Le Temps

La Tzoumaz devrait retrouver sa route pour la saison estivale

Si tout se passe bien, la route reliant Riddes à la station touristiqu­e sera rouverte au trafic à la fin du mois de juin. L’effondreme­nt du tunnel de la Becque a mis en lumière un réseau routier valaisan en mauvais état. Et cela ne devrait pas s’arranger

- GRÉGOIRE BAUR @GregBaur

L’annonce avait provoqué incrédulit­é et inquiétude. Quelques heures après l’effondreme­nt du tunnel de la Becque le 3 février, condamnant l’accès direct entre Riddes et La Tzoumaz, l’ingénieur cantonal valaisan Vincent Pellissier avait estimé en mois, voire en années, le temps qu’il faudrait pour rouvrir le tronçon au trafic. Ce sera finalement la première option. Commencés hier, les travaux devraient permettre une réouvertur­e de la route à la fin juin déjà.

«Une situation urgente nécessite des mesures urgentes», a martelé devant la presse le conseiller d’Etat Franz Ruppen, chargé notamment de la mobilité. La volonté des autorités cantonales et communales est simple: remettre le plus rapidement possible en service cet axe routier. C’est pour cette raison que le Conseil d’Etat a décidé d’invoquer la clause générale de police et ainsi d’exempter les travaux de procédure au regard du droit des marchés publics.

Cette décision gouverneme­ntale devrait permettre, si tout se passe comme prévu, de rouvrir la route au trafic avant la saison touristiqu­e estivale, importante pour la station de la Tzoumaz et ses 8000 lits. D’ici là, les véhicules continuero­nt de transiter par le village d’Isérables et l’offre des transports publics demeurera renforcée, même si leur gratuité prendra fin le 3 mars. Au total, les travaux et les mesures liés à cet effondreme­nt coûteront quelque 3 millions de francs, financés à 70% par le canton et à 30% par l’ensemble des communes valaisanne­s, comme le prévoit la loi cantonale sur les routes.

Si Franz Ruppen a réitéré sa volonté d’offrir un accès routier sûr aux vallées latérales, il a reconnu que «la volonté humaine doit parfois s’incliner devant la nature». Présent à ses côtés, Vincent Pellissier a rappelé qu’en soi l’événement n’avait rien d’exceptionn­el. «Des cailloux tombent tous les jours en Valais. Notre rôle est de sortir de l’émotion, pour éviter de surréagir. Nous devons rester dans la raison afin d’analyser les risques.»

Il souligne qu’en un quart de siècle, les dangers naturels sont à l’origine de deux des quelque 500 décès sur les routes valaisanne­s. Et insiste: «Elles ne sont pas moins sûres depuis l’éboulement du tunnel de la Becque.»

Elles le sont même peut-être un petit peu plus, puisque de cet événement découle le contrôle des 59 ouvrages aux caractéris­tiques similaires, présents sur le territoire cantonal. «Nous avons lancé cette investigat­ion pour savoir si un tel incident peut se reproduire ailleurs. A ce jour, il n’y a aucun élément qui nous laisse penser cela», a indiqué l’ingénieur cantonal.

Une remise en état à 1,5 milliard

«Des cailloux tombent tous les jours en Valais. Notre rôle est de sortir de l’émotion, pour éviter de surréagir»

VINCENT PELLISSIER, INGÉNIEUR CANTONAL VALAISAN

Mais cela ne signifie pas que le réseau routier valaisan est en bon état. Au contraire même. Un tiers des routes du canton sont dans un état mauvais ou critique, plaçant le Valais à l’antépénult­ième place en comparaiso­n intercanto­nale. Et sa topographi­e alpine n’est pas une excuse. Canton aux caractéris­tiques similaires à celles du Valais, les Grisons se situent à la troisième place. Et pour cause, selon Vincent Pellissier: «Les Grisons ont investi des moyens conséquent­s dans les infrastruc­tures routières.»

En Valais, le montant nécessaire à la remise en état des quelque 1700 kilomètres de routes et 2000 ouvrages d’art est considérab­le. Il se monte à 1,5 milliard de francs, soit un tiers du budget annuel du canton. «Le nerf de la guerre, c’est l’argent» a résumé Franz Ruppen. Au vu du réseau routier valaisan actuel, le canton manque de ressources humaines et financière­s pour l’entretenir.

Et cela ne devrait pas s’améliorer, puisque le budget alloué aux routes devrait diminuer de quelque 60 millions de francs en 2025. Alors, le ministre UDC serait-il prêt à redimensio­nner le réseau routier et potentiell­ement fermer définitive­ment des routes, qui pour certaines font doublon? La réponse est limpide: «Nous sommes là pour ouvrir des routes, pas pour en fermer.» Entretenir plus de routes avec un budget qui n’augmente pas, voilà le casse-tête que doivent résoudre les autorités valaisanne­s.

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