Sur le dossier de l’asile, Beat Jans rassure la Suisse depuis Chiasso
Avant d’affronter l’épreuve du feu à Berne – où plusieurs thèmes liés à l’asile seront débattus lors de la session parlementaire débutant lundi –, le nouveau chef du DFJP expose ses mesures pour soulager le système
A Chiasso hier, Beat Jans s’est voulu rassurant sur le difficile dossier de l’asile. En visite au sud des Alpes, quelques semaines après son élection et trois mois et demi après la venue de sa prédécesseure, Elisabeth Baume-Schneider, le nouveau chef du Département fédéral de justice et police (DFJP) a listé une série de mesures concrètes «pour calmer la situation».
Après la visite d’un nouveau centre fédéral pour requérants d’asile qui devrait ouvrir ce printemps, après s’être entretenu avec une délégation du Conseil d’Etat et les maires des communes les plus méridionales du pays – Chiasso, Balerna et Novazzano –, le nouveau conseiller fédéral s’est également adressé aux journalistes. «Je sais que la situation est très tendue dans le canton», a reconnu le Bâlois. Qui a énoncé des stratégies «pas uniquement pour le Tessin, mais qui seront évaluées pour toute la Suisse, afin de soulager le système d’asile».
Mesures concrètes et procédures accélérées
D’une part, il s’agit de réduire le nombre des auteurs multirécidivistes de petits crimes – vols, rixes, comportements antisociaux… «Les cantons seront encouragés à mettre à profit tout l’arsenal des mesures prévues dans le Code pénal et le droit des étrangers, actuellement sous-exploitées, La Confédération les soutiendra.» Le socialiste souligne que ceux qui posent problème «sont une petite minorité, mais ils font de gros dégâts».
D’autre part, la procédure d’asile accélérée pour les citoyens du Maroc, d’Algérie, de Tunisie et de Libye – pays dont les ressortissants ont moins de 1% de chance d’être accueillis en Suisse – sera adoptée dès avril.
Procédure accélérée, cela veut dire sur 24 heures au lieu de 140 jours, et cela à la suite du succès du projet pilote en cours à Zurich depuis cet automne. Par ailleurs, les centres pourraient fermer les fins de semaine pour lutter contre l’utilisation abusive des infrastructures de l’asile. «Certains requérants entrent le vendredi soir et sortent le dimanche, sans laisser leur identité et leurs empreintes; les centres ne sont pas des dortoirs», signale-t-il, assurant que les personnes vulnérables continueront d’être prises en charge le weekend.
La collaboration entre tous les acteurs concernés – police, cantons, communes, Confédération… – sera intensifiée et plus soutenue, «pour promouvoir les échanges et réagir rapidement». Une attention particulière sera donnée aux mineurs non accompagnés, notamment en assurant la scolarisation des jeunes de 13 à 16 ans.
Enfin, les requérants d’asile seront davantage mis à contribution pour des travaux d’utilité publique. «Il s’agit aussi de promouvoir les échanges avec la communauté», soutient le conseiller fédéral. Selon lui, ces mesures permettront à la fois de réduire le nombre de demandes d’asile et de traiter les 15 000 demandes pendantes à Berne, «libérant des lits pour qui a véritablement besoin de notre protection et soulageant le personnel».
D’autant que le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) s’attend à quelque 30 000 demandes d’asile, à l’instar de l’année dernière.
Renforcer la sécurité aux alentours des centres
A ses côtés, le président du Conseil d’Etat tessinois, Raffaele De Rosa (Le Centre), a entre autres rappelé l’importance de renforcer la sécurité à l’intérieur et autour des centres. «Le Tessin a toujours fait montre de solidarité, mais là, le sentiment d’insécurité s’est accru.» Il s’est également dit reconnaissant «des pas concrets faits dans la bonne direction».
Des «pas» qui sont bienvenus également pour la cheffe du Département du territoire et de la sécurité publique de Chiasso, Sonia Colombo Regazzoni (PLR), qui relève que depuis le début de l’année la police communale est intervenue 68 fois pour des problèmes impliquant des requérants d’asile. «C’est beaucoup si l’on considère qu’ils sont quelque 380. Si la procédure d’asile accélérée est implantée, cela fera une belle différence.»
Pour sa part, le maire de Balerna, Luca Pagani (Le Centre), accueille à bras ouverts la proposition d’augmenter les postes dévolus aux travaux publics, estimant qu’il est prioritaire de renouer le rapport entre la population et les requérants. «Pendant le carnaval, ils nous ont bien aidés avec les cabanons et tout; c’était très bien.»
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