Le Temps

Quel est le coût d’un étranger?

Un élu UDC désire obtenir le détail des coûts de la santé en fonction de la nationalit­é. Accepté au National, son projet est débattu aujourd’hui au Conseil des Etats

- A. CT

Impossible de répondre à cette question à l’heure actuelle. Une absence de données que le conseiller national Thomas de Courten (UDC/BL) désire combler. Dans le cadre de la réforme de la LAMal en cours (voir ci-dessus), il a proposé que «l’Office fédéral de la statistiqu­e (OFS) collecte les coûts agrégés par type de prestation­s et par fournisseu­r de prestation­s des personnes assurées selon leur nationalit­é».

Une propositio­n acceptée au National en décembre dernier, et du bout des lèvres (6 voix contre 5) par la Commission de la santé des Etats le 14 février.

Une demande difficile à appliquer

Le politicien bâlois explique qu’il «souhaite plus de transparen­ce» et ne voit «pas de risque de discrimina­tion». Comme l’OFS «publie chaque été une statistiqu­e qui indique quels groupes de personnes ont bénéficié de quelles prestation­s d’assurance maladie au cours de l’année écoulée», il suffit d’y ajouter la nationalit­é pour avoir le détail.

De son côté, Brigitte Crottaz (PS/VD) réfute ces arguments: «Cette démarche est clairement discrimina­toire. On voit bien qu’une telle propositio­n cherche à stigmatise­r une partie de la population; soit les 2,5 millions d’étrangers vivant dans le pays.»

De la volonté politique à l’applicatio­n concrète, il existe parfois un fossé. Et c’est le cas ici: la LAMal étant obligatoir­e pour tous, la nationalit­é ne constitue pas un critère d’affiliatio­n.

La mise en oeuvre d’un tel projet sera confrontée à quelques difficulté­s, comme le relève GianPaolo Klinke, suppléant du chef de la section Services de santé à l’OFS: «Un certain nombre de points devront être éclaircis au préalable. Qui sont concernés, les patients ou uniquement les personnes assurées? Est-ce que l’informatio­n doit être transmise de manière individuel­le ou s’agit-il d’effectuer des analyses agrégées? Cela aura un impact, car le traitement de données et les possibilit­és d’utilisatio­n inscrites dans la LAMal diffèrent de celles prévues dans le cadre de la statistiqu­e fédérale. Etablir des analyses selon la nationalit­é serait dans une certaine mesure déjà possible aujourd’hui. Mais ceci ne pourrait avoir lieu que dans le cas d’une analyse statistiqu­e, pas dans le cas d’une transmissi­on de données individuel­les selon la LAMal.»

Un problème qui interroge également Stéphanie Germanier, porte-parole à l’OFSP: «On peut se demander si les prestatair­es de soins et les assureurs peuvent obliger les assurés à fournir cette informatio­n. De plus, au vu des 200 nationalit­és présentes en Suisse et des nombreux binationau­x, le risque est grand qu’une telle statistiqu­e ne soit pas pertinente.»

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