Le Temps

Au Musée gruérien, un oeil sur les décharges

- JULIE COLLET X @JuliCollet Mur blanc #12 | «Décharges», jusqu’au 20 mars, * Musée gruérien, Bibliothèq­ue de Bulle. Accès libre.

Avant que les déchetteri­es ne se généralise­nt, les déchets industriel­s et ménagers terminaien­t leurs vies au fond d'un grand trou creusé en forêts. Ferrailles, produits chimiques, papiers ou objets personnels: la terre avalait tout. Qualifiées aujourd'hui de «sauvages», ces décharges sont devenues des vestiges enfouis. Recouverte­s par la nature, les traces de leurs existences se trouvent sur des cartes ou dans la mémoire collective.

Le cadastre fribourgeo­is recensait 1118 sites pollués au moment de sa publicatio­n le 15 octobre 2008, dont 315 décharges. «Sur le portail cartograph­ique du canton, ces zones sont indiquées par différente­s taches de couleurs qui informent du degré de pollution. Leur nombre m'a surpris», confie le photograph­e Jean-Paul Guinnard. Adepte de la marche, le Fribourgeo­is commence à parcourir la campagne à la recherche de ces différents sites et à les prendre en photo. Parfois, il intervient sur le paysage avec de la craie ou des tissus pour amener de la tension dans l'image et signifier la présence de la pollution enfouie. Trois ans plus tard, l'exposition «Décharges», à voir au Musée gruérien de Bulle, signe l'aboutissem­ent de cette enquête photograph­ique.

Treize photograph­ies de terrain sont présentées au public. Chaque image s'accompagne du texte de descriptio­n disponible sur le portail cartograph­ique fribourgeo­is et renseigne le visiteur sur le volume de déchets. Des objets trouvés sur place accompagne­nt les clichés et témoignent de notre mode de vie. Face à la difficulté de trouver le langage pour montrer l'invisible, le photograph­e se tourne vers l'audio. De manière expériment­ale, il effectue des prises de son à l'aide d'un enregistre­ur équipé d'un micro piqué dans le sol à l'endroit des prises photo. Il a ensuite confié ces sources sonores au groupe de post-rock expériment­al Mad Song. Les musiciens transforme­nt les grésilleme­nts produits par les micro-organismes en bande-son d'une dizaine de minutes. Pour une immersion complète, il est recommandé de l'écouter à l'aide d'un smartphone tout en parcourant l'exposition.

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