Le Temps

«Si ça ne passe pas, la colère va être forte!»

- ROMAIN CLIVAZ ET NICOLE LAMON X @RomainCliv­az X @NicoleLamo­n

«Il faut aller jusqu’au bout, et je crois qu’on est prêt!» Pour Pierre-Yves Maillard, la victoire est à portée de main, vu les derniers sondages: «On risque de devoir compter les voix jusqu’au dernier moment, ça pourrait se jouer sur un canton à quelques centaines de voix. » D’ici à la fin de campagne, sont notamment à son programme Zurich, Bex, avec son camarade et conseiller d’Etat valaisan Mathias Reynard, ou ailleurs: «Est-ce que j’aurai le temps de faire encore un petit saut à Glaris, je ne le sais pas. Je vais voir. S’il faut, je le fais volontiers. »

Et réserve de guerre il y a, du côté des partisans de l’initiative «Mieux vivre à la retraite (initiative pour une 13e rente AVS)». Le socialiste raconte avoir eu «tellement de soutien de tellement de gens, des dons individuel­s parfois même très émouvants. On a reçu un billet de 20 francs dans une enveloppe d’une dame qui dit «je ne peux pas faire plus».

C’est par le biais des cotisation­s salariales que le leader syndical veut financer la nouvelle prestation, qui coûterait environ 5 milliards de francs par an à terme: «C’est quand même la voie royale du financemen­t de l’AVS». Il ne croit pas à la perte d’emplois en raison d’une Suisse qui serait moins compétitiv­e, compte tenu de l’augmentati­on des coûts de la main-d’oeuvre. De même il ne croit pas à la promesse de mesures ciblées en cas de «non», et ironise: «Vous allez voir, ça va être fantastiqu­e. Tous ceux qui nous disent qu’ils trouvent qu’il faut cibler les mesures, qu’il faut s’occuper des jeunes aussi, pas seulement des anciens, à peine le vote du 3 mars passé, ils vont retourner leur veste… quand on parlera de l’initiative sur les primes maladies.» Pour mémoire, on votera en juin prochain sur l’initiative populaire fédérale «Maximum 10% du revenu pour les primes d’assurance maladie».

Pierre-Yves Maillard ne cache pas une certaine inquiétude à l’approche du 3 mars: «J’ai bien peur que si ça ne passe pas cette fois, la colère des gens va être forte, et qu’elle ne va pas s’apaiser, parce que j’ai malheureus­ement l’impression que rien ne va dans le sens d’une améliorati­on de la situation.»

L’entretien réalisé à la Maison du peuple a aussi donné l’occasion à Pierre-Yves Maillard de répondre à l’ancien conseiller fédéral Pascal Couchepin qui, au micro de Sous la coupole, regrettait le «sentiment de lutte des classes» que le Vaudois «pouvait posséder à 18 ans, mais qu’il a abandonné pendant la période où il était au Conseil d’Etat, et qu’il semble retrouver actuelleme­nt.»

Contre-attaque du syndicalis­te: «S’il y a lutte des classes, je pense que depuis trente ans, elle est engagée par les gens qui ont vraiment beaucoup de moyens». Pierre-Yves Maillard poursuit avec un tacle glissé plus personnali­sé: «Je me désespère de voir une majorité aujourd’hui à Berne qui défait ce qui a fait le succès de la Suisse. Malheureus­ement, Pascal Couchepin fait partie de ceux qui ont été de ce virage idéologiqu­e-là. De Delamuraz à lui, le parti radical a changé. Il a changé de nature. Il a changé de voie politique. Et je constate d’ailleurs que cela n’a pas été très bon pour le PLR, qui a perdu à peu près 40% de ses voix pendant cette période». Et de regretter le dialogue «avec des progressis­tes du côté de la droite… des gens qui croient à l’améliorati­on du niveau de vie», qui ne serait plus possible.

«Quand on est plein aux as, il faut un peu de retenue»

PIERRE-YVES MAILLARD

L’ancien membre de l’exécutif cantonal vaudois n’est pas tendre avec les autres anciens conseiller­s fédéraux qui sont sortis du bois dans cette campagne: «Quand on reçoit 23 000 francs par mois de l’Etat, on ne va pas dire à des gens qui en reçoivent 2000 qu’il faut que, par esprit de responsabi­lité, ils renoncent à recevoir une 13e rente. C’est un problème d’émetteur… Quand on est plein aux as, il faut un peu de retenue.» Dérapage démagogiqu­e? Le parlementa­ire fédéral s’en défend: «Je ne suis pas démago. Je trouve qu’il faut un minimum de retenue… »

C’est en fin d’entretien qu’a été évoqué le soutien de l’Union syndicale suisse (USS) au mandat de négociatio­n avec l’UE. Un soutien lesté de nombreux «mais». La problémati­que se pose en ces termes pour PierreYves Maillard: «Il faut savoir si ce projet améliore les conditions de vie et de prospérité, de soutien à l’innovation, à ce qui marche dans notre pays. Est-ce que c’est un bon contrat pour notre pays et pour les gens qui y travaillen­t ou pas? On va raisonner simplement comme ça. Si c’est un mauvais contrat – et pour l’instant, tout ce qu’on voit, c’est que c’est un mauvais projet de contrat – on dira non.» ■

 ?? (BERNE, 30 JANVIER 2024/DRES HUBACHER POUR LE TEMPS) ?? Pierre-Yves Maillard n’est pas tendre avec les anciens conseiller­s fédéraux qui ont pris position contre la 13e rente AVS.
(BERNE, 30 JANVIER 2024/DRES HUBACHER POUR LE TEMPS) Pierre-Yves Maillard n’est pas tendre avec les anciens conseiller­s fédéraux qui ont pris position contre la 13e rente AVS.
 ?? ?? Cet épisode de notre podcast politique «Sous la Coupole» est à écouter sur nos différents supports. Vous pouvez vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify.
Cet épisode de notre podcast politique «Sous la Coupole» est à écouter sur nos différents supports. Vous pouvez vous abonner sur Apple Podcasts et Spotify.

Newspapers in French

Newspapers from Switzerland