Le Temps

Trois génération­s de femmes pour une réconcilia­tion

Situé dans une ferme de Virginie, «Au fil des saisons», le deuxième long métrage de Hanna Ladoul et Marco La Via, est touchant à défaut d’être original. Avec Catherine Deneuve en ex-hippie excentriqu­e

- STÉPHANE GOBBO @stephgobbo

XUn film coproduit entre la Belgique et la France, avec le soutien prestigieu­x de Martin Scorsese, pour une histoire qui se déroule aux Etats-Unis, dans l’Etat de Virginie, avec Catherine Deneuve en second rôle de luxe dans la peau d’une Française… Au fil des saisons est un long métrage anglophone, mais qui a apparemmen­t été tourné en Europe. Intriguant, forcément, et au final pas aussi mauvais qu’on peut le lire ici ou là, même si on est plus dans une esthétique téléfilm de luxe que cinéma d’auteur.

Tout commence par le retour de la jeune Charlie dans la ferme où sa mère Laura vit au contact de la terre et de ses poules adorées, qu’elle adopte pour les sauver d’une exécution certaine lorsqu’elles ne pondent plus suffisamme­nt pour les normes des grands élevages. Laura combat un cancer, et Charlie va rapidement devoir se résoudre à ne pas retrouver rapidement les bancs de l’université. Etudiante en finance, elle ne pense pas avoir grand-chose en commun avec cette mère adepte de décroissan­ce.

Personnage­s masculins inutiles

Même si tout cela est cousu de fil blanc, le film trouve peu à peu son rythme pour proposer quelques beaux moments

Mais la jeune fille n’est pas au bout de ses surprises: voici que débarque Solange (Deneuve), qui se présente comme sa grand-mère, et dont elle ignorait l’existence. Post-hippie excentriqu­e ayant vécu le Summer of Love californie­n de 1967, Solange est donc Française et avait rapidement abandonné sa fille, peu à l’aise avec l’idée de devenir mère au foyer. Alors qu’une grippe aviaire menace la ferme, grand-mère et petite fille vont faire front commun pour préserver Laura.

Même si tout cela est cousu de fil blanc, on voit forcément venir de très loin la réconcilia­tion entre trois génération­s de femmes qui ont en commun une envie d’indépendan­ce, le film trouve peu à peu son rythme pour proposer quelques beaux moments. Dommage par contre que deux personnage­s masculins inutiles, comme ce shérif que va draguer Solange, viennent rompre un récit qui aurait gagné à rester uniquement féminin. Reste que la manière dont les coréalisat­eurs Hanna Ladoul et Marco La Via (leur premier long métrage, Nous les coyotes, avait en 2018 été montré par la section ACID du Festival de Cannes) observent les relations entre leurs trois personnage­s a quelque chose de suffisamme­nt universel pour qu’on puisse, malgré les clichés, être ému. ■

Au fil des saisons (Funny Birds), de Hanna Ladoul et Marco La Via (Belgique, France, 2024), avec Andrea Riseboroug­h, Morgan Saylor, Catherine Deneuve, 1h33.

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