«Avec Payerne, la Suisse romande fait sa part pour la défense nationale»
L’arrivée des F-35A promet une hausse des nuisances sur la base broyarde. Déçu par les réponses du Conseil fédéral, le conseiller aux Etats PLR Pascal Broulis interviendra lundi à Berne pour que la région reçoive des compensations, notamment en termes de
Les manoeuvres politiques entourant l’arrivée des F-35A sur l’aérodrome militaire de Payerne ne faiblissent décidément pas. Craignant que la base broyarde ne gagne davantage de nuisances sonores que de retombées positives, notamment en termes d’emplois, avec l’introduction du nouvel avion de chasse, autorités vaudoises et fribourgeoises multiplient en effet les actions depuis plusieurs mois. Lors de la prochaine en date, le lundi 4 mars, c’est le conseiller aux Etats PLR Pascal Broulis qui montera à la tribune afin de défendre le site vaudois, maintenant ainsi la pression sur le Département fédéral de la défense, de la protection de la population et des sports (DDPS).
Dans les faits, fraîchement élu sous la Coupole fédérale, Pascal Broulis avait déposé son interpellation le 12 décembre dernier, soit quelques jours après la publication d’un communiqué de presse de l’armée. Le texte avait provoqué un choc au sein des communes riveraines des installations payernoises. «On y apprend que les nuisances sonores augmenteront encore à Payerne, qui concentre déjà la grande majorité des mouvements des jets de l’armée», constate l’ancien président du Conseil d’Etat vaudois. Une évolution d’autant plus préoccupante à ses yeux que rien dans la communication de la Confédération ne laisse envisager un rééquilibrage, entre nuisances et gains, pourtant demandé de longue date par les autorités cantonales et régionales.
Ce dossier est un véritable serpent de mer. Pour rappel, depuis la fin de l’exploitation
«Il est important de coordonner toutes ces actions, car ce dossier va rester encore un certain temps sous le feu» OLIVIER PICCARD, PRÉFET DU DISTRICT DE LA BROYE-VULLY
militaire de l’aérodrome de Sion, Payerne demeure l’unique site des Forces aériennes en Suisse romande. Celui-ci s’est même imposé comme le principal du pays devant Emmen (LU) et Meiringen (BE). Mais alors que la base vaudoise compte nettement plus de mouvements qu’Emmen (8391 contre 3616, en moyenne annuelle, selon les chiffres de 2020), elle concentre moitié moins de postes de travail, soit 648 ETP contre 1190, en additionnant ceux de la société Ruag et du DDPS. Dans la Broye, on a longtemps espéré que l’achat des nouveaux avions américains permettrait d’enclencher une dynamique de rééquilibrage. Pour l’heure, ces espoirs ont été largement refroidis. «Avec Payerne, la Suisse romande démontre qu’elle fait largement sa part pour la défense nationale, elle doit aussi en recevoir les fruits», plaide Pascal Broulis. Dans sa réponse à l’interpellation, datée du 14 février, le Conseil fédéral estime au contraire que «le rapport entre l’utilisation intensive d’une part et les investissements et les emplois d’autre part est équilibré à Payerne». Le gouvernement rappelle que l’acquisition des F-35A permettra «de garantir plusieurs centaines de postes de travail hautement qualifiés» à Payerne. Il précise enfin que le centre d’instruction, intégrant les simulateurs, sera construit dans la Broye.
Budgets militaires à la hausse
Concernant la répartition des affaires compensatoires entre régions, le Conseil fédéral ne se prononce pas, renvoyant à 2034, c’est-à-dire au délai fixé à l’avionneur américain Lockheed Martin pour remplir ses obligations de compensation. Un argument qui fait bondir Pascal Broulis. «Au vu de la longueur des procédures, il est nécessaire de mener les réflexions aujourd’hui. On ne peut pas attendre dix ans», souligne encore le sénateur vaudois.
Il estime aussi que la période est propice pour positionner le site payernois en vue de futurs investissements. «Nous visons une période agitée avec un retour d’une guerre en Europe, avec des budgets militaires revus à la hausse pour ces prochaines années», observe celui qui est aussi membre de la Commission de la politique de sécurité du Conseil des Etats. Il évoque encore les changements actuels à la tête de Ruag, qui pourraient amener à des modifications de stratégie.
Le 8 mars, Pascal Broulis participera à une séance de la commission politique de la Coreb (Communauté régionale de la Broye), où la question de l’aérodrome de Payerne sera sur la table. Seront également présentes les conseillères d’Etat Christelle Luisier et Sylvie Bonvin-Sansonnens, pour Vaud et Fribourg.
«Il est important de coordonner toutes ces actions menées à différents niveaux institutionnels, car ce dossier va rester encore un certain temps sous le feu», note de son côté Olivier Piccard, préfet du district de la Broye-Vully et vice-président de la Coreb.
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