Le Temps

Plus qu’un divertisse­ment

- Grégoire Barbey

C’est un média qui a fait son apparition il y a plus de 50 ans et qui occupe depuis une place remarquabl­e dans la culture populaire. Pourtant, sa légitimité est encore trop souvent remise en cause. Il s’agit bien sûr du jeu vidéo. Avec son exposition De la

case au pixel, le Musée suisse du jeu (MSJ) contribue à sa manière à remettre le curseur au milieu de l’écran. S’il est souvent présenté comme un vecteur de violence, faisant la part belle à la guerre, le jeu vidéo n’a rien inventé. Il n’est ni plus ni moins que le reflet de pratiques ancestrale­s, vieilles de plusieurs millénaire­s.

C’est tout le mérite de l’exposition: démontrer les liens étroits qui unissent les jeux, peu importe leur support. Le jeu vidéo peut lui aussi raconter de belles histoires, faire réfléchir, participer à l’apprentiss­age ou tout simplement divertir. Difficile de parcourir les différente­s pièces du château de La Tour-de-Peilz, qui abrite le Musée du jeu, sans être frappé par une évidence: peu importe leur époque d’origine, tous ces jeux recèlent aussi une dimension artistique.

Des figurines taillées à même la pierre, des cartes peintes à la main aux jeux vidéo à l’esthétique travaillée et à la bande-son mémorable… Tous mettent à profit des savoir-faire particulie­rs, et donnent à ces jeux une apparence unique, ellemême porteuse d’un message, d’une histoire. On ne saurait considérer un jeu uniquement pour son aspect récréatif. Ce n’est d’ailleurs pas anodin que le directeur du musée, qui a pris ses fonctions en avril 2023, soit lui-même issu de la recherche académique portée sur le jeu vidéo.

Le choix du conseil de fondation de cette institutio­n créée en 1987 et soutenue par les pouvoirs publics démontre une ouverture salutaire à l’égard de ces nouvelles formes de jeu. Il rappelle aussi qu’il y a, au-delà de la légitimité, des enjeux de conservati­on propres à ces médias numériques. Si la dématérial­isation est un mot qui revient sans cesse lorsqu’on parle de jeux vidéo, ces derniers n’en conservent pas moins une dimension physique. Les supports et périphériq­ues qui leur permettent de fonctionne­r doivent aussi être préservés des outrages du temps. C’est loin d’être une mince affaire, mais le MSJ semble désormais prêt à relever le défi.

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