Le futur du cash n’est pas garanti
La grande majorité des entreprises acceptent l’argent liquide comme moyen de paiement. Cela pourrait cependant changer car de moins en moins de personnes y ont recours, ce qui entraîne la diminution du nombre de distributeurs automatiques
Ne pas pouvoir payer son café avec de l’argent liquide reste encore très rare en Suisse mais cela pourrait changer. En partie à cause des consommateurs et consommatrices utilisant de plus en plus de moyens de paiement tels que des applications comme Twint ou les cartes de débit et de crédit, une habitude qui s’est renforcée à la faveur de la pandémie de covid. Et selon une étude de la Banque nationale suisse (BNS) publiée vendredi, 7% des entreprises interrogées prévoient de réduire leur acceptation du numéraire au cours des deux prochaines années. Ces sociétés justifient leur décision par «l’évolution des habitudes de paiement de leur clientèle».
Une baisse de presque 5% sur un an
«Pour que les entreprises continuent d’accepter l’argent liquide, il faut que la population continue de l’utiliser», a rappelé lors d’une conférence à Zurich le vice-président de la BNS, Martin Schlegel. Tout en soulignant que l’acceptation du numéraire restait pour le moment très élevée auprès des sociétés en Suisse (plus de 90%) , la BNS a mis en exergue que des obstacles se profilaient à l’horizon.
Le nombre de distributeurs automatiques est en constante baisse depuis quelques années, une conséquence directe de la diminution de l’utilisation du cash par la population. A la fin de 2023, il existait environ 6150 bancomats, ce qui représente une baisse de presque 5% sur un an et de quasi 15% par rapport à fin 2018, selon les chiffres de la BNS. En outre, la fermeture des guichets de Credit Suisse à la suite de son rachat par UBS viendra également soutenir cette tendance baissière. Un point que la BNS s’est cependant refusé à commenter.
Nonobstant la perte de popularité du cash face aux applications ainsi qu’aux cartes de crédit et de débit, une proportion importante de la population helvétique souhaite que le numéraire reste disponible comme moyen de paiement, selon une autre étude de la BNS publiée l’été dernier. Or pour pouvoir accepter l’argent liquide, les entreprises doivent avoir facilement accès à l’infrastructure correspondante. «En collaboration avec d’autres acteurs clés, nous suivons de près l’évolution du nombre de distributeurs automatiques», a toutefois assuré le vice-président de la BNS.
L’étude publiée vendredi a par ailleurs montré qu’au cours des deux dernières années l’acceptation des applications de paiement auprès des sociétés s’est renforcée de 19 points depuis 2021, pour atteindre 59%.
Les entreprises ont aussi été interrogées sur les coûts des moyens de paiement acceptés dans les points de vente et le numéraire reste celui que les sociétés jugent le moins cher. Les frais de transaction des applications sont quant à eux considérés comme aussi élevés que ceux des cartes de débit, mais inférieurs à ceux des cartes de crédit. Une minorité de commerces proposent en outre un rabais à leur clientèle si elle utilise de l’argent liquide, afin d’éviter des charges perçues comme importantes par les petits magasins.
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«Pour que les entreprises continuent d’accepter l’argent liquide, il faut que la population continue de l’utiliser» MARTIN SCHLEGEL, VICE-PRÉSIDENT DE LA BNS