La vice-présidence du PLR fait peau neuve
Les deux parlementaires romands, Philippe Nantermod et Johanna Gapany, seront remplacés au mois de juin. Le président du parti, Thierry Burkart, souhaite, lui, rempiler malgré les mauvais résultats électoraux
Il est sorti des élections fédérales de l’automne en faisant grise mine, mais il ne jette pas l’éponge pour autant. A 48 ans, Thierry Burkart compte bien se représenter à la présidence du Parti libéral-radical, a annoncé sa formation hier, et tenir le gouvernail en vue de l’échéance de 2027. Cela n’aura rien d’une sinécure. Le parti a enregistré des pertes dans les deux Chambres parlementaires, et voit son second siège au Conseil fédéral toujours plus convoité par ses concurrents, que ce soit Les Vert·e·s ou Le Centre.
Le sénateur argovien devra cependant recomposer une partie de son équipe présidentielle. Car les deux vice-présidents romands, Johanna Gapany (FR) et Philippe Nantermod (VS), ont eux choisi de passer la main. Les raisons ne seraient pas à chercher dans leur entente avec Thierry Burkart, que tous deux qualifient de bonne.
Si la décision du conseiller national, en poste depuis huit ans, répond à une certaine logique, celle de la sénatrice fribourgeoise peut surprendre, dans la mesure où elle n’a accompli «que» trois ans. Certains politiques considèrent qu’elle s’est impliquée de façon limitée dans sa fonction, et a parfois évité de s’exposer. Un avis qu’elle ne partage pas. «Cela fait bientôt vingt ans que je fais de la politique au PLR. Durant toutes ces années, j’ai servi le parti en assumant des fonctions au sein des comités au niveau cantonal ou fédéral. Les critiques font partie du jeu, et elles me laissent surtout penser qu’il y aura donc des repreneurs pour la fonction.»
En effet, qui pour prendre la succession des deux vice-présidents romands? Un groupe de travail doit se charger de dénicher des candidats, en vue de les présenter à l’assemblée des délégués du mois de juin. Quelques noms commencent à tourner. La conseillère nationale Simone de Montmollin (GE) possède un profil idéal, et peut faire valoir une certaine expérience sous la Coupole, où elle siège depuis 2019.
D’autres personnalités pourraient aussi convenir, remarque un libéral-radical, à l’instar des nouveaux arrivés au Conseil national, Cyril Aellen (GE) ou Nadine Gobet (FR), par exemple. A moins qu’un élément chevronné, du type Olivier Feller, Laurent Wehrli ou Jacqueline de Quattro – tous Vaudois – ne tente le coup. Pas sûr néanmoins que la vice-présidence du parti corresponde à leurs aspirations du moment.
La fonction procure en général un gain en visibilité et en influence, ce qui peut être profitable à un certain stade de son parcours. «Assumer la vice-présidence du parti a été une excellente expérience et une opportunité qui m’a permis de consolider ma place à Berne à mon arrivée», salue Johanna Gapany, 35 ans. «Je souhaiterais désormais me concentrer sur des enjeux liés au canton de Fribourg dont je représente les intérêts, et m’investir en priorité pour le pouvoir d’achat, l’agriculture et l’équilibre des finances fédérales.»
Des réflexions tournées vers l’avenir pour Nantermod
De son côté, à bientôt 40 ans, Philippe Nantermod se voit à la fin d’un cycle. «Après huit ans, il est temps de changer de têtes. Je ne peux de toute manière pas me représenter aux élections au Conseil national en 2027, en raison de la limitation des mandats, et il est important d’avoir des vice-présidents qui sont candidats.» Le Valaisan n’exclut pas d’arrêter la politique à la fin de la législature, ou de faire une pause. «C’est trop tôt pour le dire. Mais la politique n’est pas tout dans la vie. J’adore mon métier d’avocat et aimerais passer plus de temps avec ma famille.»
Le PLR est donc en pleine période de renouvellement. Outre ses deux vice-présidents francophones, il annonce aussi le départ de son secrétaire général Jon Fanzun, après un peu plus de deux ans seulement. La mayonnaise n’aurait pas bien pris avec Thierry Burkart, entend-on. Pour le remplacer, le parti a recruté une figure connue des médias alémaniques, le journaliste Jonas Projer, 42 ans. Longtemps présentateur de l’émission phare de débat politique de la SRF Arena, il a ensuite effectué un passage assez bref à la rédaction en chef de la NZZ am Sonntag. Avant de passer «de l’autre côté de la barrière».
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