Le Temps

Les Américains, Père Noël des stations suisses

- GRÉGOIRE BAUR X @GregBaur

Les montants sont colossaux. En 2022, Vail Resorts a déboursé 149 millions de francs pour mettre la main sur les remontées mécaniques d’Andermatt-Sedrun. Une année plus tard, le géant américain du ski délie à nouveau sa bourse pour s’offrir le domaine skiable de Crans-Montana. Montant de la transactio­n: quelque 118 millions. Et cette question désormais: qui sera le prochain? Car Vail Resorts cherche à se développer en Europe et ne s’arrêtera pas en si bon chemin. Son concurrent direct, Alterra Mountain Company, américain lui aussi, pourrait également se mêler à la danse.

Les dollars risquent ainsi de pleuvoir sur les stations helvétique­s, tant la force de frappe de ces grands groupes américains semble sans limite – ou alors elle se chiffre en milliards. Face à des offres qui, comme à Crans-Montana, pourraient dépasser l’entendemen­t, les actionnair­es locaux sauront-ils dire non? L’ancrage territoria­l et l’attachemen­t à nos domaines skiables – véritables objets du patrimoine helvétique – pèseront-ils dans la balance? Poser la question, c’est y répondre.

S’il a vu tout au long de son histoire des étrangers investir dans son développem­ent, l’Arc alpin, berceau des sports d’hiver, n’a jamais fait face à une telle puissance financière. Le moment est donc charnière pour le ski suisse et, plus largement, européen, qui pourrait devenir une sorte d’enclave américaine. Alors, calamité ou bénédictio­n?

A Crans-Montana, les difficulté­s rencontrée­s avec l’ancien propriétai­re tchèque ont tellement traumatisé que les Américains sont accueillis en héros. Mais qu’en est-il à Andermatt, où Vail Resorts a promis des investisse­ments dépassant les 100 millions? Si certains restaurate­urs, propriétai­res de magasins de sport ou écoles de ski craignent la concurrenc­e américaine, la majorité des habitants sont satisfaits de l’arrivée du numéro un mondial du ski dans leur région. Certains n’hésitent pas à parler de «Père Noël américain». Et ce Santa Claus pourrait bien rendre les stations suisses un peu plus pérennes, à l’heure où la pratique du ski est toujours plus remise en question.

L’Arc alpin n’a jamais fait face à une telle puissance financière

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