Le Temps

Le syndic de Prilly et son service de l’urbanisme n’ont rien à se reprocher

L’enquête administra­tive au sujet de la municipali­té de Prilly conclut à l’absence de dysfonctio­nnements. Le rapport relève toutefois des «pistes d’améliorati­on» pour l’ensemble de la municipali­té

- CAMILLE KRAFFT @CamilleKra

Un «coup tordu». Voici comment le syndic PLR de Prilly, Alain Gillièron, avait décrit dans nos colonnes le signalemen­t au Conseil d’Etat envoyé par sa collègue verte Rebecca Joly au sujet de dysfonctio­nnements touchant son service de l’urbanisme. Mandaté par le gouverneme­nt pour faire la lumière sur les faits, le préfet du district de Riviera-Pays-d’Enhaut, Roland Berdoz, a rendu son rapport, dont les conclusion­s ont été diffusées ce vendredi par le biais d’un communiqué. Verdict: l’enquête n’a pas permis de confirmer les «soupçons de dysfonctio­nnements graves et répétés dans des services de l’administra­tion de Prilly qui sont sous la supervisio­n de Monsieur le Syndic». L’ensemble de l’exécutif, ses autres membres et les services de son administra­tion sont également exempts de reproches, même si des «pistes d’améliorati­on» sont proposées à la municipali­té.

Contacté, Alain Gillièron se dit soulagé pour lui-même, et «surtout» pour la cheffe du service de l’urbanisme, «qui est totalement innocentée» par cette enquête administra­tive. Le syndic indique qu’il s’exprimera plus longuement après la séance de municipali­té prévue ce lundi.

Le Temps a demandé à l’Etat une copie du rapport rendu par le préfet. Outre les faits signalés, l’enquête, qui ne visait pas «une personne particuliè­re», a porté sur les pratiques de la ville en matière d’engagement de dépenses et de marchés publics, ainsi que les règles communales attributiv­es de compétence­s dans ce domaine sur les trois dernières années. Il ressort du rapport que quatre griefs ont été transmis par courriel à la présidente du Conseil d’Etat, Christelle Luisier, par la municipale Rebecca Joly le 5 octobre dernier. Le premier concernait des convention­s préparées par le service de l’urbanisme et portant le sceau municipal ainsi que la signature du syndic alors qu’elles n’auraient jamais été soumises à la municipali­té. Or, il s’agit «d’un ancien mode de faire qui n’a jamais posé de problème juridique par le passé» et qui était appliqué «par tous les services communaux», souligne le syndic, cité dans le rapport. Son auteur souligne que depuis août 2023, la Municipali­té exige que toute convention l’engageant lui soit soumise en séance pour approbatio­n avant signature, ce qui rend le signalemen­t sans objet.

Le second grief concernait l’une de ces convention­s qui engageaien­t la commune pour plusieurs millions sans mentionner la réserve d’acceptatio­n par le Conseil communal. Or, le législatif et la municipali­té ont bien eu accès à cette convention, selon l’enquête du préfet.

Le signalemen­t de Rebecca Joly faisait également état d’adjudicati­ons pour plusieurs dizaines voire centaines de milliers de francs qui n’auraient pas été validées par la municipali­té et portaient la seule signature de la cheffe du service de l’urbanisme. Ici non plus, l’enquête n’a pas relevé de dysfonctio­nnements, notamment parce que la commune n’était pas le maître d’ouvrage dans plusieurs cas. Enfin, la vice-syndique signalait que certaines de ces adjudicati­ons dépassaien­t le seuil des marchés publics pour les services, ce qui aurait nécessité une procédure complément­aire. Pour diverses raisons, le rapport du préfet ne conclut pas ici non plus à des dysfonctio­nnements.

L’enquête relève par contre «quelques irrégulari­tés possibles concernant l’ensemble de la municipali­té s’agissant des bonnes pratiques à avoir». L’exécutif est invité à s’appuyer sur le Centre de compétence cantonal en la matière en cas de doute. Elle devrait également se questionne­r sur l’utilité de revoir son processus d’adjudicati­on.

«Aller de l’avant avec sérénité»

«Nous sommes satisfaits d’apprendre que selon le Conseil d’Etat aucune violation légale n’affecte le suivi des projets d’urbanisme à Prilly, commente Rebecca Joly. Le fait que des procédures puissent être améliorées nous confirme dans notre volonté de lancer un audit organisati­onnel et financier. Maintenant que les faits sont établis, nous pouvons aller de l’avant avec sérénité.»

Difficile d’imaginer comment, tant les tensions sont extrêmes au sein de la municipali­té depuis le début de la législatur­e. Mais pour le gouverneme­nt, il n’y a pas matière à aller plus loin, selon le directeur des Affaires institutio­nnelles et des communes, Jean-Luc Schwaar: «L’Etat avait proposé une médiation et une ancienne préfète avait accompagné la municipali­té pendant un moment. Au vu du résultat de l’enquête, l’Etat n’entend pas prendre d’autres mesures dans l’immédiat pour assurer le bon fonctionne­ment du collège.»

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