Le Temps

MSC livre 20% des conteneurs dans le monde

La firme basée à Genève multiplie les acquisitio­ns et accroît son assise sur un marché du fret maritime en phase de consolidat­ion. Un autre cap symbolique, celui des 800 bateaux, a été franchi

- RICHARD ÉTIENNE @rietienne

Dans sa formidable marche en avant, MSC a passé un nouveau cap en février. Le groupe genevois détient désormais un cinquième du marché du transport mondial de conteneurs, indique le cabinet Alphaliner cette semaine. L’armateur, fondé par le capitaine Gianluigi Aponte dans les années 1970, avait passé la barre des 15% en 2019 et celle des 10% une dizaine d’années plus tôt, selon ce même cabinet. MSC est devenu le principal armateur au monde en janvier 2022, quand il a dépassé le groupe danois Maersk.

Emplettes tous azimuts

Ses emplettes continuent. Cette semaine, MSC a reçu le feu vert de la Commission européenne pour acquérir la moitié des parts d’Italo, une compagnie ferroviair­e en Italie. En février, le Sénat de Hambourg a approuvé l’entrée de l’armateur dans le capital du port de la ville (avec 49,9% des parts), l’un des plus grands d’Europe. Gianluigi Aponte a aussi annoncé en février l’acquisitio­n d’une usine de wagons à Trieste.

En janvier, MSC Air Cargo, une division du groupe dans le fret aérien, créée en 2022, a reçu un nouvel avion et la presse espagnole a indiqué que MSC serait en voie d’acquérir une partie du plus grand terminal du port de Barcelone. Le groupe a acheté deux ferries italiens faisant de sa filiale Moby (reprise en 2023), le leader du secteur en Europe. En décembre, des rachats ont été recensés dans des terminaux en Inde, en Angola, et MSC a entamé des négociatio­ns pour reprendre Clasquin, un important transitair­e français. En 2022, la firme suisse a repris les activités logistique­s en Afrique du groupe Bolloré,

pour 5,7 milliards d’euros, faisant de MSC un poids lourd dans le continent.

Pendant ce temps, MSC continue d’acheter des bateaux – sa flotte en exploite depuis peu plus de 800 – et elle en a encore commandé beaucoup d’autres, plus que ses concurrent­s.

Contacté, le groupe ne souhaite pas détailler sa stratégie mais il ne cache pas que sa structure privée lui permet d’investir à long terme dans un monde où, selon sa direction, les échanges vont continuer de croître. Sa taille lui permet de réaliser des économies d’échelle et d’accroître son importance dans une approche classique de leader.

Le marché se consolide, d’ailleurs. Les dix principaux armateurs contrôlent près de 90% des capacités de tonnages par conteneur en mer, selon Alphaliner, alors qu’il y a 25 ans, les 20 premières compagnies n’en détenaient pas plus de la moitié.

Le groupe français CMA CGM, troisième transporte­ur maritime mondial, a d’ailleurs annoncé jeudi avoir procédé à son acquisitio­n la plus importante de son histoire démarrée en 1978: l’absorption, pour 4,85 milliards d’euros, de Bolloré Logistics. Ce dernier groupe se spécialise dans l’entreposag­e et le transport de conteneur, notamment en France, dans le commerce transatlan­tique et sur les routes reliant l’Asie à l’Europe

Le fret maritime a connu des années fastes durant la pandémie, quand la demande mondiale des gens confinés a fait exploser les prix des transports en mer, qui étaient auparavant particuliè­rement bas. Dans la foulée, les principaux armateurs ont engrangé des bénéfices record en 2022. En 2023, les tarifs ont à nouveau chuté, et retrouvant leur niveau d’avant-covid, et les bénéfices du secteur se sont tassés. Les attaques des rebelles houthis (qui ont notamment touché des bateaux de MSC) ont fait à nouveau un peu monter les prix. Selon l’ONU, l’écrasante majorité du commerce mondial transite par la mer.

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