Le Temps

Un Schwytzois ancré en terre romande

«Il avait dû tôt mettre la main à la pâte»: à Sermuz, l’agriculteu­r Philippe Gruet se souvient de l’arrivée du jeune Marcel Dettling pour une année d’apprentiss­age

- YAN PAUCHARD @YanPauchar­d

Sermuz, ses 20 habitants et son énigmatiqu­e mur celtique. C’est dans ce bucolique hameau niché sur les hauteurs d’Yverdon-les-Bains que Marcel Dettling, futur boss de l’UDC suisse, a démarré sa formation de paysan. C’est en effet dans le Nord vaudois, accueilli par la famille Gruet, que le Schwytzois effectue à 16 ans sa première année d’apprentiss­age en vue de l’obtention du CFC d’agriculteu­r. Aujourd’hui à la retraite, Philippe Gruet se souvient de l’arrivée de ce jeune homme bosseur et assez débrouilla­rd. «Rapidement, j’ai pu le laisser s’occuper seul de la traite des vaches pour me consacrer à d’autres tâches. Enfant de paysan de montagne, il avait dû tôt mettre la main à la pâte, ça se voyait qu’il connaissai­t les travaux de la ferme et comment s’occuper des animaux», se souvient le paysan.

L’arrivée de Marcel Dettling dans cette région nord-vaudoise ne doit rien au hasard. Philippe Gruet était l’unique Romand au comité de la fédération d’élevage de la race brune. Cette excellente vache laitière, originaire des Alpes, est en effet très présente en Suisse centrale, mais beaucoup moins de ce côté-ci de la Sarine. C’est dans le cadre de la fédération que l’éleveur vaudois va faire la connaissan­ce du père de Marcel Dettling, qui lui demande d’accueillir son fils pour une année. «A l’époque, les jeunes paysans alémanique­s aimaient bien venir dans le canton de Vaud où ils pouvaient avoir les cours en allemand, mais Marcel a préféré les suivre en français», précise encore le Nord-Vaudois.

Très tôt proche des idées du parti

«Déjà à 16 ans, Marcel était UDC, on le sentait proche des idées du parti», se rappelle encore Philippe Gruet, qui remarque aujourd’hui que son ancien apprenti, s’il est paysan, n’en défend pas moins la ligne blochérien­ne du parti. On imagine les discussion­s animées à table entre Marcel Dettling et son patron issu d’«une famille radicale» et conseiller communal PLR dans sa commune d’Yverdon-les-Bains. «Pas vraiment, pendant les repas, nous parlions politique agricole, j’ai plutôt essayé de convertir son petit frère», rigole Philippe Gruet. Pour l’anecdote, dix ans plus tard, le cadet du conseiller national Toni Dettling fera également une année d’apprentiss­age à Sermuz.

Près de trente ans ont passé, mais les liens ne se sont pas rompus. «On se voit encore une à deux fois par année, parfois lors d’une assemblée paysanne ou, comme l’été passé, où Marcel et sa famille se sont arrêtés chez nous au retour de leurs vacances», raconte Philippe Gruet. Son épouse, Madeleine Gruet, a une petite pensée pour les proches du futur président de parti, qui sera très pris par ses nouvelles fonctions. Mais pour Philippe Gruet, il ne fait aucun doute qu’il est taillé pour le poste. «C’est un solide», sourit le Nord-Vaudois. ■

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