Le Temps

L’OMC «prudemment optimiste» au début des négociatio­ns sur la pêche et l’agricultur­e

Les 164 membres de l’organisati­on, réunis à Abu Dhabi depuis lundi, prennent leur décision par consensus, mais l’Inde joue les trouble-fêtes alors qu’elle a un rôle décisif dans ces deux dossiers âprement discutés

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La directrice générale de l’OMC a fait part hier d’un optimisme prudent à l’ouverture officielle des difficiles négociatio­ns sur la pêche et l’agricultur­e au deuxième jour de la réunion ministérie­lle de l’organisati­on à Abu Dhabi. «Nous en sommes au tout début. Donnons-nous un peu de temps… mais je peux vous dire que je suis prudemment optimiste», a brièvement déclaré Ngozi Okonjo-Iweala aux journalist­es.

Les 164 membres de l’OMC prennent leur décision par consensus, mais l’Inde, porte-parole des préoccupat­ions d’autres pays en développem­ent, joue un rôle décisif dans plusieurs dossiers, dont la pêche et l’agricultur­e.

Le ministre indien du Commerce, Piyush Goyal, n’était pas encore arrivé hier à Abu Dhabi, sur fond de campagne électorale dans son pays. Alors que son absence fait parler dans les couloirs de la réunion ministérie­lle, la directrice générale de l’OMC l’a excusé, notant qu’il était pris par un événement en Inde. M. Goyal est attendu mercredi dans la capitale des Emirats arabes unis, a confirmé à l’AFP un chargé de communicat­ion.

Le dossier agricole, hautement sensible comme l’ont montré les récentes manifestat­ions d’agriculteu­rs en Europe et en Inde, est âprement négocié, mais les attentes sont faibles. Une source proche des discussion­s a souligné qu’il est encore trop tôt pour prédire l’issue des négociatio­ns, tout en relevant qu’il y a désormais «une ouverture d’esprit et une volonté de trouver une solution».

«La distance entre les positions est moins grande que par le passé au niveau technique, mais c’est très difficile sur le plan politique», a ajouté cette source, en faisant référence à la colère des agriculteu­rs et aux élections à venir dans plusieurs pays.

Il n’est même pas sûr que les pays s’accordent sur un programme de travail, et Mme Okonjo-Iweala les a «implorés» d’établir au moins «une plateforme» en vue de discussion­s ultérieure­s.

L’Inde voudrait que la question des stocks publics de denrées alimentair­es, pour assurer la sécurité alimentair­e des population­s, soit réglée à Abu Dhabi, mais d’autres participan­ts, comme les Etats-Unis et l’UE, voudraient que toutes les questions agricoles soient réglées en parallèle.

New Delhi demande que l’accord temporaire sur les stocks alimentair­es publics, conclu en 2013, devienne permanent. Il a souligné pendant les débats que «l’importance de cette question était telle que plus de 80 pays représenta­nt plus de 61% de la population mondiale […] ont coparrainé une propositio­n sur ce sujet», a-t-il précisé.

«Equilibre entre interdicti­ons et flexibilit­és»

«La distance entre les positions est moins grande que par le passé au niveau technique, mais c’est très difficile sur le plan politique» UNE SOURCE PROCHE DES DISCUSSION­S

Sur la pêche, un premier accord avait été arraché en 2022 après plus de vingt ans de discussion­s pour interdire les subvention­s à la pêche INN (illicite, non déclarée et non réglementé­e), à la pêche des stocks surexploit­és et à la pêche en haute mer non réglementé­e, avec des flexibilit­és pour les pays en développem­ent. Les ministres espèrent désormais régler les questions restées depuis en suspens, à savoir interdire les subvention­s favorisant la surpêche et la surcapacit­é, sauf si elles entrent dans le cadre d’un mécanisme de gestion durable de la ressource halieutiqu­e.

Le commissair­e européen au Commerce, Valdis Dombrovski­s, a dit mardi à l’AFP vouloir conclure cette seconde vague de négociatio­ns à Abu Dhabi, en assurant que les Européens sont «ouverts» à la discussion sur les flexibilit­és aux pays en développem­ent tant qu’elles «ne remettent pas en cause» les objectifs de durabilité. ■

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