Bitcoin à Neuchâtel: le rebond
Dans un article du 24 janvier, Le Temps révélait la décision de la Banque cantonale neuchâteloise (BCN) de ne plus servir d’intermédiaire bancaire pour les entreprises de change en cryptomonnaie. Ce retournement a été passablement diffusé en Suisse et à l’étranger. Bien que le dégât d’image et les difficultés qu’il crée à certains acteurs clés de l’écosystème neuchâtelois soient bien réels, il faut prendre un peu de recul pour comprendre qu’il en faudra plus pour détruire ce qu’on construit sans relâche depuis des années.
En dix ans, notre écosystème s’est patiemment construit, sans scandale, avec constance. La contribution de la BCN a été déterminante pour amorcer notre développement. Mais la nature de notre industrie, honnie par le système bancaire et les régulateurs, nous a appris la prudence et la solidarité. La résilience fait partie de notre ADN de bitcoineurs.
Que l’on ne s’y trompe pas, les entreprises se créent et s’installent aussi dans le canton pour profiter de sa qualité technique, son réseau diversifié et complémentaire d’entreprises et ses procédures simplifiées. Compris et accueillis comme il se doit, les projets sérieux s’y sentent chez eux.
De plus, le soutien politique constant du canton, si rare en Europe, doit être relevé et surtout mieux communiqué en Suisse et à l’étranger. Nous constatons également que la confiance dont nous bénéficions dans le canton s’étoffe, transcende les couleurs politiques et s’étend aussi à l’administration, les associations et les communes. Nous sommes fiers de valoriser une région qui nous le rend très bien.
Cette précieuse confiance qui s’est peu à peu construite constitue le coeur de notre vision de la prospérité et nous souhaitons continuer à l’approfondir pour le bénéfice de toute notre région. C’est grâce à cette collaboration locale étroite, avec des instituts de l’université, avec les villes de La Chaux-de-Fonds et Neuchâtel, avec la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, avec Microcity, que nous organisons depuis deux ans déjà Le Paradigme Bitcoin. La prochaine édition, les 28 et 29 juin, est déjà en préparation et consacrera une journée entière à «Bitcoin et l’horlogerie». Un Centre Bitcoin Neuchâtel est également en préparation, soutenu par la nouvelle politique régionale (NPR). Il servira de lieu d’échange et d’apprentissage entre notre écosystème et la population neuchâteloise. En ayant pignon sur rue, nous nous ancrerons encore plus dans la région.
La semaine dernière, les chaises manquaient lors d’une réunion pour réfléchir à des projets permettant de construire de nouveaux ponts entre nous et le reste du canton. Nous nous impliquons pour que Neuchâtel reste attractif mais également pour vulgariser notre savoir-faire.
Si nous sommes réellement victimes, ce ne peut être que de notre succès car la BCN avoue ne plus être en mesure de nous accompagner dans nos volumes d’affaires grandissants. Depuis l’article du Temps, des banques et services zougois n’ont pas tardé à nous offrir leurs services. Nous ne serons pas orphelins bien longtemps. D’autres banques neuchâteloises accueillent déjà certaines de nos entreprises.
Ce qui nous chagrine, c’est de constater qu’en dix ans, la BCN n’a toujours pas de stratégie claire dans le domaine, contrairement à d’autres banques cantonales. Pourtant, elle était la mieux placée pour constater l’augmentation des volumes qu’elle nous reproche, le développement prospère de notre écosystème. Elle bénéficiait même à domicile d’experts mondialement reconnus.
Ce gâchis n’est pas définitif, nous espérons toujours pouvoir construire localement avec des banques neuchâteloises, BCN ou non. Comme expliqué précédemment, c’est notre manière de construire en symbiose avec le reste de l’économie locale. Nous sommes toujours à leur disposition.
Le dégât d’image pour la place neuchâteloise est réel, mais pas définitif. Nous pouvons transformer cette péripétie en opportunité. Maintenant que les projecteurs sont braqués sur nous, les succès du Centre Bitcoin Neuchâtel et du Paradigme Bitcoin à La Chaux-de-Fonds éclipseront la fausse note. Nous nous y attelons mais nous aurons besoin de la participation de la population, des politiques, des entreprises et des institutions neuchâteloises. Une telle mobilisation donnerait une image fantastique de notre canton.
De nombreuses entreprises de notre écosystème développent des projets prometteurs. Ils ont besoin de testeurs, d’investisseurs et de partenaires. Leur réussite consacrerait également la qualité de la place économique neuchâteloise et plus largement de la Suisse romande. N’hésitez pas à nous approcher, nous serions heureux de vous impliquer. ■
Des banques et services zougois n’ont pas tardé à nous offrir leurs services