L’art de vouloir réinventer la roue dans la politique suisse!
Il est crucial de ne pas opposer systématiquement les anciennes pratiques aux nouvelles idées
Dans une opinion parue récemment dans ces colonnes (LT du 07.02.2024), nous apprenons qu’il serait bien de rénover notre système politique. Mais n’est-ce pas là de la pure démagogie qui ne prend aucunement en compte tous les bienfaits de notre système actuel?
La Suisse, connue pour sa stabilité politique et sa tradition de démocratie directe que la plupart des pays nous envient, incarne depuis des décennies des valeurs d’inclusivité et d’intégration au sein de ses institutions politiques, fondées sur un système de milice.
Bien que le copinage et les faveurs puissent exister dans tous les systèmes politiques, qu’ils soient de milice ou professionnels, la Suisse a mis en place des mécanismes de contrôle et de surveillance pour prévenir les abus et assurer la responsabilité des élus. Des organes tels que les commissions de surveillance et les organes de contrôle veillent à ce que les décisions prises par les exécutifs municipaux soient fondées sur l’intérêt public et non sur des intérêts privés.
Hormis le fait que l’auteur part du postulat erroné que la gouvernance à l’ancienne est opposée à l’innovation, il est important de souligner que cette dernière peut également être perçue comme une source précieuse d’expérience accumulée au fil des mandats. Leur connaissance approfondie des enjeux locaux, acquise au fil des années, peut servir de précieux guide pour les «cadres professionnels émergents formés dans nos hautes écoles» qui seraient élus. Plutôt que de voir cette coexistence comme un conflit entre les anciennes pratiques et les nouvelles idées, il est essentiel de valoriser la diversité des perspectives et de favoriser une collaboration constructive entre les différentes générations d’élus.
Cette coexistence offre une occasion unique de combiner l’expérience et la stabilité des anciens avec la créativité et l’énergie des plus jeunes. En collaborant et en apprenant ensemble, ces générations peuvent s’enrichir mutuellement et élaborer des solutions novatrices aux défis complexes auxquels nos villes sont confrontées. Il suffit d’une volonté commune de vouloir collaborer.
Il est donc crucial de ne pas opposer systématiquement les anciennes pratiques aux nouvelles idées, mais plutôt de reconnaître la complémentarité de ces approches et de favoriser un dialogue constructif entre les différentes générations d’élus. En tirant parti de la richesse de cette diversité, nous pouvons bâtir des communautés encore plus résilientes, inclusives et prospères pour les générations à venir. Penser le contraire ne serait penser qu’à soi!
Il est donc nécessaire de remettre en question les affirmations simplistes de M. Ihsan Kurt dans ces colonnes, selon lesquelles le pouvoir est exclusivement entre les mains d’une élite libérale et bourgeoise en Suisse. Cette vision réductrice ignore la diversité des origines sociales des élus et ne tient pas compte des nombreux représentants politiques issus de milieux plus modestes.
Soulignons d’ailleurs que l’auteur luimême bénéficie aujourd’hui du système qu’il critique, montrant ainsi un certain manque de cohérence dans ses propos. A travers son discours, M. Ihsan Kurt n’apporte aucune solution concrète et fait fi des aspects positifs des exécutifs expérimentés et formés, et ce, sans même avoir complété une première législature.
Dès lors, plutôt que de céder à des généralisations infondées, il est essentiel de reconnaître la variété des profils des élus et leur contribution à la vie politique suisse, sans se laisser entraîner par des discours stériles et démagogiques d’élus à l’exécutif qui ne pensent qu’à abattre les «shérifs de village» et oublient de se concentrer sur les réelles préoccupations de nos concitoyens.
■