Le Temps

Les cinq manières d’aimer

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Il y a celles et ceux qui parlent un langage fleuri. Tu es le soleil de ma vie. Me lever à tes côtés fait le bonheur de ma journée. Pourquoi sortir puisque avec toi je suis déjà au paradis? Il y a les G. O. qui excellent dans les activités partagées. Une balade main dans la main, une expo surprise, une journée aux bains.

Il y a les esthètes qui ont l’art des cadeaux parfaits. Cette table vintage si longtemps espérée. Cette petite porcelaine qui frappe au coeur. Cette écharpe en soie qui ravit au toucher. Il y a encore les comètes montées sur ressort qui s’illustrent dans les tâches du quotidien. Le café chaque matin, les courses sans broncher, les repas avec entrain. Enfin, il y a les tactiles, celles et ceux qui palpent, serrent, embrassent, cajolent et affolent. Comme les cinq doigts de la main, il y a cinq manières d’aimer, a identifié, fin des années 1990, l’Américain Gary Chapman, pasteur et conseiller conjugal: les paroles valorisant­es, les moments de qualité, les cadeaux, les services rendus et le contact physique. Qui peuvent bien sûr se combiner. On peut être tactile et aimer faire des cadeaux. On peut être serviable et exceller dans les mots. Après, si vous tombez sur un phénomène qui coche les cinq cases, vous avez le droit de flairer l’arnaque! Constammen­t réédité depuis sa parution en 1997, Les Langages de l’amour ne vise pas simplement à célébrer les cinq façons de déclarer notre passion. Il s’agit surtout de mieux comprendre l’autre, éternel défi de la vie à deux. Car si vous n’êtes pas «cadeaux», par exemple, mais vivez avec un conjoint roi mage, il y a de fortes chances que son langage d’or et d’encens vous laisse de marbre. Pareil, si vous êtes tactile, tendance sensuel, et que l’autre fait le tourbillon dans la maison, type soldat en mission, la météo conjugale annonce de grosses tensions. «Justement, me questionne­nt les copines à qui je sers doctement cette théorie des cinq langages, comment faire pour harmoniser nos violons?» C’est là que Gary Chapman est fort. Car, selon lui, et tous les partisans de la communicat­ion non violente avant lui, le simple fait de définir quel type de langue parle chaque membre du couple permet déjà de pacifier la situation. En reconnaiss­ant les particular­ités de l’autre, on remplace instantané­ment le jugement par une valorisati­on de son fonctionne­ment. On ne dit plus: «Oh la la, il me colle, je préférerai­s qu’il fasse les courses», mais plutôt «OK, toi, pour dire ton amour, tu honores mon corps de rêve chaque jour»…

Comme on voit tous midi à notre porte, on a toujours l’impression que notre manière d’aimer (de travailler, de vivre, de voter, etc.) est la seule correcte, la seule valable. Gary le sage montre que tout est affaire de paramétrag­e et d’éducation, qu’il n’y a jamais une bonne et unique façon. Autrement dit, Chapman enseigne l’humilité. Ce qui semble être un bon ingrédient lorsqu’il s’agit de partager la vie d’un être aimé durant des dizaines et des dizaines d’années.

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