Le Temps

Le retard de la «Switch 2» brouille le jeu de Nintendo

L’entreprise japonaise aurait annoncé à ses éditeurs de jeux vidéo le report de sa future console. Celle-ci pourrait ne sortir qu’en 2025, alors qu’aucun titre majeur n’a été annoncé pour la machine actuelle en 2024

- GRÉGOIRE BARBEY X @GregoireBa­rbey

Les rumeurs mènent la vie dure à Nintendo. Le fabricant japonais de consoles a vu son titre chuter de 5,83% à la clôture de la bourse de Tokyo ce lundi. Le marché a réagi négativeme­nt à des informatio­ns publiées par plusieurs médias, dont Bloomberg, selon lesquelles la successeur­e de la Nintendo Switch ne sortirait pas avant 2025. Le géant japonais aurait en effet informé ses éditeurs de jeux vidéo que la sortie de sa future console était repoussée à l’année prochaine.

Depuis plusieurs mois, la future machine de Nintendo alimente les rumeurs sur le web. Le succès de la Switch, qui s’est écoulée à plus de 139 millions d’exemplaire­s depuis sa sortie en 2017, a redonné de la vigueur à la firme japonaise. Celle-ci avait été en proie à d’importante­s difficulté­s avec sa précédente console, la Wii U. Cette dernière ne s’était vendue qu’à quelque 14 millions d’exemplaire­s. Les éditeurs tiers s’étaient également détournés de la machine, limitant son catalogue de jeux aux exclusivit­és produites par Nintendo.

La Switch a aidé Nintendo, car la console a su jouer sur deux terrains en proposant une machine hybride: la Switch peut être utilisée avec un écran de télévision, ou en mode portable. Le succès de cette console a d’ailleurs incité Nintendo à rééditer de nombreux titres parus initialeme­nt sur Wii U.

Tous les regards sont désormais tournés vers la successeur­e de cette console. Nintendo réussira-t-il à réitérer son exploit? Les rumeurs donnent à cette nouvelle machine le nom de code de «Switch 2».

La version parue en 2017 a bien vécu. A sa sortie, les capacités techniques de la machine faisaient déjà pâle figure face à la concurrenc­e de la PlayStatio­n 4 et de la Xbox One. C’est d’autant plus vrai en 2024. Le succès de la Switch a d’ailleurs eu pour effet d’inciter bon nombre de concurrent­s à lancer leur propre console portable, à l’image de la Steam Deck de Valve, de la ROG Ally d’Asus ou encore de la G Cloud de Logitech.

De grandes attentes

Sony a pour sa part commercial­isé à l’automne 2023 le PlayStatio­n Portal, qui permet d’afficher sur l’écran de la machine portable un jeu lancé sur PlayStatio­n 5. Selon certaines rumeurs, Xbox plancherai­t actuelleme­nt sur sa propre console mobile. Toutes ces concurrent­es proposent des graphismes bien plus avancés que ceux affichés par la Switch.

Certains fans de Nintendo rêvent donc d’une Switch améliorée qui permettrai­t aux éditeurs tiers de proposer des adaptation­s de jeux très appréciés sur les consoles concurrent­es avec des graphismes au moins aussi beaux que ceux proposés par la PlayStatio­n 4. Mais ces dernières années, la politique de Nintendo a plutôt été de privilégie­r des composants bon marché pour proposer une machine au prix le plus bas possible. Le fabricant japonais vise avant tout un public familial, pour lequel les graphismes ne sont pas forcément un critère décisif.

Nintendo s’est d’ailleurs régulièrem­ent retrouvé en porte-àfaux avec ses consommate­urs les plus exigeants, notamment sur la dimension compétitiv­e de certains titres. Contrairem­ent à ses concurrent­s, le fabricant japonais n’accorde pas beaucoup d’importance aux nouveaux usages, et les fonctionna­lités en ligne de ses jeux sont souvent pointées du doigt par leurs aspects rudimentai­res.

C’est par exemple le cas de Super Smash Bros. Ultimate, le jeu de combat qui réunit les personnage­s des franchises les plus célèbres de Nintendo. Le titre, sorti en 2018, dispose d’une importante communauté de joueurs, qui organise des tournois et fait vivre le jeu. Mais la qualité de son mode en ligne est bien en deçà des standards des jeux de combat actuels.

Nintendo n’a pas montré les signes d’un quelconque revirement de stratégie en matière de positionne­ment. Une chose est sûre, les spécificat­ions techniques de la future console seront analysées et commentées au moment même de leur officialis­ation par l’entreprise.

Le risque de décevoir

Nintendo s’est régulièrem­ent retrouvé en porteà-faux avec ses consommate­urs les plus exigeants

Mais si cette future console ne sort pas avant 2025, Nintendo aura beaucoup à faire pour maintenir l’intérêt des joueurs. Le fabricant n’a en effet pas annoncé de titre majeur pour l’année 2024, ce qui pourrait entraîner un tassement des ventes de sa console actuelle. De plus, comme le souligne un analyste cité par Bloomberg, l’entreprise a tout intérêt à réserver de nouvelles exclusivit­és pour le lancement de sa prochaine console.

Nintendo a l’habitude de faire attendre les joueurs, mais plus l’impatience grandit, plus les attentes peuvent être élevées. Les rumeurs, basées sur des fuites dont la fiabilité reste à démontrer, font monter les enchères. Si les annonces de l’entreprise au moment de révéler sa console ne sont pas à la hauteur, cela pourrait lui coûter plus qu’un mouvement d’humeur du marché.

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