Le Grand Théâtre de Genève en grève jeudi
Le personnel de l’institution – en partie employé par la ville de Genève – proteste contre son transfert à la Fondation du Grand Théâtre
XY aura-t-il une représentation de l’opéra de Mozart Idoménée jeudi au Grand Théâtre? Un communiqué des employés de l’institution diffusé ce mardi permet d’en douter sérieusement, alors que la soirée affiche complet. Dans une prise de position, la Commission des personnels annonce que les quelque 200 collaborateurs seront en grève jeudi pour protester contre les modalités du transfert de leur contrat de la ville de Genève à la Fondation du Grand Théâtre. Transfert qui vise, pour l’institution, à harmoniser les statuts de tous les employés.
«Le transfert du personnel de la ville de Genève à la Fondation du Grand Théâtre de Genève (FGTG) avec des contrats de droit public régis par des statuts encore à négocier ne garantit, à ce stade, ni les conditions de travail, ni le maintien du niveau des rentes de retraite, ni la pérennité du nombre de postes de travail à court terme», écrit la Commission des personnels de l’institution. Elle confesse ne pas avoir connaissance du contenu du nouveau statut du personnel de la FGTG, en cours d’élaboration, mais pointe du doigt dans son communiqué les «conditions bien inférieures» auxquelles est déjà soumis le personnel engagé par la FGTG par rapport aux employés de la ville.
Refonte du financement
Cette grève, décidée lors d’une assemblée générale du personnel, intervient en pleine refonte du financement de la politique culturelle sur le territoire cantonal. Jusqu’ici porté principalement – voire exclusivement – par les deniers de la ville de Genève, le Grand Théâtre devrait entrer, au moins pour une moitié de son financement, dans les lignes budgétaires du Département de la cohésion sociale et son antenne culturelle, sous la houlette du conseiller d’Etat Thierry Apothéloz.
Contactée, la Fondation du Grand Théâtre espère pouvoir calmer les choses et inciter au dialogue, mais fait part dans le même temps de son embarras et annonce avoir appris la nouvelle par voie de presse. «Nous sommes empruntés car cette décision ne vise pas directement le Grand Théâtre ou sa fondation en tant que tels, explique son président, Xavier Oberson, mais plutôt le dialogue entre la ville et le canton sur le statut du personnel. Une grève lors d’une représentation sold out serait terriblement néfaste pour l’image et les finances du Grand Théâtre.»
S’appuyant sur la nouvelle loi pour la culture tout juste entrée en vigueur – laquelle vise entre autres à garantir une juste rémunération des acteurs culturels –, les grévistes estiment que le transfert des employés à la FGTG sans prétériter les conditions de travail du personnel municipal «ne sera pas possible sans une augmentation de l’enveloppe budgétaire totale. Or à ce jour, il n’y a aucune garantie d’un apport de fonds supplémentaire grâce à l’entrée du canton dans le financement». ■