peu la version payante de son assistant. Sur Mac, lié à l’abonnement Microsoft 365, l’expérience est encore décevante
La promesse est alléchante. «A l’ère de l’innovation technologique accélérée, Microsoft continue de repousser les limites de l’interaction entre l’homme et la technologie», affirmait le 16 janvier dernier le géant américain de la technologie. Microsoft annonçait alors le lancement, en Suisse, de la version pro de son assistant Copilot, basé sur l’intelligence artificielle (IA). Depuis un peu plus d’un mois, il est ainsi possible d’utiliser l’assistant personnel le plus avancé de cette entreprise. Que vaut-il? Réponse en une phrase: s’il donne parfois des résultats convaincants, l’expérience est parfois compliquée et frustrante.
D’abord, il faut se plonger dans les offres de Microsoft. Il y en a trois: Copilot, Copilot Pro et Copilot pour Microsoft 365. La première offre des services relativement larges: une IA permettant de créer des résumés, de générer du texte et de fabriquer des images (le service ne s’appelle d’ailleurs plus Bing, mais Designer). La version pro, qui coûte 21 francs par mois, s’adresse quasiment à des professionnels: elle comprend un accès garanti aux IA les plus avancées (GPT-4 et GPT-4 Turbo) durant les heures de pointe, l’intégration de Copilot dans ses services bureautiques Microsoft 365 (tels Word et PowerPoint) et la possibilité de créer davantage d’images chaque jour. Et Copilot pour Microsoft 365 est la version pour la suite bureautique, coûtant 21 francs par mois – il faut donc ajouter ce prix aux 69,95 francs annuels que l’on dépense pour accéder à la version dite «Personnel».
Aucun résumé
Pas facile de distinguer ces offres, donc. Nous avons testé Copilot Pro avec Microsoft 365. On remarque tout de suite que dans certaines applications, le logo de Copilot apparaît, sous la forme d’un petit ruban. Commençons par Word. Première étape, demander à Copilot de résumer un texte de trois pages. Après cinq messages d’attente différents, rien: aucun résumé n’est généré et le service semble tourner dans le vide. C’est incompréhensible.
Autre expérience, la création d’une lettre de postulation pour un travail de plombier, en insérant des gags. La lettre est correcte, avec au milieu ces phrases: «Je suis rigoureux, organisé, et soucieux de la qualité de mon travail. Et je ne suis pas du genre à vous faire des tuyaux percés!» Mission accomplie cette fois, donc.
Restrictions sur Mac
Ensuite, passons à PowerPoint. Lorsqu’on demande de créer une présentation sur les dinosaures, le logiciel s’exécute, rajoute des pages sur demande et avertit aussi: «Le contenu généré par l’intelligence artificielle peut être inexact.» Effectivement, le texte parle des brontosaures, et les images insérées par l’IA montrent des dinosaures carnivores. Copilot suggère aussi d’utiliser le système «Concepteur» pour créer des diapositives: il faut donc s’habituer à jongler entre ces deux services. Mais cela semble prometteur.
Ensuite, essayons d’utiliser Copilot au sein d’Outlook. Eh non, impossible: pour le moment, Copilot n’est pas proposé au sein d’Outlook sur un Mac. C’est bien dommage.
«Différents fichiers proposés en «open data» n’ont pas été pris en charge ou l’outil a buggé en cours de génération»
ÉVALUATION DU SITE SPÉCIALISÉ ZDNET
Le site spécialisé ZDNet a pu tester le service au sein d’Outlook pour Windows. Et le résultat est correct: «L’agent virtuel se propose de faire un résumé des e-mails entrant sous forme de points clés. […] La teneur des messages est bien restituée en dépit de quelques approximations», écrit ZDNet. «La fonction «coach» évalue la qualité de votre brouillon avant envoi et préconise quelques conseils concernant, par exemple, le formalisme à adopter. Utile pour corriger d’éventuelles fautes grossières. Inutile quand l’IA propose des tournures de phrase trop policées voire obséquieuses», poursuit le site. Quant à la suggestion de créneaux horaires pour fixer un entretien entre deux correspondants, elle propose des rendez-vous à des moments où l’on est déjà occupé…
Verdict mitigé
Qu’en est-il d’Excel? Mystère: dans notre version pour Mac, le logo Copilot apparaît en gris, impossible de l’activer… Comme le précise ZDNet, le service «n’est proposé qu’en préversion et en anglais». Le site constate que «les essais n’ont pas été concluants. Différents fichiers proposés en open data n’ont pas été pris en charge ou l’outil a buggé en cours de génération.»
Le verdict est donc mitigé, en tout cas pour ce test, en français, sur un Mac. Sans doute que sur un PC, avec l’intégration de Copilot dans Windows, l’expérience est plus riche. Mais pour le moment, Copilot Pro sur un Mac lié à l’abonnement Microsoft 365, ce n’est pas extraordinaire.
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