Accusé de malversations, Temenos répond bien, mais sans convaincre
L’éditeur genevois de logiciels bancaires a répondu dans les règles de l’art aux attaques de l’investisseur activiste Hindenburg Research, lundi soir. L’action a néanmoins encore baissé. L’arrivée d’un nouveau patron est très attendue
Quatre jours après les attaques d’un investisseur activiste, Temenos a fourni des éléments de réponse à la communauté financière, lundi soir. L’éditeur genevois de logiciels a appliqué les règles de la communication de crise, annonçant notamment l’ouverture d’une enquête indépendante sur ses pratiques. Son action a néanmoins encore baissé après cette riposte, d’environ 5% le lendemain, portant à 30% son recul depuis les accusations de malversations comptables formulées par Hindenburg Research. Les observateurs restent sceptiques et ont de toute évidence les yeux rivés sur la nomination d’un nouveau directeur général. Sa recherche, en cours depuis un an, n’est pas facilitée par le contexte actuel.
«Nous allons superviser une enquête rapide et minutieuse, qui sera menée par une tierce partie», a annoncé lundi soir le président de Temenos, Thibault de Tersant, en ouverture de la conférence de présentation des résultats du quatrième trimestre. Avant de consacrer onze minutes aux principales allégations de Hindenburg Research.
«Mesures appropriées»
«Même si le temps de réponse initial aurait pu être légèrement plus court, Temenos a pris des mesures appropriées pour répondre au rapport Hindenburg. Son engagement en faveur de la transparence par la communication et l’ouverture d’une enquête indépendante sont de bon augure pour sa stratégie de gestion de crise», analyse Thomas Borer, qui dirige sa propre agence de communication à Zurich.
Les clients de Temenos abandonneraient la mise en place des logiciels de l’entreprise, qui ne répondraient pas aux attentes, selon Hindenburg. Pour Thibault de Tersant, «ces processus complexes peuvent mal tourner occasionnellement pour une myriade de raisons, qui ne peuvent pas toutes être attribuées à Temenos, et découlent souvent de demandes de modifications». Le taux de rotation sur la base installée est limité à 3%, et un seul cas de litige avec un client est actuellement ouvert, sur 391 installations menées en 2023, a détaillé le chairman.
Hindenburg a aussi décrit un bien étrange partenariat avec Mbanq, une société de technologie financière américaine qui devait acquérir pour 20 millions de dollars de logiciels et de services auprès de Temenos. Hindenburg affirme que ces achats ont en réalité été financés secrètement par Temenos, via un investissement simultané de 20 millions de dollars.
Mbanq est un «partenaire stratégique pour entrer sur le marché du BaaS aux Etats-Unis», a avancé Thibault de Tersant. Le banking as a service permet à des sociétés ne disposant pas de licence bancaire d’offrir des services bancaires. Un segment appelé à se développer et sur lequel Mbanq devrait jouer un rôle majeur, estime Temenos, qui a investi un total de 60 millions de dollars dans l’entreprise, selon son président.
Confiance pas restaurée
Enfin, face aux accusations d’antidater des contrats, afin de produire des chiffres conformes aux attentes du marché, le président a mis en avant les procédures très strictes en place au sein de l’entreprise.
Temenos «n’a pas minimisé le problème», mais a reconnu les allégations et pris des mesures tangibles pour les résoudre, ce qui est «susceptible» d’atténuer les dommages potentiels, reprend Thomas Borer, ex-ambassadeur de la Confédération en Allemagne.
Pour un autre spécialiste de la communication, Temenos «a communiqué dans les règles de l’art pour ce genre de situation, de manière proactive et en entrant dans les détails». Mais la baisse de l’action mardi et encore dans la journée de mercredi, après la journée des investisseurs organisée mardi, «signifie que le marché ne fait pas confiance à l’entreprise et a de toute évidence des doutes sur l’activité et sur le directeur général ad interim». Le poste est occupé depuis début 2023 par l’ancien président du conseil d’administration, Andreas Andreades, à la suite de la démission du directeur précédent, sous la pression d’un investisseur activiste.
Le nom du nouveau patron sera-t-il dévoilé avant le résultat de l’enquête, qui pourrait prendre plusieurs mois? «Il est trop tôt pour le dire, nous recherchons un dirigeant compétent et courageux, ce qui représente peut-être un test en plus», a répondu lundi soir le président de Temenos.
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