L’Ukraine et l’Europe
Le Sénat américain tergiverse en se dirigeant peut-être vers un arrêt de l’aide à l’Ukraine. Ceci souligne la fragilité du rôle protecteur des Etats-Unis, jugé si important par des pays comme la Pologne ou les Etats baltes.
Face à cette situation, l’Europe doit se préparer à ne plus être sous protectorat américain et investir dans une défense européenne. Le temps presse. Pour ce faire, a été évoqué le principe de lancer un emprunt. Je précise que cet emprunt pourrait être émis, soit par la Commission européenne – eurobonds – , soit par un groupe de pays, probablement la France, l’Allemagne, les Pays-Bas et les pays nordiques; la GrandeBretagne devrait aussi en faire partie. Les fonds levés seraient utilisés pour amplifier la production de l’industrie européenne de défense, à destination de l’Ukraine et des pays européens. Ces derniers achèteraient alors beaucoup plus en Europe qu’aux Etats Unis. Une alternative serait de lever un «impôt citoyen», comme celui qu’ont payé les Allemands de l’Ouest pendant trente ans après la réunification. Les Français seraient sans doute peu enthousiastes pour une telle solution!
L’Ukraine paie le très lourd tribut du sang pour survivre, mais aussi pour défendre les valeurs européennes: liberté, respect de la vie et refus de la peine de mort, Etat de droit et séparation des pouvoirs, ainsi qu’une préférence têtue pour la négociation plutôt que l’affrontement.
Ceci nous amène aux très importantes élections européennes du 9 juin 2024.
Il est crucial que les électeurs de l’UE votent et choisissent la liste qui défendra le mieux ces valeurs européennes, en continuant sagement à construire une Europe-puissance qui, face à la Chine, à Inde et à l’Amérique du Nord, aura la taille pour exister seule dans un monde brutal. L’Europe a tous les atouts pour brillamment réussir, si elle le veut… Mais si l’Ukraine est défaite, l’avenir de l’Europe, Suisse comprise, s’assombrira tragiquement. ▅