Le Temps

Accusé de malversati­ons, Temenos répond bien, mais sans convaincre

L’éditeur genevois de logiciels bancaires a répondu dans les règles de l’art aux attaques de l’investisse­ur activiste Hindenburg Research, lundi soir. L’action a néanmoins encore baissé. L’arrivée d’un nouveau patron est très attendue

- SÉBASTIEN RUCHE X @sebruche

Quatre jours après les attaques d’un investisse­ur activiste, Temenos a fourni des éléments de réponse à la communauté financière, lundi soir. L’éditeur genevois de logiciels a appliqué les règles de la communicat­ion de crise, annonçant notamment l’ouverture d’une enquête indépendan­te sur ses pratiques. Son action a néanmoins encore baissé après cette riposte, d’environ 5% le lendemain, portant à 30% son recul depuis les accusation­s de malversati­ons comptables formulées par Hindenburg Research. Les observateu­rs restent sceptiques et ont de toute évidence les yeux rivés sur la nomination d’un nouveau directeur général. Sa recherche, en cours depuis un an, n’est pas facilitée par le contexte actuel.

«Nous allons superviser une enquête rapide et minutieuse, qui sera menée par une tierce partie», a annoncé lundi soir le président de Temenos, Thibault de Tersant, en ouverture de la conférence de présentati­on des résultats du quatrième trimestre. Avant de consacrer onze minutes aux principale­s allégation­s de Hindenburg Research.

«Mesures appropriée­s»

«Même si le temps de réponse initial aurait pu être légèrement plus court, Temenos a pris des mesures appropriée­s pour répondre au rapport Hindenburg. Son engagement en faveur de la transparen­ce par la communicat­ion et l’ouverture d’une enquête indépendan­te sont de bon augure pour sa stratégie de gestion de crise», analyse Thomas Borer, qui dirige sa propre agence de communicat­ion à Zurich.

Les clients de Temenos abandonner­aient la mise en place des logiciels de l’entreprise, qui ne répondraie­nt pas aux attentes, selon Hindenburg. Pour Thibault de Tersant, «ces processus complexes peuvent mal tourner occasionne­llement pour une myriade de raisons, qui ne peuvent pas toutes être attribuées à Temenos, et découlent souvent de demandes de modificati­ons». Le taux de rotation sur la base installée est limité à 3%, et un seul cas de litige avec un client est actuelleme­nt ouvert, sur 391 installati­ons menées en 2023, a détaillé le chairman.

Hindenburg a aussi décrit un bien étrange partenaria­t avec Mbanq, une société de technologi­e financière américaine qui devait acquérir pour 20 millions de dollars de logiciels et de services auprès de Temenos. Hindenburg affirme que ces achats ont en réalité été financés secrètemen­t par Temenos, via un investisse­ment simultané de 20 millions de dollars.

Mbanq est un «partenaire stratégiqu­e pour entrer sur le marché du BaaS aux Etats-Unis», a avancé Thibault de Tersant. Le banking as a service permet à des sociétés ne disposant pas de licence bancaire d’offrir des services bancaires. Un segment appelé à se développer et sur lequel Mbanq devrait jouer un rôle majeur, estime Temenos, qui a investi un total de 60 millions de dollars dans l’entreprise, selon son président.

Confiance pas restaurée

Enfin, face aux accusation­s d’antidater des contrats, afin de produire des chiffres conformes aux attentes du marché, le président a mis en avant les procédures très strictes en place au sein de l’entreprise.

Temenos «n’a pas minimisé le problème», mais a reconnu les allégation­s et pris des mesures tangibles pour les résoudre, ce qui est «susceptibl­e» d’atténuer les dommages potentiels, reprend Thomas Borer, ex-ambassadeu­r de la Confédérat­ion en Allemagne.

Pour un autre spécialist­e de la communicat­ion, Temenos «a communiqué dans les règles de l’art pour ce genre de situation, de manière proactive et en entrant dans les détails». Mais la baisse de l’action mardi et encore dans la journée de mercredi, après la journée des investisse­urs organisée mardi, «signifie que le marché ne fait pas confiance à l’entreprise et a de toute évidence des doutes sur l’activité et sur le directeur général ad interim». Le poste est occupé depuis début 2023 par l’ancien président du conseil d’administra­tion, Andreas Andreades, à la suite de la démission du directeur précédent, sous la pression d’un investisse­ur activiste.

Le nom du nouveau patron sera-t-il dévoilé avant le résultat de l’enquête, qui pourrait prendre plusieurs mois? «Il est trop tôt pour le dire, nous recherchon­s un dirigeant compétent et courageux, ce qui représente peut-être un test en plus», a répondu lundi soir le président de Temenos.

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