Les employés de Micarna Ecublens en grève
A la suite de l’annonce de fermeture du site vaudois prévue pour 2025, les collaborateurs de la filiale de Migros active dans la viande ont entamé un débrayage hier
Les employés de Micarna Ecublens sont entrés en grève ce jeudi matin à 9h15, après une décision à l’unanimité en assemblée générale extraordinaire du personnel concernant l’équipe de jour. La restructuration annoncée par Migros le 2 février, qui prévoit la vente de plusieurs enseignes spécialisées du groupe, conduira à la suppression de 84 postes de travail à Ecublens d’ici au mois d’avril 2025 lorsque l’usine Micarna fermera ses portes.
Les salariés avaient dernièrement tenté à trois reprises d’entrer en discussion avec la direction de Micarna, qui a refusé toute négociation. Après un ultimatum lancé le 28 février après-midi, un quatrième refus le jeudi 29 février a poussé les salariés à entrer en grève.
«La situation est arrivée à un tel point que le patron de Micarna est venu sur place en sommant les employés de reprendre le travail à 10h45. Nous avons affaire à une entreprise qui est en infraction avec plusieurs lois et qui menacent les employés lorsque ceux-ci tentent de faire valoir leurs droits. Tout ce que nous demandons est de pouvoir discuter et négocier», explique Arnaud Bouverat, secrétaire régional d’Unia Vaud.
Le représentant syndical décrit une situation très tendue: «Les salariés sont déçus mais résolus.» Unia Vaud appuie sur sa représentativité, expliquant être mandaté par 80-90% des employés du site d’Ecublens. «En l’état il n’y a aucun dialogue, cela ne correspond pas du tout à la culture que l’on a dans le canton dans ce genre de cas.»
«En l’état il n’y a aucun dialogue, cela ne correspond pas du tout à la culture que l’on a dans le canton dans ce genre de cas» ARNAUD BOUVERAT, SECRÉTAIRE RÉGIONAL D’UNIA VAUD
Selon Unia Vaud, l’entreprise a décidé de fermer son site d’Ecublens et donc de licencier des collaborateurs sans avoir proposé de procédure de consultation préalable, ni fait d’annonce auprès du canton. Arnaud Bouverat dénonce le manque de respect de la direction dans son refus d’entrer en négociation: «Les projets de plans sociaux que l’entreprise a semble-t-il en tête ne correspondent pas du tout, et de très loin, aux besoins et aux attentes des salariés concernés.»
Selon Noé Pelet, responsable du secteur industrie chez Unia Vaud, Migros propose d’autres postes en remplacement de ceux perdus à la fermeture afin de contourner le cadre légal. «En dépit de tout bon sens», avec des emplois proposés dans d’autres cantons par exemple, posant des problèmes de logement ou de transport. «C’est assez sidérant, nous sommes vraiment face à une attitude sans gène», dit encore Arnaud Bouverat, qui décrit d’autres problèmes, notamment le cas d’un employé venu de Lyon, engagé il y a une semaine avec une promesse de CDI, qui s’est retrouvé avec un CDD avant d’apprendre cette semaine que son poste était supprimé.
«Unia n’est pas un partenaire social de Migros»
Carmen Hefti, porte-parole de Migros, précise qu’«Unia n’est pas un partenaire social de Migros et n’est donc pas pertinent pour nos négociations. Pour le cas d’Ecublens, nous avons négocié un plan social avec nos partenaires sociaux, qui sera appliqué. Migros favorise toujours le développement durable et des conditions de travail exemplaires dans les domaines où ses entreprises sont actives. Cela s’applique également dans le cas présent.»
Hier soir, une seconde assemblée devait avoir lieu afin de définir si l’équipe de nuit fera grève elle aussi, ce qui sera vraisemblablement le cas selon Nicole Vassalli, secrétaire syndicale du secteur industrie. La direction n’est pour l’instant pas entrée en matière.
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