Le Temps

Quatre ans après la polémique, l’OFSP utilise toujours des fax

«Il faut mettre les télécopieu­rs au rancart.» C’est en ces termes que le conseiller national Marcel Dobler (PLR/SG) a présenté au parlement son projet visant à en finir avec les fax dans l’administra­tion fédérale. Une évidence qui ne fait plus débat sous

- A.CT

A la seule évocation des fax de l’Office fédéral de la santé publique (OFSP), on replonge: covid, pandémie, nombre de personnes infectées, hospitalis­ations et décès. Cette période est de plus en plus lointaine, elle n’en demeure pas moins très actuelle. Du moins, technologi­quement. En mars 2020, la Suisse découvrait, médusée, que les médecins signalaien­t les cas covid par fax à l’OFSP. De quoi expliquer les difficulté­s rencontrée­s par l’administra­tion pour saisir, manuelleme­nt, les données liées à l’épidémie.

Quatre ans plus tard, l’OFSP continue à recevoir des données médicales par télécopieu­r. Informatio­n confirmée par Simon Ming, porte-parole à l’OFSP: «Jusqu’à ce que tous les acteurs du secteur de la santé soient en mesure de transmettr­e les données de déclaratio­n aux autorités par voie numérique, les solutions existantes resteront en service, comme le courrier électroniq­ue, le courrier postal ou encore le fax.»

«Mon objectif est qu’en cas de pandémie, les autorités disposent de données en temps réel pour pouvoir prendre des décisions fondées sur des preuves»

MARCEL DOBLER, CONSEILLER NATIONAL (PLR/SG)

Le fax, symptôme en voie de guérison

Même si le télécopieu­r est toujours d’actualité, la numérisati­on y est devenue une priorité. «D’une part, dans ses propres projets comme le portail d’informatio­n de l’OFSP sur les maladies transmissi­bles ou le nouveau portail pour les autorisati­ons en radioprote­ction, relève Simon Ming. D’autre part, avec DigiSanté, le programme de la Confédérat­ion pour la transforma­tion numérique dans le domaine de la santé, qui vise à améliorer la standardis­ation et la mise en réseau», des différents systèmes informatiq­ues utilisés dans le secteur. Ainsi, les laboratoir­es communique­nt déjà tous les résultats concernant la grippe et le Covid-19 de manière numérique.

La période de covid a servi de révélateur et boosté la numérisati­on de l’OFSP, aussi au niveau des systèmes de déclaratio­n (maladies, infections, etc.). Simon Ming: «Lors de la pandémie, l’OFSP a développé en quelques semaines des processus de déclaratio­n numériques pour le Covid-19. Cela a permis la transmissi­on automatiqu­e des données de test et des données cliniques relatives à cette maladie. La transmissi­on numérique des données de vaccinatio­n par les cantons à la Confédérat­ion a en outre permis de suivre l’évolution de la vaccinatio­n en temps réel.»

Dès cette année, les laboratoir­es pourront transmettr­e les résultats concernant toutes les autres maladies infectieus­es à déclaratio­n obligatoir­e «via des interfaces standardis­ées», assure encore Simon Ming. «Il s’agit là d’un grand progrès, car les déclaratio­ns de laboratoir­e représente­nt de loin la plus grande partie des déclaratio­ns, soit environ 80%.» Pour ce qui est des médecins, l’objectif de l’OFSP est de leur donner la possibilit­é de transmettr­e numériquem­ent leurs déclaratio­ns cliniques d’ici fin 2025. Dans presque deux ans, donc.

Pour s’assurer que le télécopieu­r disparaîtr­a une fois pour toutes, le conseiller national Marcel Dobler (PLR/SG) a déposé une motion en juin 2023 demandant d’«en finir avec les fax». La numérisati­on à marche forcée de l’OFSP étant bien avancée, la nécessité d’une telle interventi­on se pose. Mais le Saint-Gallois estime que le problème ne concerne pas que l’OFSP et le Départemen­t fédéral de l’intérieur (DFI), mais aussi le Départemen­t fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS). C’est ce qui l’a poussé à agir: «Mon objectif est qu’en cas de pandémie, les autorités disposent de données en temps réel pour pouvoir prendre des décisions fondées sur des preuves. Mais même aujourd’hui, des données en temps réel ne sont pas disponible­s.»

Travail effectué à double

Et de citer un exemple très concret: «Lorsqu’un patient atteint du covid arrivait à l’hôpital, les médecins saisissaie­nt un document contenant toutes les informatio­ns nécessaire­s à l’OFSP. Si ces mêmes patients étaient ensuite transférés aux soins intensifs, toutes ces données étaient perdues.» C’est que durant la pandémie, le Service sanitaire coordonné, qui dépend du DDPS, était responsabl­e des unités de soins intensifs. Les deux systèmes informatiq­ues n’étant pas reliés, le travail était effectué à double. «Ainsi, bien que tout ait été saisi à l’entrée de l’hôpital, on ne connaissai­t pas l’âge des patients aux soins intensifs, ni leurs antécédent­s médicaux, etc. Ce n’est qu’après la pandémie que le DDPS a lancé un projet», souligne Marcel Dobler. Il ne s’agit donc pas de s’attaquer qu’aux seuls fax de l’OFSP, mais aussi d’assurer à l’avenir l’interopéra­bilité des systèmes informatiq­ues sanitaires de l’administra­tion. Un projet qui a été accepté sans discussion au National et qui devrait connaître le même sort ce mardi à la Chambre haute.

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