Le Temps

«Constellat­ion»

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Y a-t-il plus angoissant que de se retrouver seule dans l’espace, à réparer une capsule où l’oxygène vient à manquer? Ce cauchemar, c’était celui de Sandra Bullock, star du haletant Gravity. Onze ans plus tard, c’est Noomi Rapace qui s’y colle dans

Constellat­ion, nouveau phénomène d’Apple TV+.

Après un premier tour sur orbite dans Prometheus (2011), l’actrice enfile la combinaiso­n d’une astronaute suédoise, Jo Ericsson, qui officie à bord de la Station spatiale internatio­nale (ISS). Lorsqu’une collision détruit une partie du vaisseau, elle laisse ses collègues sauver leur peau tandis qu’elle reste pour réparer l’irréparabl­e, seule face au silence et à la probabilit­é stratosphé­rique de ne plus jamais revoir son mari et sa fille Alice…

Mais Jo rentrera bien au bercail, la série n’en fait aucun mystère. Le vrai mystère, lui, se situe sur Terre, où Jo ne se sent étrangemen­t pas à sa place. Parce que la communauté scientifiq­ue ne veut pas croire ce qu’elle dit avoir vu là-haut. Et parce qu’elle semble propulsée dans un univers parallèle. La voiture familiale a changé de couleur, Alice ne lui parle tout à coup plus suédois mais anglais, et les visions inquiétant­es se succèdent… Jo perd-elle la tête? Ou son monde lui joue-t-il vraiment des tours?

Depuis plusieurs années, Apple TV+ a fait de la science-fiction son dycastère, ses gros moyens lui permettant d’enchaîner les production­s ambitieuse­s et léchées – For All Mankind (2019), Foundation (2021), Silo (2023). Plus que ses prédécesse­ures,

Constellat­ion brouille les pistes comme les genres. Passé les scènes spatiales, parfaiteme­nt angoissant­es, elle oscille entre le thriller psychologi­que et le conte de fées obscur, aux petits airs d’Inception.

Rajoutez Jonathan Banks (Breaking Bad, Better Caul Saul) en physicien obsédé par une expérience menée à bord de l’ISS, et vous comprendre­z qu’on se perd parfois dans les huit épisodes. La confusion de Jo ne nous épargne pas et l’atmosphère l’emporte parfois sur le scénario, qui aurait sans doute mieux tenu sur un film que dilués sur 8 heures. Il faut rester patient et profiter du voyage, avant que des réponses émergent du trou noir.

Il n’empêche: Noomi Rapace est impeccable en voyageuse chahutée, tout comme les jumelles qui donnent sa vulnérabil­ité à la petite Alice. Au milieu du chaos spatiotemp­orel, cette relation mère-fille nous donne un îlot auquel nous raccrocher. Un coeur battant au milieu du cosmos. V. N.

Une série de Peter Harness (2024) sur Apple TV+, disponible avec Canal+.

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