«Si ça ne passe pas, la colère va être forte!»
«Il faut aller jusqu’au bout, et je crois qu’on est prêt!» Pour Pierre-Yves Maillard, la victoire est à portée de main, vu les derniers sondages: «On risque de devoir compter les voix jusqu’au dernier moment, ça pourrait se jouer sur un canton à quelques centaines de voix. » D’ici à la fin de campagne, sont notamment à son programme Zurich, Bex, avec son camarade et conseiller d’Etat valaisan Mathias Reynard, ou ailleurs: «Est-ce que j’aurai le temps de faire encore un petit saut à Glaris, je ne le sais pas. Je vais voir. S’il faut, je le fais volontiers. »
Et réserve de guerre il y a, du côté des partisans de l’initiative «Mieux vivre à la retraite (initiative pour une 13e rente AVS)». Le socialiste raconte avoir eu «tellement de soutien de tellement de gens, des dons individuels parfois même très émouvants. On a reçu un billet de 20 francs dans une enveloppe d’une dame qui dit «je ne peux pas faire plus».
C’est par le biais des cotisations salariales que le leader syndical veut financer la nouvelle prestation, qui coûterait environ 5 milliards de francs par an à terme: «C’est quand même la voie royale du financement de l’AVS». Il ne croit pas à la perte d’emplois en raison d’une Suisse qui serait moins compétitive, compte tenu de l’augmentation des coûts de la main-d’oeuvre. De même il ne croit pas à la promesse de mesures ciblées en cas de «non», et ironise: «Vous allez voir, ça va être fantastique. Tous ceux qui nous disent qu’ils trouvent qu’il faut cibler les mesures, qu’il faut s’occuper des jeunes aussi, pas seulement des anciens, à peine le vote du 3 mars passé, ils vont retourner leur veste… quand on parlera de l’initiative sur les primes maladies.» Pour mémoire, on votera en juin prochain sur l’initiative populaire fédérale «Maximum 10% du revenu pour les primes d’assurance maladie».
Pierre-Yves Maillard ne cache pas une certaine inquiétude à l’approche du 3 mars: «J’ai bien peur que si ça ne passe pas cette fois, la colère des gens va être forte, et qu’elle ne va pas s’apaiser, parce que j’ai malheureusement l’impression que rien ne va dans le sens d’une amélioration de la situation.»
L’entretien réalisé à la Maison du peuple a aussi donné l’occasion à Pierre-Yves Maillard de répondre à l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin qui, au micro de Sous la coupole, regrettait le «sentiment de lutte des classes» que le Vaudois «pouvait posséder à 18 ans, mais qu’il a abandonné pendant la période où il était au Conseil d’Etat, et qu’il semble retrouver actuellement.»
Contre-attaque du syndicaliste: «S’il y a lutte des classes, je pense que depuis trente ans, elle est engagée par les gens qui ont vraiment beaucoup de moyens». Pierre-Yves Maillard poursuit avec un tacle glissé plus personnalisé: «Je me désespère de voir une majorité aujourd’hui à Berne qui défait ce qui a fait le succès de la Suisse. Malheureusement, Pascal Couchepin fait partie de ceux qui ont été de ce virage idéologique-là. De Delamuraz à lui, le parti radical a changé. Il a changé de nature. Il a changé de voie politique. Et je constate d’ailleurs que cela n’a pas été très bon pour le PLR, qui a perdu à peu près 40% de ses voix pendant cette période». Et de regretter le dialogue «avec des progressistes du côté de la droite… des gens qui croient à l’amélioration du niveau de vie», qui ne serait plus possible.
«Quand on est plein aux as, il faut un peu de retenue»
PIERRE-YVES MAILLARD
L’ancien membre de l’exécutif cantonal vaudois n’est pas tendre avec les autres anciens conseillers fédéraux qui sont sortis du bois dans cette campagne: «Quand on reçoit 23 000 francs par mois de l’Etat, on ne va pas dire à des gens qui en reçoivent 2000 qu’il faut que, par esprit de responsabilité, ils renoncent à recevoir une 13e rente. C’est un problème d’émetteur… Quand on est plein aux as, il faut un peu de retenue.» Dérapage démagogique? Le parlementaire fédéral s’en défend: «Je ne suis pas démago. Je trouve qu’il faut un minimum de retenue… »
C’est en fin d’entretien qu’a été évoqué le soutien de l’Union syndicale suisse (USS) au mandat de négociation avec l’UE. Un soutien lesté de nombreux «mais». La problématique se pose en ces termes pour PierreYves Maillard: «Il faut savoir si ce projet améliore les conditions de vie et de prospérité, de soutien à l’innovation, à ce qui marche dans notre pays. Est-ce que c’est un bon contrat pour notre pays et pour les gens qui y travaillent ou pas? On va raisonner simplement comme ça. Si c’est un mauvais contrat – et pour l’instant, tout ce qu’on voit, c’est que c’est un mauvais projet de contrat – on dira non.» ■