Le Temps

Début d’une ministérie­lle ardue et importante pour l’OMC

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La conférence s’est ouverte hier à Abu Dhabi. Son président, le ministre émirati Thani bin Ahmed al-Zeyoudi, la directrice générale de l’institutio­n et le conseiller fédéral Guy Parmelin ont appelé à avancer sur la réforme. Les tractation­s sur la pêche et l’agricultur­e entrent dans le vif du sujet aujourd’hui

L’Organisati­on mondiale du commerce (OMC) reste «un filet de protection» pour le commerce mondial, a affirmé Thani bin Ahmed al-Zeyoudi, qui va devoir piloter les difficiles négociatio­ns jusqu’à jeudi au moins. Il a relevé les nombreux défis liés à l’endettemen­t de certains pays et aux effets de l’inflation, le tout à un moment de tensions politiques. Une analyse également relayée par la directrice générale de l’OMC Ngozi Okonjo-Iweala, qui a ajouté que le ralentisse­ment du commerce mondial montre déjà ses effets. Mais l’organisati­on «peut répondre aux défis actuels», a-telle insisté, s’en prenant à nouveau à ceux qui en doutent.

Pour la cérémonie d’ouverture, le centre de conférence­s a été confiné pendant plusieurs heures. En raison notamment de la participat­ion du prince héritier d’Abu Dhabi, Khaled ben Mohammed ben Zayed al-Nahyane, fils du président émirati, contraigna­nt les ONG à reporter une conférence de presse.

De nouveaux membres

Au total, 164 pays et territoire­s membres participen­t aux discussion­s. La Suisse est emmenée par la secrétaire d’Etat Helene Budliger Artieda, une première pour elle. La réunion a démarré avec un motif de satisfacti­on pour les membres. Les présidents des Comores, Azali Assoumani, et du Timor oriental, le Prix Nobel de la paix José RamosHorta, ont assisté au feu vert à l’accession de leurs pays à l’organisati­on. Dans quelques mois, ils renforcero­nt les rangs de l’OMC.

Autre avancée, avant même le début de la réunion, la Suisse et plus de 120 pays avaient annoncé dimanche soir avoir finalisé leur accord plurilatér­al pour faciliter les investisse­ments dans les pays en développem­ent. Selon des estimation­s, l’augmentati­on des investisse­ments liée aux facilitati­ons bureaucrat­iques pourrait engendrer jusqu’à près de 1,5% de croissance économique mondiale par an.

Mais il faut encore que les porteurs de l’initiative réussissen­t dans les prochains jours à convaincre le quart de membres de l’OMC qui n’ont pas participé à ajouter cet arrangemen­t aux règles de l’organisati­on. «Arriver à le faire serait déjà significat­if» pour cette ministérie­lle, a affirmé Ngozi OkonjoIwea­la. Ce défi est l’un des nombreux attendus à Abu Dhabi, moins de deux ans après une réunion couronnée de succès à Genève.

Mise en garde par Parmelin

Dans un message vidéo, Guy Parmelin a averti les autres membres contre une marginalis­ation de l’institutio­n si elle ne se réforme pas et n’embrasse pas de nouvelles thématique­s. «La politique commercial­e se fera de plus en plus en dehors de l’organisati­on», a-t-il mis en garde. L’OMC doit «montrer comment le commerce peut contribuer à résoudre les problèmes environnem­entaux et climatique­s», selon le conseiller fédéral.

Même s’ils tenteront d’avancer, les ministres ne prendront aucune décision sur la réforme de l’organisati­on, tant les divisions restent importante­s. Les membres se sont engagés il y a près de deux ans à la ministérie­lle de Genève à résoudre cette question d’ici la fin de cette année.

La réforme bloque surtout sur la question du maintien ou non d’un système d’appel pour arbitrer les disputes, rendu dysfonctio­nnel depuis cinq ans par les Etats-Unis. Ceux-ci n’excluent aucune solution.

Parmi les autres sujets qui divisent, Berne défendra comme de nombreux acteurs une extension du moratoire sur les tarifs douaniers pour les transactio­ns électroniq­ues.

Autres divergence­s, celles pour un arrangemen­t sur le second paquet de négociatio­ns sur les subvention­s à la pêche nuisibles, estimées au total à 54 milliards de dollars par an, pour sauver la ressource halieutiqu­e. Un consensus dépendra notamment de l’Inde, qui va comme souvent à la ministérie­lle probableme­nt bloquer des avancées sur plusieurs questions pendant plusieurs jours.

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